Triste Août 2020 au Burundi : Attaques armées généralisées, répression sanglantes et autres crimes économiques

Pour désembourber le Burundi, le FORSC demande au gouvernement de mettre un terme à la criminalité qui prend une ampleur grave dans le pays ; de mettre fin aux arrestations arbitraires, aux tortures et emprisonnements illégaux en sanctionnant les auteurs ; de maintenir l'interdiction de l'implication des Imbonerakure dans le travail des corps de défense et de sécurité

Par
Burundi Daily
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17.9.2020
Categorie:
Politique

Le mois d'aout 2020 aura été doublement cruel et décevant pour le Burundi, selon un rapport multidimensionnel établi par le Forum pour le renforcement de la société civile au Burundi (FORSC).

Les espoirs des Burundais suscités par le discours alléchant du chef de l'Etat ont été douchés par les faits. Dans la fraîcheur de leur nomination, les gouverneurs de provinces, en l'occurrence celui de Kayanza, relayant le mot d'ordre du Chef de l'Etat, ont recadré les jeunes Imbonerakure en leur interdisant officiellement de poursuivre les rondes nocturnes et la persécution de paisibles citoyens.

« Le gouverneur de la province Kayanza avait mis en garde les jeunes de la milice Imbonerakure et leur avait interdit de se comporter comme les forces de sécurité ».

Mais le ministre de la jeunesse, ex-patron des Imbonerakure l'a récemment contredit en demandant aux concernés de continuer plutôt à « assurer la sécurité des ménages ».

Mais comme pour illustrer la cacophonie structurelle qui caractérise l'État policier qu'est devenu le Burundi sous contrôle du CNDD-FDD, le ministre en charge de la jeunesse Ezéchiel Nibigira les a publiquement re-mobilisés pour défendre la nation en lieu et place des forces de l'ordre et de sécurité.

« A l'occasion de la célébration nationale de la journée dédiée aux Imbonerakure organisée en date du 29 août 2020, le ministre burundais en charge de la jeunesse Ézéchiel Nibigira, a appelé les jeunes Imbonerakure de la province Kayanza à désobéir aux ordres du gouverneur de province, le Colonel Rémy Cishahayo », rappelle FORSC dans son rapport.

Le terrible appel d'Ezéchiel Nibigira, plus Imbonerakure que ministre s'est répandue comme une trainée de poudre dans tous le pays.

En province Muramvya, commune Rutegama, des rassemblements parfois forcés avaient eu lieu à la même occasion sur toutes les collines de ladite commune. Un long défilé semblable à celui des militaires avait débuté vers 11h30 avec slogans charriant la haine comme.

« Les colons ne sont pas partis, restons vigilants », « arrêtez tout inconnu », « qu'ils ne vous trompent pas qu'ils ont fui, ils ont des soutiens à l'interne », « que ce soit Niyombare ou Rwasa, c'est la même chose »,

Cette animalisation des opposants est allée de pair avec une gamme de joutes injurieuses à l'endroit du Rwanda.  C'est le chef de l'Etat en personne qui a donné le ton.

« Lors d'une descente de présentation du nouveau gouverneur de la province Kirundo en date du 07 août 2020, le Président Evariste Ndayishimiye a qualifié le Rwanda de pays hypocrite et rusé qui met l'épine dans le pied du Burundi et a accusé ce pays de prendre en otage les réfugiés burundais. Il a déclaré ne pas être prêt à nouer des relations avec le Rwanda », rapporte cette organisation.

Aussitôt remis en branle, les Imbonerakure ont redoublé d'ardeur dans leur sale besogne : arrestation des opposants, torture et liquidation des insoumis, notamment dans la foulée d'une attaque rebelle qui a embrasé plusieurs provinces du Burundi en aout.

La réactivation de l'appareil répressif du régime burundais est allée de pair avec l'intimidation des tutsis vivant dans les camps des déplacés. Pour mieux les canarder, le régime tyrannique leur a envoyé l'Ombudsman, un tutsi nourri et financièrement engraissé. Aux sites de Ruhororo et Muhanga, il les a appelés à rentrer pour gommer le vocable site des déplacés au Burundi. C'était, curieusement, dans la foulée d'un match opposant tutsis du camp et hutus des alentours. Le match s'était déroulé dans une ambiance bon enfant avant que l'Ombudsman ne mette les pieds dans le plat.

« Dans son discours, Edouard Nduwimana a bien précisé que le gouvernement burundais avait des préoccupations notamment sur le retour des déplacés sur leurs collines d'origine, et que l'appellation de site de déplacés dans un pays de paix, de lait et de miel comme le Burundi était inadéquate ».

C'est sur fond de cette ambiance de cruauté organisée que les caciques du régime CNDD-FDD, qu'ils soient civils ou militaires, s'accaparent tout ce qui reste de la maigre économie nationale, au détriment du reste de la population.

Ainsi, dans la province de Kirundo, un colonel FDD a fait mains basses sur tous les marchés.

« Un colonel de l'armée détient toutes les clés de l'économie de la province Kirundo. Selon des sources sur place, les marchés publics et privés en province Kirundo sont sous le monopole du colonel Anastase Nimbona, membre influent du parti au pouvoir. Il a monopolisé tous les marchés de fourniture des porcs pour différentes coopératives de toutes les collines de la province Kirundo.  Il possède à lui seul tous les marchés de fourniture du sable, de pierres pour la construction des écoles, des centres de santé et autres. C'est lui qui a tous les marchés de restauration lors des ateliers de formation du secteur de la santé qui s'organisent dans son bel hôtel érigé sur une superficie d'au moins 2 ha ».

Pour désembourber le Burundi, le FORSC demande au gouvernement de mettre un terme à la criminalité qui prend une ampleur grave dans le pays ; de mettre fin aux arrestations arbitraires, aux tortures et emprisonnements illégaux en sanctionnant les auteurs ; de maintenir l'interdiction de l'implication des Imbonerakure dans le travail des corps de défense et de sécurité.


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