Filière café au Burundi : Plus de 41 millions de dollars volatilisés, le chef de l'Etat menace de saisir la justice. Contre qui ? Question existentielle

Dans le domaine économique, c'est le chaos artistique. Tant et si bien que même le chef de l'Etat en a le tournis. Et pour preuve. Alors que c'est lui et lui seul le faiseur de rois, qu'il nomme ou dégomme qui il veut à la tête de telle ou telle autre entreprise, d'aucuns s'étonnent de ce qu'il daigne pleurnicher publiquement en se plaignant à longueur de journées de la vague de malversations et détournements du fric de l'Etat dont la caisse paie un lourd tribut.

Par
Burundi Daily
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6.5.2024
Categorie:
Economie

Le chef de l'Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, est de nouveau inconsolable. Il vient de découvrir un vide abyssal dans la filière café. Une bagatelle de plus de 41 millions de dollars malignement subtilisés dans la vente du café à l'international. Il a promis de saisir la justice pour châtier les inciviques. En clair, il attend le DG de l'ODCA, office du développement de la filière café au Burundi.

C'est en substance ce qu'il a déclaré la semaine dernière dans une méga-réunion consacrée à la filière café. C'est très triste et atypique. De voir un chef de l'Etat, magistrat suprême,  pleurnicher et avouer son incapacité à maitriser ses hommes et à châtier les auteurs de graves crimes économiques devenus légion au Burundi.

Selon Evariste Ndayishimiye, les acteurs de la filière café s'arrangent avec les acheteurs pour brader la production, quitte à empocher la différence.

Ainsi, alors que le Rwanda vend son café de spécialité à au moins $5,8/kg, l'Ouganda et la Tanzanie à au moins $7-$8 / kg, le prix de vente moyen du café de spécialité au Burundi était officiellement de  $3,6 /kg pendant la dernière campagne.

Le manque à gagner est colossal pour une production annuelle de 14.000 tonnes.

Mais c'est quasiment pareil dans tous les secteurs de la vie économique du pays. Le chaos organisé.  Toute une économie condamnée. Sacrifiée à l'échelle d'une gestion familiale/ethnique orchestrée par le CNDD-FDD.

Car dans le contexte actuel, appréhender la question de gabegie, concussion et autres détournements de fonds publics est comme un serpent qui se mord la queue. Un véritable cercle vicieux. Une suite de problèmes enchevêtrés dont on a du mal à fixer la cause.

Mais si. La cause réelle de cet embourbement intégral du Burundi n'est autre que la mauvaise gouvernance sui generis au système CNDD-FDD qui gère le pays depuis déjà deux décennies.

Dans le domaine économique, c'est le chaos artistique. Tant et si bien que même le chef de l'Etat en a le tournis.

Et pour preuve. Alors que c'est lui et lui seul le faiseur de rois, qu'il nomme ou dégomme qui il veut à la tête de telle ou telle autre entreprise, d'aucuns s'étonnent de ce qu'il daigne pleurnicher publiquement en se plaignant à longueur de journées de la vague de malversations et détournements du fric de l'Etat dont la caisse paie un lourd tribut.

Hier c'était le vrai-faux barrage de Mpanda dont le projet d'érection a coûté une bagatelle de 54 milliards de francs burundais. L'Etat a quand même cassé sa tirelire pour payer, sans le moindre barrage en contrepartie.

Résultat : les Burundais sont dans le noir et l'ancien ministre de l'énergie Côme Manirakiza qui a tout empoché en prenant soin de gratifier l'Etat d'un bâtiment à deux étages (une première au niveau planétaire) a été, en plus de la cagnotte destinée au barrage, gratifié d'un mandat de députation. Il siège gaillardement au parlement.

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