Burundi/1972:Frédéric Bamvuginyumvira accuse le régime CNDD-FDD d'aller vite en besogne

« C'est vrai que les hutus et les tutsis se sont cycliquement tués au Burundi, mais ce serait une aberration de sauté sur la seule crise de 1972 et de dire qu'il s'agit d'un génocide planifié et perpétré par des tutsis contre des hutus », a-t-il déclaré. « En réalité, si responsabilité il y a, c'est d'abord et avant tout celle de l'Etat ; car c'est l'Etat qui a le devoir de protéger les citoyens », a ajouté le leader du FRODEBU depuis son exil belge.

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Burundi Daily
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21.6.2021
Categorie:
Justice

Alors que le régime CNDD-FDD et la CVR, son adjuvent, ont déjà qualifié de « génocide anti-hutus », les massacres interethniques de 1972, l'ancien vice-président burundais, Frédéric Bamvuginyumvira (une des fines fleurs de l'intelligentsia hutue), alerte l'opinion sur l'empressement des hutus qui tiennent la mannette du régime burundais à l'auto victimisation.

« C'est vrai que les hutus et les tutsis se sont cycliquement tués au Burundi, mais ce serait une aberration de sauté sur la seule crise de 1972 et de dire qu'il s'agit d'un génocide planifié et perpétré par des tutsis contre des hutus », a-t-il déclaré.

« En réalité, si responsabilité il y a, c'est d'abord et avant tout celle de l'Etat ; car c'est l'Etat qui a le devoir de protéger les citoyens », a ajouté le leader du FRODEBU depuis son exil belge.

S'agissant précisément de 1972, poursuit-il, « c'est clair qu'il nous faudra passer d'abord par le travail de la Commission d'enquête judiciaire internationale qui n'a pas encore vu le jour. Elle pourra s'appuyer sur les rapports déjà produits, notamment celui de 1996».

Or, la commission onusienne est sans équivoque dans son rapport (S/1996/8), notamment au paragraphe 483.

«  La Commission estime que les éléments de preuve dont elle dispose suffisent à établir que des actes de génocide ont été perpétrés au Burundi contre la minorité tutsie le 21 octobre 1993 et les jours suivants à l'instigation et avec la participation de certains militants et responsables hutus du FRODEBU, y compris au niveau des communes ».

Tout en reconnaissant le génocide contre les tutsis, la Commission a aussi fustigé au paragraphe 486,  l'inaction des corps de défense et de sécurité.

« La Commission estime qu'il est établi que des éléments de l'armée et de la gendarmerie burundaise et des civils tutsis ont perpétré un massacre aveugle d'hommes, de femmes et d'enfants hutus.... Si l'on n'a pas rapporté la preuve que la répression avait été planifiée ou ordonnée par les autorités centrales, il est constant que les autorités militaires à tous les échelons de la hiérarchie n'ont fait aucun effort pour prévenir, arrêter, réprimer de tels actes ou ouvrir une enquête sur ce sujet. La Commission considère que pour n'avoir pas agi, les autorités militaires en question voient leur responsabilité engagée vis-à-vis de ces actes ».

 

Mise en place en date du 28 août 1995, cette commission d'enquête de l'ONU était chargée d'établir les faits concernant l'assassinat du Président du Burundi, le 21 octobre 1993, ainsi que les massacres qui ont suivi.

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