Kira Hospital Suisse Clinic : l'arrestation du Docteur Christophe Sahabo par le SNR illustre la toxique pollution du climat des affaires au Burundi

Il y a d'autres obervateurs qui disent que le régime de Gitega veut mettre la main sur le seul hôpital moderne du pays et le seul hôpital qui génère suffisamment de revenus pour attirer la convoitise des faucons du régime. D'autres suggèrent même qu'Evariste Ndayishimiye estime que la clinique appartiendrait en partie ou en totalité à son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza.Ces derniers jours, il a été noté que Ndayishimiye est entrain de défaire tous les grands projets initiés par son prédécesseur.

Par
Burundi Daily
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4.4.2022
Categorie:
Economie

Depuis plus de cinq jours, le docteur Christophe Sahabo, directeur général de Kira Hospital Suisse Clinic est dans les griffes du très redouté Service National des Renseignements du Burundi (SNR). Il a été interpellé avec un Français du nom de Jean-David Pillot, président du Conseil d'administration de cet hôpital, le plus moderne du pays.

Zoom sur le factuel

Les deux hommes ont été arrêtés par des agents du SNR conduits par un certain Alfred Museremu, réputé pour avoir tiré à bout portant sur des manifestants en 2015 mais aussi pour ses nombreux crimes dans le placard.

Le lendemain, le Français a été relâché, sans doute grâce aux pressions des ambassades occidentales accréditées à Bujumbura.  

Mais le SNR a gardé dans sa nasse le pauvre directeur général qui, probablement sous forte pression policière et menace d'assassinat s'est vu contraint de signer une lettre de démission « pour convenance personnelle ».  Le SNR a diffusé sur les réseaux sociaux cette lettre de démission, tout comme, quelques heures plus tôt, il avait diffusé une lettre que les représentants de l'Etat burundais au Conseil d'administration de cet hôpital ont adressée au chef de l'Etat pour lui demander de démettre, illico, Docteur Christophe Sahabo de son poste de directeur général de Kira Hospital Suisse Clinique, pour «mauvaise gestion et gestion frauduleuse», sans quoi ils allaient «saisir d'autres instances pour obtenir sa démission». Toute fois, Kira Hospital est et reste une entreprise privée hors du domaine de gestion de la présidence de la République.

Les dessous d'une arrestation qui fera tiquer les investisseurs étrangers.

En séquestrant bestialement le docteur Christophe Sahabo, un médecin burundais formé en Suisse, qui, contrairement à ceux qui vont etudier en occident et ailleurs et préfèrent y rester pour se mettre à l'abri de la misère et conditions de travail lementables du pays, a eu la courageuse idée de mettre à profit ses contacts à l'extérieur en fédérant sur un projet d'hôpital moderne au Burundi et dans la région, le Service National des Renseignements, appendice de la police présidentiel, rend un très mauvais service au pays et à son boss, en l'occurrence le président burundais. Le président Evariste Ndayishimiye ne peut pas prétendre ne pas savoir les mobiles de l'arrestation de ce médecin. Il ne peut non plus dire que cette arrestation rentre dans sa politique de faire du Burundi une destination pour investissuers étrangers!

Il miroite au monde l'image d'un Burundi où le climat des affaires est malsain. Où il serait imprudent de déverser ses dollars en investissements, quel que soit le secteur.

Le moindre saut d'humeur de n'importe quel faucon du régime, militaire ou civil, peut faire capoter le projet en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Dans la mesure où Kira Hospital Suisse Clinique est une entreprise privée, l'intrusion du SNR pose plus de problèmes qu'elle n'en résout.

A supposer que Docteur Christophe Sahabo soit effectivement coupable de mauvaise gestion, est-ce au SNR de le corriger ?  Que vient faire la presidence de la République dans une affaire de différends entre actionnaires d'une entreprise privée? En outre, la lettre qui interpelle le chef de l'Etat pour le débarquer est, notamment, signée par dame Trinitas Girukwishaka, ADG de la Bancobu au nom de la SOCABU (en même temps que l'actuel ADG Charles Ndagijimana).

Trinitas Girukwishaka a récemment été pointée du doigt par le gouverneur de la BRB pour un dépassement inouï dans l'octroi de fonds à une société familiale. Cela n'a jamais fait sourciller le SNR pourtant.

Comme Kira Hospital est une société à plusieurs actionnaires, les fautes de gestion qu'aurait orchestrées Christophe Sahabo seraient-elles évidentes seulement pour les représentants de l'Etat au sein de son Conseil d'Administration. Qu'en disent d'autres investisseurs privés? Qui des investisseurs étrangers, qui detiendraient la majorité des actions dans cette entreprise?

Dans tous les cas, il y a anguille sous roche. Selon des sources biens informées, Christophe Sahabo paie pour autre chose.

A vrai dire, ceux qui réclament la tête de ce médecin issu de la communauté ethnique tutsi sont des extrémistes hutus qui, depuis l'ouverture de ce joyau de l'architecture moderne à Bujumbura, n'ont jamais voulu qu'il soit piloté par un Tutsi. En piochant sur le narratif des extrémistes hutus, jusqu'aux récents réseaux sociaux, on constate que Christophe Sahabo a toujours été dans la ligne de mire des irréductibles hutisants au Burundi.

Partie d'une lettre qui avait été publiée par des extremistes hutus qui ont toujours été contre Dr Sahabo

Certains l'accusent encore d'avoir été, par le passé, une tête pensante de la résistance des tutsis au plus fort du génocide contre les membres de cette communauté, notamment à travers l'association SOJEDEM, Solidarité, jeunesse pour la défense des droits des minorités, SOJEDEM.

Dans l'une de ses publications, le site pro-régime Burundi-forum.org a présenté Kira Hospital comme étant « dirigé par un ancien membre du fameux SOGEDEM, Dr Christophe SAHABO ».

Il y a d'autres obervateurs qui disent que le régime de Gitega veut mettre la main sur le seul hôpital moderne du pays et le seul hôpital qui génère suffisamment de revenus pour attirer la convoitise des faucons du régime. D'autres suggèrent même qu'Evariste Ndayishimiye estime que la clinique appartiendrait en partie ou en totalité à son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza.

Ces derniers jours, il a été noté que Ndayishimiye est entrain de défaire tous les grands projets initiés par son prédécesseur. Un moyen, dit un homme d'affaire kenyan qui réside au Burundi, «de créer sa propre richesse dans l'un des pays les plus corrompus du monde où le moyen le plus rapide de créer de la richesse est de s'appuyer sur la puissance de la présidence» à travers le notoirement criminel SNR.

A titre d'illustration, le président Ndayishimiyte vient d'annuler deux contrats d'exploitation de minerais, dont le nickel et a récemment fait venir ses propres sociétés préférées pour remplacer celles qu'avait fait venir son prédécesseur.

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