L’UE subordonne les droits humains à ses intérêts et reprend langue avec le Burundi

Le Burundais Lambda ressent de la gêne, de l’insupportable même. Nul ne peut douter de leur complicité, des intérêts défendus. L’UE reprend donc langue avec les autorités burundaises, sans que rien n’ait changé sur le plan des droits de l’homme.Fier de cet inconditionnel comeback, les autorités burundaises se frottent les mains et annoncent gaillardement que l’Union européenne s’engagent à «relancer le dialogue politique » en vue de reprendre la coopération après près de 5 ans de suspension de la coopération, a annoncé lundi sur son site la présidence burundaise.

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Burundi Daily
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8.12.2020
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Diplomatie

«Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts», aimait dire le Général de Gaulle, un des géants politiques français. Plusieurs décennies après, le contexte burundais illustre parfaitement son assertion. Comment ne pas y penser, en effet, quand on voit la pirouette de l’ONU, puis de l’UE qui en 2015 avait énergiquement condamné les vagues de violations des droits humains dont le Burundi est le théâtre et qui, aujourd’hui se ressent à saluer les efforts du même système qui tue, viole et pille les deniers publics ?

Le Burundais Lambda ressent de la gêne, de l’insupportable même. Nul ne peut douter de leur complicité, des intérêts défendus. L’UE reprend donc langue avec les autorités burundaises, sans que rien n’ait changé sur le plan des droits de l’homme.

Fier de cet inconditionnel comeback, les autorités burundaises se frottent les mains et annoncent gaillardement que l’Union européenne s’engagent à «relancer le dialogue politique » en vue de reprendre la coopération après près de 5 ans de suspension de la coopération, a annoncé lundi sur son site la présidence burundaise.

Lundi, le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye, a accordé à Claude Bochu, ambassadeur de l’UE à Bujumbura accompagné de ceux des Etats membres représentés dans le pays.

«Les deux parties ont convenu de se libérer du passé et de tourner le regard vers l’avenir en reconstruisant leur relation», a annoncé la présidence.

Selon les autorités burundaises, le moment est favorable à la reprise de la coopération avec l’UE.

«Le moment est bien choisi compte tenu de la situation de paix et de sécurité qui prévaut dans le pays, le retour massif des réfugiés, le réchauffement des relations avec le Rwanda, le retrait du Burundi de l’agenda politique du Conseil de Sécurité de l’ONU… ».

Les ambassadeurs de l’Union Européenne au Burundi ont apprécié «le discours apaisant du Président Evariste Ndayishimiye et sa politique d’ouverture, qui constituent une base solide pour la reprise d’une bonne coopération entre l’Union Européenne et le Burundi dans une dynamique de partenariat mutuellement bénéfique».

Ce dialogue qui, selon le président burundais, «va se poursuivre sur le plan technique au niveau du Ministère ayant les affaires étrangères dans ses attributions » devait aboutir à la levée des sanctions prises contre le Burundi au plus fort de la crise née de la décision de l’ancien président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat jugé illégal.

Pour rappel, en mars 2016, l’Union européenne (UE) a «suspendu les appuis financiers directs fournis à l’administration burundaise, y compris les appuis budgétaires, mais maintient intégralement son soutien financier à la population et son aide humanitaire », a indiqué le Conseil de l’Union européenne, par voie de communiqué.

Avec une aide globale de quelque 430 millions d’euros pour la période 2015-2020, l’UE était le premier donateur du Burundi.

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