Exploitation du pétrole dans le Lac Albert : la RDC distraite, pendant que l’Ouganda et la Tanzanie accélèrent les travaux

Le pays de Félix Tshisekedi reste encore plongé dans des querelles de politiciens en mal de positionnement, faisant aussi face à la situation d’insécurité à l’Est, dont certains fils du pays sont complices en acceptant de faire tuer leurs propres frères. C’est depuis 2006 qu’il y a eu découverte de gisements de pétrole dans la région du lac Albert qui fait aussi de frontière entre la RDC et l’Ouganda.

Par
Lucien Kazadi T
on
2.10.2020
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La Region

L’Ouganda et la Tanzanie ont signé, depuis le 13 août dernier dans la ville tanzanienne de Chato, un accord pour la construction d’un oléoduc dans le cadre de l’exploitation du pétrole dans le lac Albert où la RDC détient aussi d’importantes réserves pétrolières. Ce projet titanesque de construction d’un oléoduc long de 1400 Km, qui va se jeter sur l’océan indien est financé par la firme française Total, en partenariat avec les sociétés chinoise CNOOC et britannique Tullow.

La réalisation de ce projet pourra rapporter des milliards de dollars américains à l’Ouganda, qui y a associé la Tanzanie. Pour les autorités de ces deux pays voisins, il faut faire vite pour que d’ici la fin de l’année les travaux de construction de cet ouvrage démarrent.

C’est ainsi qu’ils ont accéléré les choses, pendant que la RD Congo parait distraite et se fait devancer.

Le pays de Félix Tshisekedi reste encore plongé dans des querelles de politiciens en mal de positionnement, faisant aussi face à la situation d’insécurité à l’Est, dont certains fils du pays sont complices en acceptant de faire tuer leurs propres frères. C’est depuis 2006 qu’il y a eu découverte de gisements de pétrole dans la région du lac Albert qui fait aussi de frontière entre la RDC et l’Ouganda.

Une fois exploité, cet or noir devra être acheminé, par l’oléoduc en construction jusqu’au port de Tanga sur l’océan Indien. Cet oléoduc sera le plus long au monde pour le transport du pétrole brut chauffé. Il faut dire aussi que les Ong de défense de l’environnement ne cessent de dénoncer les risques d’un tel projet. Il a été d’ailleurs maintes fois repoussé. Ainsi l’accord de Chato semble donner le coup d’envoi.

Pour le Président ougandais, les peuples de ces deux pays veulent travailler vite pour lancer ce projet. Il faut également relever que l’Ouganda avait annoncé en 2016 sa décision de le faire passer par la Tanzanie, plutôt que par le Kenya, après des années de discussions sur son tracé.

Inquiétude des ONG de défense de l’environnement

La FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) et l’ONG Oxfam ont déjà mis en garde dans un rapport publié le 10 septembre dernier contre les risques que fait courir ce mégaprojet d’extraction pétrolière aux modes de vie des populations et à des « écosystèmes extrêmement sensibles dans une région dont la biodiversité est une des plus riches au monde ».

En Ouganda, les gisements de pétrole sont situés au sein de plusieurs réserves naturelles. L’un d’eux s’étend jusque dans les Murchison Falls, le plus grand parc national du pays, où un projet de barrage avait déjà provoqué un tollé en milieu d’année.

De son côté, la Tanzanie affirme que le projet créera 10 000 emplois et que plus de 90 000 personnes seront dédommagées pour la construction de l’oléoduc.

La signature de cet accord est une étape cruciale dans l’application du projet qui va non seulement créer des emplois, mais aussi promouvoir la coopération régionale et stimuler le développement économique dans les zones traversées par l’oléoduc, a déclaré le Président tanzanien Magufuli.

Pour autant, « même les populations qui ne seront pas expropriées dans les environs du lac seront directement impactées par la pollution générée par l’activité pétrolière: pollution de l’air, des sols et de l’eau, inévitables dans le cadre de tels projets », avertit Juliette Renaud, de l’ONG Les Amis de la Terre qui avait mené une enquête dans la région du Lac Albert avec ses partenaires ougandais.

Du côté de l’Oxfam, on estime que 14 000 foyers vont perdre leurs terres à cause de la construction de l’oléoduc. Selon Rashid Bunya, de l’ONG ougandaise pour les droits humains FHRI, « après presque deux décennies d’exploration des gisements pétroliers, de nombreuses communautés craignent que le pire soit à venir ». Des associations dénoncent également les répercussions sur des écosystèmes « extrêmement sensibles ». Car les réserves de pétrole s’étendent sur plusieurs parcs nationaux.

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