Burundi – Rwanda : vers un bras de fer entre Evariste Ndayishimiye et Paul Kagame ?

Le moins que l’on puisse dire est que depuis 2015 le Rwanda et Burundi vivent à couteaux tirés. A la base, Bujumbura accuse Kigali d’être derrière un mouvement majoritairement Tutsi, qui visait à renverser le régime Nkurunziza. Alors que du côté rwandais, le Burundi est accusé de soutenir des éléments de la fameuse milice interahamwe et autres groupes opposés à Kigali. Avec l’avènement d’Evariste Ndayishimiye, nombreux sont les observateurs qui avaient misé sur la résolution du conflit, chose qui tarde à se matérialiser jusque-là.

Par
Etienne DIONE
on
30.9.2020
Categorie:
Diplomatie

Le conflit entre le Rwanda et le Burundi est loin d’être résolu, malgré quelques réussites diplomatiques, dont le retour des réfugiés burundais chez eux. Les sorties médiatiques des présidents de ces deux Etats ont montré leur « manque de volonté » à mettre fin ce conflit, qui fragilise le processus de paix et l’élan économique de la région des Grands Lacs.

Ceux qui tablent sur la résolution du conflit entre le Burundi et le Rwanda attendront longtemps, trop longtemps même. Les déclarations de Paul Kagame et celles d’Evariste Ndayishimiye ne laissent aucun signe d’espoir pour le rapprochement entre les deux Etats.

Personne ne veut faire le premier pas

En effet, septembre aura été un mois bien chargé en évènements, tant au Rwanda qu’au Burundi. Mais pas que. Elle aura été aussi plein de surprises dans la région des Grands Lacs, cette communauté économique constituée de la République Démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda. Succession des conférences de presse, volonté d’afficher sa supériorité de part et d’autres. Bref, à l’instar d’autres chefs d’Etats de cette région, c’est la rivalité entre Kagame et Ndayishimiye, chacun voulant imposer sa « suprématie », oubliant ainsi les tensions entre leurs pays.

Pourtant, ce triste challenge ne mettra pas fin au conflit entre le Rwanda et le Burundi, qui vivent à couteaux tirés, depuis 2015. Le 6 septembre dernier, le chef de l’Etat rwandais a déclaré : « Nous avons toujours fait preuve de bonne volonté pour améliorer les rapports avec le Burundi qui n’a pas fait d’efforts. Le Rwanda n’a pas besoin de paix plus que ces autres pays. Nous voulons la concorde. Nous vivrons dans de bons rapports avec celui qui manifestera cette volonté ». Une accusation qui frôle le manque de volonté face aux tensions entre les deux pays.

Du côté burundais, si les 100 premiers jours d’Evariste Ndayishimiye au pouvoir sont ponctués par une légère ouverture diplomatique, entre autres avec la Tanzanie et l’Union Européenne, faire « le premier pas » pour résoudre le conflit avec son voisin rwandais n’est pas une option. « Nous leur avons dit que s’ils veulent renouer les relations, les portes sont ouvertes mais s’ils ne veulent pas, on ne vas pas les forcer puisque la coopération ne doit pas être forcée (…)? S’ils veulent réellement être de bons voisins, les relations vont s’améliorer », a déclaré Evariste Ndayishimiye, lors d’une conférence de presse animée ce week-end.

Jusqu’où iront-ils ?

Sur le plan régional, le regain des tensions entre le Rwanda et le Burundi est parmi les éléments qui contribuent à la détérioration de la situation sécuritaire. Au début de ce mois, le chef de l’Etat congolais, Felix Tshisekedi, a annoncé la tenue d’un mini-sommet entre la République Démocratique du Congo, l’Ouganda, l’Angola, le Rwanda et le Burundi. Après plusieurs tractations, ces assises, pourtant annoncées à grands fracas, n’ont pas été tenues suite à l’ «indisponibilité» du chef d’Etat burundais.

Si la note verbale du ministère burundais des Affaires étrangères évoque l’agenda « surchargée » d’Evariste Ndayishimiye, des observateurs pensent que le successeur de feu Pierre Nkurunziza n’était pas disposé à s’asseoir sur la même table avec son homologue Paul Kagame. Pour preuve, quelques heures avant, la note ayant fuité dans les médias a laissé entendre que l’homme fort du Burundi estime plutôt prioritaire, l’organisation d’une rencontre « bilatérale au niveau ministériel ». Une attitude qui ne favorise pas la résolution de leurs différends.

Ainsi, le moins que l’on puisse dire est que depuis 2015 le Rwanda et Burundi vivent à couteaux tirés. A la base, Bujumbura accuse Kigali d’être derrière un mouvement majoritairement Tutsi, qui visait à renverser le régime Nkurunziza. Alors que du côté rwandais, le Burundi est accusé de soutenir des éléments de la fameuse milice interahamwe et autres groupes opposés à Kigali. Avec l’avènement d’Evariste Ndayishimiye, nombreux sont les observateurs qui avaient misé sur la résolution du conflit, chose qui tarde à se matérialiser jusque-là.

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