Le casting de la délégation burundaise à Kigali est hyper symbolique. Issu de la communauté ethnique tutsie, le général André Ndayambaje est aux affaires avant et pendant la crise du 3ème mandat présidentiel du défunt président, Pierre Nkurunziza. Aux yeux du régime, il est censé être à même de convaincre les autorités rwandaises et les réfugiés burundais de la paix retrouvée et de la nécessité, pour tous les réfugiés burundais, de regagner le bercail.
Il ne tarit pas d'éloges face au nouveau Président burundais, Evariste Ndayishimiye qui lui en sait gré, cela va sans dire. Et pour cause. Lors de la commémoration du 60ème anniversaire de l'indépendance du Burundi en juillet dernier, Ndayishimiye lui a décerné un certificat d'honneur estampillé « Décernement de l'ordre de l'amitié des peuples » avec ce message combien élogieux :« Nous soussigné, Evariste Ndayishimiye, Président de la République du Burundi et Grand Chancelier des ordres nationaux décernons, à la classe de commandeur et à titre exceptionnel...»
Le président semble croire que l'image du pays et de son régime est écornée « À cause de ces gens-là, qui veulent faire des rapports biaisés... ». Comme un malade qui blâme le médecin qui vient de diagnostiquer sa maladie, le président fait un mauvais choix de cible pour son ire. Et pourtant il y a une façon générale de répondre aux questions qui dérangent sans jouer aux constations défensives. N'aurait-il pas été juste de soulever la questions de manque de capacités au sein de la police, justice and administration au niveau local?
En dépit des sanctions économiques prises en 2016 contre ce pays, malgré les joutes injurieuses et éhontées débitées à longueur de journaux par l'ancien porte-parole du parti présidentiel, (Gélase Ndabirabe), l'Union européenne a été le premier partenaire du Burundi au chapitre des dons. L'UE a en effet décaissé, entre 2015 et 2021, plus de 900 millions d'euros. Soit 33% des dons amassés par le pays auprès de ses partenaires bi et multilatéraux au cours de cette période. L'annonce a été faite le 10 juin dernier par l'ambassadeur Claude Bauchu, délégué de l'UE à Bujumbura
Il y a d'autres obervateurs qui disent que le régime de Gitega veut mettre la main sur le seul hôpital moderne du pays et le seul hôpital qui génère suffisamment de revenus pour attirer la convoitise des faucons du régime. D'autres suggèrent même qu'Evariste Ndayishimiye estime que la clinique appartiendrait en partie ou en totalité à son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza.Ces derniers jours, il a été noté que Ndayishimiye est entrain de défaire tous les grands projets initiés par son prédécesseur.
Selon des statistiques dont le Pape est personnellement au courant, la population burundaise de l'Eglise Protestante est passée de 5% en 1990 à 21,6% en 2020, pendant que la proportion de l'Eglise Catholique est passée de 80% à 61% entre 1990 et 2020.La courbe va décidément decrescendo pour les catholiques et Vatican s'en émeut.Il sied de rappeler, à toutes fins utiles, que le Pape Jean Paul II a effectué une visite au Burundi en 1990. C'est la dernière visite si haute autorité ecclésiastique catholique au Burundi.
"Quand un sujet est largement médiatisé, ça permet ensuite de mobiliser les négociateurs ou les bailleurs de fonds internationaux qui sont eux-mêmes sollicités par les parlements, par les électeurs. Il y a une chaîne qui va se faire et qui va permettre d'apporter davantage d'aides ou d'essayer d'avancer dans la résolution de conflits."
Les présidents rwandais et burundais semblent déterminés à tourner la page sombre des relations entre leurs deux pays à travers le réchauffement des relations diplomatiques. La seule pomme de discorde entre les deux est le renvoi au Burundi des opposants et acteurs politiques exilés au Rwanda et activement recherchés par Gitega qui les a déjà placés sous mandats d'arrêt international.Selon une source proche du parti présidentiel au Burundi, l'aile radicale incarnée par le premier ministre Alain Guillaume Bunyoni ne voit pas d'un bon œil cette démarche du Chef de l'Etat
Le Burundais Lambda ressent de la gêne, de l’insupportable même. Nul ne peut douter de leur complicité, des intérêts défendus. L’UE reprend donc langue avec les autorités burundaises, sans que rien n’ait changé sur le plan des droits de l’homme.Fier de cet inconditionnel comeback, les autorités burundaises se frottent les mains et annoncent gaillardement que l’Union européenne s’engagent à «relancer le dialogue politique » en vue de reprendre la coopération après près de 5 ans de suspension de la coopération, a annoncé lundi sur son site la présidence burundaise.
Selon l'envoyé du secrétaire général de L'ONU dans la région des grands Lacs, «le Rwanda a la ferme volonté de remettre les présumés putschistes aux autorités burundaises.....». Visiblement, l'ONU a décidé de caresser le régime de Gitega dans le sens du poil et parlent déjà d'un projet de rapatrier les opposants en commun accord avec le régime burundais. Et séduit par l'engagement de l'ONU qui veut jeter en pâture les opposants en exil, Evariste Ndayishimiye promet au Secrétaire général de l'ONU le délai qu'il avait demandé pour des «formalités administratives» avant la fermeture du bureau de l'Envoyé spécial.
Le Bureau de l’Envoyé spécial du SG de l’ONU au Burundi avait été créé en 2016 au plus fort de la crise née de la décision de l’ancien président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat jugé illégal. Sa mission fixée par l’ONU était, notamment, de «mener et coordonner les efforts politiques des Nations Unies pour promouvoir la paix et le développement durable au Burundi». Dans son dernier rapport sur le Burundi, le SG de l’ONU avait décidé de prolonger jusqu’au 31 décembre 2021, la présence du bureau de son envoyé spécial au Burundi.
Il sied de rappeler que le MAE burundais, Albert Shingiro, avait toujours déclaré que la page 2015 est définitivement tournée, précisant que rien ne sera plus comme avant, notamment en ce qui est des relations entre le Burundi et l’ONU.
Accompagné de son épouse et 5 de ses ministres (défense, santé, agriculture, relations extérieures, commerce), le président burundais effectue depuis lundi une visite d’Etat de 5 jours en Guinée équatoriale.
Selon l’Ambassadeur du Burundi à Paris, la levée des mesures restrictives prises contre le Burundi par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) «constitue une avancée diplomatique importante et un message fort envoyé à toute la communauté internationale qui devrait en conséquence tourner définitivement la page de la crise de 2015».
Membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU depuis janvier 2018, la Guinée Équatoriale a toujours été un allié du Burundi et s’est tout le temps opposée à des réunions du conseil sur le Burundi et sanctions à envisager au cours des dernières années.
Depuis 2015, le Burundi boycotte multiples rencontres internationales, préférant la confrontation et une diplomatie à tonalités agressives. Avant sa mort, le président Pierre Nkurunziza n'avait quitté le Burundi qu'une seule fois depuis 2015 pour se rendre en Tanzanie voisine par voie routière. C'est cette diplomatie de confrontation qui d'ailleurs avait fait échouer les négociations qu'avait initiées la communauté des Etats de l'Afrique de l'Est pour essayer de résoudre la crise politico-sociale qui frappe le Burundi depuis 2015.