Attaques à la grenade à Bujumbura : Le gouvernement présente ses coupables désignés, un jour après

Ceux qui sont voués aux gémonies par les autorités burundaises sont, comme d'aucuns s'y attendaient, des figures du monde politique et de la société civile en exil.A y regarder de près, les coupables désignés ont ceci de commun et de particulier pour le régime CNDD-FDD : il lui été incapable de les faire taire définitivement comme c'est quotidiennement le cas pour d'autres opposants internes.Ils deviennent, ainsi, des hommes à abattre et le procureur général de la République les a présentés, mercredi soir, comme un « groupe de terroristes » agissant depuis l'étranger.

Par
Burundi Daily
on
23.9.2021
Categorie:
Politique

Vingt-quatre heures après les explosions de grenades qui ont secoué et endeuillé Bujumbura, le Procureur général de la République détonne et sort de sa poche magique les auteurs de cette tragédie.

Ceux qui sont voués aux gémonies par les autorités burundaises sont, comme d'aucuns s'y attendaient, des figures du monde politique et de la société civile en exil.

A y regarder de près, les coupables désignés ont ceci de commun et de particulier pour le régime CNDD-FDD : il lui été incapable de les faire taire définitivement comme c'est quotidiennement le cas pour d'autres opposants internes.

Ils deviennent, ainsi, des hommes à abattre et le procureur général de la République les a présentés, mercredi soir, comme un « groupe de terroristes » agissant depuis l'étranger. Ce sont eux, les responsables des attaques aux grenades perpétrées à Bujumbura le 19 (aéroport) et le 20 septembre 21(centre-ville de Bujumbura).

« D'après les résultats de nos enquêtes, ces attaques ont été orchestrées par un groupe de terroristes burundais agissant depuis l'extérieur du pays », a déclaré le procureur de la République.

Selon le procureur général, c'est Alexis Sinduhije, président du parti Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD) qui est à la tête de ce groupe.

Le procureur général a également cité François Nyamoya, secrétaire général du MSD et Marguerite Barankitse, fondatrice de la Maison Shalom, une ONG pour l'accueil des orphelins. Les biens et meubles de cette ONG viennet d'être saisis par Réverien Ndikuriyo, le secrétaire général du parti au pouvoir, qui vient d'en faire une académie privée pour son équipe de football. En mai 2019, Le procureur général de la République, Sylvestre Nyandwi, et le président de la cour suprême François Nkezabahizi avaient ordonné la saisie, « avec effet immédiat », des immeubles et propriétés appartenant à 32 personnalités parmi lesquelles figurent des politiciens, des défenseurs des droits humains et des journalistes, dont Alexis Sinduhije et Marguerite Barankitse.

Le procureur a cité aussi d'autres noms, en l'occurrence Mélchiade Biremba, Jean Claude Nibigira, alias Bayaga, Nicolas Niyukuri alias Gisiga ; Gad Albert Bahati et Liévin Ndayiragije alias 23. Tout en précisant que la liste n'est pas exhaustive.

Du coup, la justice burundaise a émis des mandats d'arrêt internationaux contre eux.

«Nous avons émis contre eux des mandats d'arrêt internationaux et nous demandons aux pays qui les hébergent de les livrer et aux pays de la Communauté d'Afrique de l'est (EAC) et de la Conférence internationale pour la région des grands lacs, CIRGL, de nous prêter main forte pour que ces personnes soient arrêtées »,a déclaré Sylvestre Nyandwi.

Curieusement, la sortie médiatique du procureur général de la République a été précédée par celle du premier ministre Alain Guillaume Bunyoni, qui, mardi, avait déjà qualifié ces attaques d' « actes terroristes » et dressé un bilan de deux morts et 104 blessés. Sylvestre Nyandwi a donc légitimé les propos de son Boss.

Mais la rapidité avec laquelle Sylvestre Nyandwi a publié les résultats de ses enquêtes marathon le décrédibilise et prouve son allégeance au système qui tue et planifie le chaos.

Elle est inversement proportionnelle à sa hâte pour retrouver les centaines de citoyens burundais quotidiennement kidnappés au grand jour par  des agents du Service national des renseignements (SNR) appuyés par les jeunes Imbonerakure, bras armés du parti au pouvoir, CNDD-FDD.

Tags:
Pas de Tags