Retour sur la présidentielle de 2020 au Burundi : accablantes révélations sur les preuves de fraude (chercheurs burundais)

A côté de ces incohérences de la CENI et du CNC, les chercheurs ont basé leur démarche analytique sur un corpus de scrutins glanés dans quelques bureaux de votes.« Nous détenons des photographies de PV venant de plus de 1200 bureaux de votes, soit près de 10% de l'ensemble des bureaux répartis sur tout le territoire. ...statistiquement, les échantillons qui permettent d'estimer le vote global sont toujours très restreints ».Leur conclusion est donc sans appel : l'élection présidentielle a été truquée. Mais ils se refusent de désigner l'auteur de ces tripatouillages.

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Burundi Daily
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6.5.2021
Categorie:
Politique

Près d'une année après l'élection présidentielle de 2020 prétendument gagnée par le général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti CNDD-FDD, des chercheurs burundais publient des preuves accablantes des fraudes savamment organisées par le pouvoir pour truquer les résultats en faveur de l'actuel président.

Ces preuves de fraudes ont été publiées mardi par un journal belge, (La Libre Afrique.be) a reçu les résultats d'un travail effectué, durant quelque six mois, par des chercheurs burundais sur « la présidentielle de mai 2020 dans leur pays ».

A priori, le média belge leur a garanti l'anonymat pour leur éviter une évidente répression par l'Etat policier de Gitega, artisan de ces fraudes avérées.

Pour planter le décor, ces chercheurs burundais ont rappelé qu'au Burundi, l'acteur clé dans le processus électoral est la CENI (Commission électorale nationale indépendante), talonné de près par le Conseil national de la Communication (CNC). Peu avant le début du processus, le CNC avait mis en place un « code de conduite des médias » interdisant notamment de publier des résultats partiels des scrutins avant la proclamation officielle.

Mais le CNC a vendu la mèche dès le premier jour : « Notre étonnement fut grand, le soir des élections, d'entendre la « synergie » des médias ayant signé ce code de conduite diffuser des résultats parcellaires sur les ondes de la radio quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, alors que la Ceni récoltait encore des résultats ». Les résultats précocement annoncés étaient naturellement en faveur du candidat du CNDD-FDD.

Le Président Evariste Ndayishimiye, alors candidat du parti au pouvoir (il était secrétaire national de ce parti) anime un meeting politique lors de la campagne électorale de 2020

Après ces résultats parcellaires publiés le premier jour, plus rien, des jours durant. Silence radio et étonnement général.

« Notre étonnement fut encore plus grand de constater, dans les jours suivants, que plus aucun résultat n'était publié. Silence complet les 22, 23 et 24 mai. Et puis le grand tintamarre : proclamation publique à l'hôtel Club du Lac le lundi 25 mai, en présence de tout le gratin du pays, des ambassadeurs et de la presse ».

Mais trois jours plus tard, le président de la Ceni donnait une conférence de presse pour dire que la proclamation du lundi était nulle et non avenue. « Ce n'était qu'un draft », a-t-il déclaré. La CENI ne donnera, finalement, les résultats de la présidentielle du 20 mai que le 4 juin.

« Cette séquence politique révélait une extrême fébrilité de la Ceni. Elle clôturait une campagne électorale tout aussi inédite, avec un candidat présidentiel d'opposition qui attirait parfois plus de gens que celui du pouvoir lors de ses meetings », concluent les chercheurs dans leur rapport.

A côté de ces incohérences de la CENI et du CNC, les chercheurs burundais ont basé leur démarche analytique sur un corpus de scrutins glanés dans quelques bureaux de votes.

« Nous détenons des photographies de PV venant de plus de 1200 bureaux de votes, soit près de 10% de l'ensemble des bureaux répartis sur tout le territoire. ...statistiquement, les échantillons qui permettent d'estimer le vote global sont toujours très restreints ».

Leur conclusion est donc sans appel : l'élection présidentielle a été truquée. Mais ils se refusent de désigner du doigt l'auteur de ces tripatouillages.

« Notre propos ici n'est pas de formuler des hypothèses sur les auteurs de ces manipulations, ni sur le processus mis exactement en œuvre. La Ceni n'a peut-être été qu'un instrument, la falsification a peut-être été improvisée, mais cela nous importe peu pour l'instant, à l'heure de ces premières conclusions. Ce qui est d'abord en question, c'est le principe même de l'élection, la nécessité que le vote de chaque citoyen burundais soit respecté, quel qu'il soit et quelles que soient les conditions dans lesquelles il s'est déroulé ».

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