L'architecte du rapprochement entre Washington et Gitega: Comment J.Peter Pham a orchestré le retour de Gitega dans les bonnes grâces de Washington

J. Peter Pham, un ancien président du Centre africain du think-tank conservateur Atlantic Council est le vrai architecte du rapprochement diplomatique entre Washington et Gitega. Une fois nommé envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, il s’est mis à l’œuvre et a supervisé une volte-face diplomatique complète qui a mené à un rapprochement diplomatique entre le pouvoir CNDD-FDD ( dirigé par un premier ministre qui est toujours sous sanctions américaines) et l’administration Trump.

Par
Burundi Daily
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7.10.2020
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Diplomatie

Avec un coup de main de J Peter Pham et malgré le fait que le nouveau Premier Ministre du Burundi soit toujours sous les sanctions américaines, le nouveau régime des faucons du CNDD-FDD a réalisé un grand coup diplomatique.

Le rapprochement entre Gitega et Washington mené par le tout nouveau général-président burundais Evariste Ndayishimiye est un coup très stratégique qui devrait sans doute l’aider à convaincre les autres partenaires traditionnels tels que l’Union Européenne de le retirer du régime de sanctions sous lequel il est depuis fin 2015.

Lorsque feu Pierre Nkurunziza décide de briguer un troisième mandat, les États Unis via le très puissant Département d'Etat avait fermement condamné le forcing du président Pierre Nkurunziza. Barack Obama avait alors décidé de mettre fin à son programme d'encadrement des soldats burundais déployés dans la mission de maintien de la paix en Somalie sous la bannière de l'Union africaine.

Un envoyé spécial des USA qui devient sauveur du régime CNDD-FDD

J. Peter Pham, un ancien président du Centre africain du think-tank conservateur Atlantic Council est le vrai architecte du rapprochement diplomatique entre Washington et Gitega.

Peter Pham rencontre Pierre Nkurunziza

Une fois nommé envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, il s’est mis à l’œuvre et a supervisé une volte-face diplomatique complète qui a mené à un rapprochement diplomatique entre le pouvoir CNDD-FDD (dirigé par un premier ministre qui est toujours sous sanctions américaines) et l’administration de Trump.

En moins d'un an, l'envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, J. Peter Pham qui désormais est devenu depuis mars, envoyé spécial des Etats Unis pour le Sahel, a supervisé une volte-face diplomatique complète et opéré un rapprochement entre Washington et Gitega. La confirmation de la nouvelle ambassadrice des Etats Unis au Burundi est une signature d’un maître qui a su orchestrer un revirement diplomatique dont avait tant besoin le nouveau régime des faucons du CNDD-FDD.

Melanie Higgins, la nouvelle ambassadrice des Etats Unis au Burundi, une cadre du Senior Foreign Service était directeur du Bureau des Affaires de l'Afrique Centrale au Département d'État des États-Unis, depuis 2018.

Des liens religieux pour s'approcher des terres rares

Le changement de fortune du régime de Gitega et surtout l'implication personnelle de Peter Pham dans l'opération de cette volte-face diplomatique des Etats Unis s’expliquent principalement par le fait que le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait laissé une très large latitude à Peter Pham sur ce dossier Burundi.

En plus de cette liberté d’agir dont jouissait l’envoyé des Etats Unis dans la région des grands lacs, les liens personnels qu’avaient tissés feu Pierre Nkurunziza et sa femme Denise Bucumi au sein de la communauté évangélique américaine ont joué un rôle déterminant.

Ces liens ont été prouvés par la visite au Burundi du sénateur républicain James Inhofe, un membre influent de la droite religieuse et président de l'Armed Services Committee du Sénat. Il a rencontré le couple Nkurunziza à plusieurs reprises et avait participé dans des croisades de prières organisées par le couple présidentiel.

Outre ces liens personnels et religieux, les considérations stratégiques sur l'approvisionnement américain en terres rares ont également joué dans le rapprochement entre Washington et Gitega.

Alors que la majorité des réserves de terres rares sont exploitées et traitées par des entités chinoises, le Burundi regorge de quantités importantes de terres rares et a octroyé une licence d’exploitation à l'un des opérateurs occidentaux, Rainbow Rare Earths, contrôlé par le magnat chypriote Adonis Pouroulis.

Parmi les administrateurs de cette juniore des terres rares cotée à la bourse de Londres figure l'Américain Shawn McCormick, qui fut directeur adjoint aux affaires africaines au sein du Conseil national de sécurité sous la présidence de Bill Clinton.

Les sanctions d'Obama oubliées

Pour renouer avec Bujumbura, J. Peter Pham a opéré en deux etapes. Vers la fin de la deuxième moitié de septembre 2019, ils'est rendu au Burundi et a rencontré feu président Pierre Nkurunziza dans sa province natale de Ngozi.

Lorsqu'il présidait le Centre africain du think-tank conservateur Atlantic Council, Peter Pham a invité à plusieurs reprises des responsables burundais, et notamment l'ex-ministre des affaires étrangères Alain Nyamitwe et son frère Willy Nyamitwe, qui fut le conseiller spécial de feu Pierre Nkurunziza.

Alain Nyamitwe ( alors ministre des affaires étrangères du Burundi) avec Peter Pham au Think-Tank Atlantic Council

Après l'élection d’Evariste Ndayishimiye à la présidence, le Département d'Etat a immédiatement salué la victoire de ce général qui fut secrétaire général du parti présidentiel (et par conséquent n'était pas étranger à tous les abus et excès du régime qu'il a servi depuis le maquis).

Comme pour prouver ses liens avec le nouveau régime des faucons, J Peter Pham, bien qu'il soit entre-temps devenu envoyé spécial pour le Sahel, s'est rendu le 1er juillet à Bujumbura pour assister à la fête d’indépendance du pays.

Ce voyage n'a fait l'objet d'aucune annonce officielle. Seul dignitaire étranger à s'être déplacé à Bujumbura, J Peter Pham a assisté au défilé militaire, assis entre le nouveau président burundais et son premier ministre, Alain-Guillaume Bunyoni, et ce malgré que ce dernier fasse toujours l'objet de sanctions imposées par l'administration de Barack Obama pour son rôle dans la répression des contestations qui ont suivi l'élection de feu président Pierre Nkurunziza 2015.

Cinq semaines après la visite de J. Peter Pham à Bujumbura, la future ambassadrice à Bujumbura, Melanie Higgins, est reçue par les membres du Foreign Relations Committee du Sénat qui devraient sans doute approuver sa nomination.

Ainsi s’est opéré le rapprochement entre Gitega et Washington. Un rapprochement, qui semble pousser les autres partenaires ( entre autre l'Union Européenne) à vouloir normaliser les relations avec le régime dont les numéros deux ( Alain-Guillaume Bunyoni) et trois ( Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika) sont toujours sous sanctions de l’UE et des Etats Unis.

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