La guerre interne du CNDD-FDD se poursuit: l'administrateur communal de Ntega éjecté pour des propos haineux envers les pro-Gihahe, l'as du crime à Kirundo
Mais au niveau de l'opinion, le débat est moins centré sur le sort de l'administrateur mais sur l'habituel silence du ministre de l'intérieur, Gervais Ndirakobuca, et, d'une manière générale, le silence des autorités burundaises sur les propos haineux et volontiers divisionnistes et discriminatoires, régulièrement tenus par des responsables administratifs à l'endroit des membres de la communauté ethnique tutsie, notamment ceux qui ont pris le chemin de l'exil pour échapper à une répression programmée.
Alors qu'il restait jusqu'ici sans voix face aux propos récurrents des administrateurs communaux (Mutimbuzi, Mutaho...) qui s'égosillent honteusement pour injurier les journalistes des médias indépendants en exil, le ministre burundais de l'intérieur vient sortir de ses gonds pour sanctionner Marin Hitimana, administrateur communal de Ntega.
Ce jeune Imbonerakure, propulsé au sommet de l'administration communale dans la foulée des dernières élections de mai 2020 est un fervent partisan d'un certain Anastase Manirambona, Commissaire chargé de la propagande et de l'idéologie du parti au sein du CNDD-FDD au pouvoir.
Lors du dernier congrès du parti CNDD-FDD tenu à Buye, fief de feu Pierre Nkurunziza, Anastase Manirambona a été reconduit à son poste de Commissaire en charge de l'idéologie du parti. Ce qui a emballé de joie ses partisans, dont l'administrateur de Ntega.
Or, il se trouve que Manirambona est un ennemi juré d'un certain Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe, une autre grosse pointure du parti présidentielle à Kirundo, connue plutôt pour son inculture (niveau plafond, 6ème primaire), son arrogance et surtout ses multiples crimes et autres exactions envers des militants de l'opposition.
Député depuis 2005, Gihahe était en perte de vitesse et d'influence car son perpétuel mandat de député a pris fin en 2020.
Mais il a été ragaillardi par l'élection de Révérien Ndikuriyo, un autre tenant de la violence comme secrétaire général du CNDD-FDD. Selon des sources bien informées, Gihahe bénéficie aussi des encouragements du premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni qui a aussi plusieurs cadavres dans le placard.
Intellectuel incontesté, Anastase prône la culture du mérite et appelle d'autres militants à en faire autant. Mais deux camps du parti présidentiel se regardent en chiens de faïence à Kirundo.
Le message audio de l'administrateur de la commune Ntega a circulé sur les réseaux sociaux et le Ministre chargé de l'intérieur a décidé de le suspendre de ses fonctions car il n'inspire plus confiance « suite à son comportement scandaleux, indigne d'une autorité ».
A la même occasion, le ministre de l'intérieur ordonne au gouverneur de Kirundo d'instruire au président du conseil communal de Ntega de convoquer une réunion extraordinaire pour statuer sur le cas. Sans doute que les deux géants ennemis pèseront, chacun de tout leur poids, dans la décision du Conseil.
Mais au niveau de l'opinion, le débat est moins centré sur le sort de l'administrateur mais sur l'habituel silence du ministre de l'intérieur, Gervais Ndirakobuca, et, d'une manière générale, le silence des autorités burundaises sur les propos haineux et volontiers divisionnistes et discriminatoires, régulièrement tenus par des responsables administratifs à l'endroit des membres de la communauté ethnique tutsie, notamment ceux qui ont pris le chemin de l'exil pour échapper à une répression programmée.
