Exclusion des tutsis dans les postes de responsabilité: L’UE cautionnera-t-elle la fin des accords d’Arusha?

Spécifiquement, dans le domaine de la santé, dans toutes les provinces du pays, la quasi-totalité des chefs de services notamment les médecins provinciaux de la santé, les médecins chefs de districts sanitaires, les directeurs d'hôpitaux, titulaires des CDS, sont de la composante sociale Hutu et majoritairement membres du parti CNDD-FDD. «Pour un total de 673 cadres du secteur de la santé, 596 sont des Hutus; 77 des Tutsis». Selon ce rapport, même les hutus ne se valent pas au Burundi car ceux qui émettent du parti au pouvoir (CNDD-FDD) sont les seuls chouchous du régime.

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Burundi Daily
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13.2.2021
Categorie:
Gouvernance

Dans sa poursuite de la renormalisation des relations diplomatiques avec le régime dictatorial de Gitega, la communauté internationale en général et l'Union européenne en particulier ne semble ignorer et cautionner une politique discriminatoire érigée par ce régime émis du CNDD-FDD: une exclusion totale de la minorité tutsie à tous les postes de haute responsabilité dans tous les domaines de la vie du pays.

Une loi récemment instituée par le régime de Gitega exigé que les organisations internationales non gouvernementales adhèrent aux quotas ethniques avait été justifiée par la volonté d'adhérer à l'esprit des accords d'Arusha.

Certaines organisations internationales ont respecté cette loi, certaines allant même jusqu'à la saluer comme une action de discrimination positive indispensable pour remédier aux inégalités nées des pratiques discriminatoires du passé.

Certes, la majorité des hutus ont été dans une grande mesure des victimes de discrimination par les dictatures militaires qui ont réussi à diriger le Burundi. Les quotas ethniques imposés par les accords d'Arusha visaient à remédier aux déséquilibres créés par ces pratiques discriminatoires.

Ayant désormais saisi tous les leviers du pouvoir, après tant d'années à mener une guerre contre ce qu'ils considéraient comme pratiques discriminatoires érigées par des dictatures dirigées par des membres de la minorité tutsie, le régime du CNDD-FDD a désormais institué les mêmes discriminations contre elles prétendent s'être battus. Ces pratiques viser à exclure les membres de la minorité tutsi à tous les niveaux de haute responsabilité au sein des administrations publiques.

Bien joué, CNDD-FDD! Les Accords d’Arusha sont déjà jetés aux oubliettes de l’histoire, plus de 20 ans après sa signature historique. Et la communauté internationale semble déterminée à vous accompagner dans votre cours au démantèlement total de ces accords

Selon le décompte (non exhaustif) de la Ligue des droits de l’homme Iteka, en ce début de l’année 2021, la quasi-totalité des services publics burundais sont pilotés par des cadres et hauts cadres issus de la communauté ethnique hutue.

Spécifiquement, dans le domaine de la santé, dans toutes les provinces du pays, la quasi-totalité des chefs de services notamment les médecins provinciaux de la santé, les médecins chefs de districts sanitaires, les directeurs d'hôpitaux, les titulaires des CDS, sont de la composante sociale Hutu et majoritairement membres du parti CNDD-FDD.

«Pour un total de 673 cadres du secteur de la santé, 596 sont des Hutus; 77 des Tutsis ».

Selon ce rapport, même les hutus ne se valent pas au Burundi car ceux qui émettent du parti au pouvoir (CNDD-FDD) sont les seuls chouchous du régime massivement promus aux postes de responsabilité.

Pire encore; alors que la Constitution de la République du Burundi garantit les quotas ethniques dans les corps de défense et de sécurité dans la perspective de prévenir les actes de génocide et les coups d'État, la quasi-totalité du leadership au service national des renseignements ( SNR) sont des hutus. Pour un total de 18 commissaires provinciaux de police, 15 sont des hutus contre 3 tutsis.

Quant aux commandants des camps militaires et bataillons, sur 22 commandants des camps militaires et bataillons, 18 sont de la composante sociale Hutu, tandis que 4 sont de la composante sociale Tutsi.

Concernant le domaine de l’éducation, pour un total de 135 cadres du secteur de l’éducation, 124 cadres sont des hutus contre 11 cadres tutsis.

Au niveau de l’appareil judiciaire, sur un total de 185 cadres du secteur, 142 sont des Hutus et seulement 42 cadres tutsis. Tous les cadres du ministère de la justice sont issus du parti CNDD-FDD.

Cette réalité s’observe aussi au niveau des différents ministères. Au ministère de l’Intérieur, pour un total de 18 gouverneurs de provinces, 15 sont des hutus et seulement 3 sont des tutsis.

Au ministère chargé de l’agriculture, sur un total de 122 cadres, 98 sont des hutus contre 24 tutsis.

Cette exclusion est également répandue au sein du corps diplomatique. Le régime de Gitega a presque exclusivement occupé des diplomates hutus dans toutes ses ambassades.

Dans son rapport, la Ligue Iteka alerte l’opinion nationale et internationale sur cette stratégie planifiée pour faire des tutsis une espèce en voie de disparition dans les services publics.

Voici une situation que l’Union européenne, le plus important des partenaires et financiers du budget de l’État est déterminé à ignorer dans la poursuite de la renormalisation des relations diplomatiques.

Ce qui est sûr, toutes les discriminations mènent tôt ou tard aux explosions sociales dont des guerres civiles. L’histoire récente du Burundi en est une preuve irréfutable.

L'Union Européenne, qui était représentée par Charles Josselin, ministre de la coopération de la République française lors de la signature de ces accords d'Arusha doit être attentive à ne pas se lancer dans des relations diplomatiques avec un régime qui semble avoir l ' intention d'exclure une partie de la population de tout poste de responsabilité au mépris total de l'esprit d'Arusha.

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