Privé de devises et en manque de tout, le Burundi est dans le gouffre

Evariste Ndayishimiye est donc au pied du mur. Bujumbura, la capitale économique, n'est plus ravitaillée en carburant depuis près de deux semaines.Il sied de rappeler que le Burundi importe pratiquement tout ce qu'il consomme. La pénurie d'essence interdit désormais aux camions de venir jusque dans Bujumbura.À Bujumbura, on commence à manquer de tout : charbon de bois, même les haricots et les bananes commencent à manquer sur les marchés.

Par
on
21.12.2023
Categorie:
Economie

La ministre burundaise chargée du commerce Marie Chantal Nijimbere a reconnu, devant les sénateurs, que l'Etat est en faillite. Incapable de mettre fin à la plus grave de pénurie de carburant observée depuis la prise de fonction du général Evariste Ndayishimiye, chef de l'Etat.

«Tant que le Burundi n'aura pas assez de devises pour importer le carburant suffisant au moins pour six mois ou une année, nous ne pourrons jamais mettre fin à cette pénurie de carburant », a-t-elle déclaré.

La ministre n'a pas tort en invoquant le manque structurel de devises. Mais elle ferme les yeux sur un autre paramètre endogène.

Car la situation a été aggravée par le couple présidentiel.

Depuis plus d'un an, la Première Dame Angéline Ndayishimiye tente de contrôler le marché de carburant après avoir évincé Interpetrol, la  principale société d'importation de pétrole pour reprendre à son compte ce business.

C'était sans compter avec le manque de camions suffisants, la méconnaissance du marché et des fournisseurs, etc.  Elle s'est donc cassée la dent sur ce segment d'importations de carburant avec sa société PRESTIGE qui a pompé le peu de devises qui restaient encore à la Banque centrale, BRB.

Selon des sources, le Fonds monétaire international, FMI, a eu vent de ce monopole insoutenable et a tonné à travers un rapport accablant qui vient de coûter le poste à l'ancien gouverneur de la BRB, Dieudonné Murengerantwari, pour avoir eu le culot de dire la vérité sur la Première Dame et sa société pétrolière.

Voilà pour le factuel. Evariste Ndayishimiye est donc au pied du mur. Bujumbura, la capitale économique, n'est plus ravitaillée en carburant depuis près de deux semaines.

Il sied de rappeler que le Burundi importe pratiquement tout ce qu'il consomme. La pénurie d'essence interdit désormais aux camions de venir jusque dans Bujumbura.

À Bujumbura, on commence à manquer de tout : charbon de bois, même les haricots et les bananes commencent à manquer sur les marchés.

L'actuelle pénurie de carburant est si intense qu'elle prend déjà des allures de véritables drames humains et risque de se transformer rapidement en gigantesque crise humanitaire et sanitaire.

Dans les différents quartiers de Bujumbura, la population doit marcher à pied sur de longues distances car moins d'un bus sur trois circule.

Mais tout le monde est résigné. Car les Burundais savent que broncher serait synonyme de trépas. La population reste encore tétanisée par les tueries qui ont émaillé la contestation du 3ème mandat du défunt président Pierre Nkurunziza et auxquelles son successeur Evariste Ndayishimiye n'a jamais pu mettre fin.

Tags: