Evariste Ndayishimiye a fait fi de la loi en inventant un nouveau crime : « déstabiliser l'économie nationale »

Depuis qu'il est aux commandes du pays, plusieurs têtes sont tombées, d'autres jetées en pâtures publiques pour « déstabilisation » de l'économie nationale.La dernière victime en date est l'ex-directeur général de Kira Hospital Suisse Clinique, Christophe Sahabo, arrêté nuitamment il y a près de deux mois et conduit sans façon au cachot du sinistre Service des Renseignements burundais avant d'être transféré à la prison centrale de Mpimba, 45 jours après.Il est notamment accusé de déstabiliser l'économie nationale.

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Burundi Daily
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13.6.2022
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Gouvernance

Alors que le Code pénal burundais indique, en son article 2, que « seule la loi définit les éléments constitutifs de l'infraction et détermine les peines applicables », le Chef de l'Etat burundais joue au hors-la-loi et s' amuse à épingler des citoyens sous un chef d'accusation inexistant dans ce document de référence : « déstabiliser l'économie nationale ».

Depuis qu'il est aux commandes du pays, plusieurs têtes sont tombées, d'autres jetées en pâtures publiques pour « déstabilisation » de l'économie nationale.

La dernière victime en date est l'ex-directeur général de Kira Hospital Suisse Clinique, Christophe Sahabo, arrêté nuitamment il y a près de deux mois et conduit sans façon au cachot du sinistre Service des Renseignements burundais avant d'être transféré à la prison centrale de Mpimba, 45 jours après.

Il est notamment accusé de déstabiliser l'économie nationale. Sans attendre le verdict judiciaire, le chef de l'État a déjà déclaré qu'il mérite la prison. Ou, dans le contexte burundais, une telle déclaration venue directement du chef de l'Etat est synonyme d'appel au meurtre.

Et pour cause. Le Docteur Christophe Sahabo, membre de la communauté ethnique tutsie minoritaire et minorée, est le seul citoyen burundais laminé par le chef de l'Etat en public et mis au noir à la prison de Mpimba après près de deux mois de séjour au cachot du Service des Renseignements.

Ndayishimiye est donc à la fois dans le déni de la loi et dans l'aversion ethnique. Ses discours rassembleurs manquent de sincérité et sont trahis par ses actes.

Jusqu'ici, le général Evariste Ndayishimiye est le seul président burundais à indexer des citoyens pour un crime non prévu par la loi. En cela, il est lui-même attaquable en justice car l'un des principes fondamentaux du droit et de la justice est la légalité des délits et des crimes. Le principe est clair comme l'eau de roche : Nullum crimen nulla poena sine lege-

« Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement ».

En tant que magistrat suprême comme il le prétend, le président burundais a donc violé un principe de droit, contenu bel et bien dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Il est à rappeler que le Docteur Christophe Sahabo a été nuitamment cueilli dans son bureau par des agents du Service national des conduits de renseignement par le fameux Innocent Alfred Museremu, connu pour sa cruauté et son zèle dans la répression des opposants au plus fort de la contestation du 3ème mandat du défunt président, Pierre Nkurunziza. Il a été détenu au cachot du SNR pendant plus de 40 jours tandis que le président du Conseil d'administration, d'origine européenne, qui était avec lui a été forcé à retourner chez lui. Dans la foulée, le régime CNDD-FDD a été nommé un nouveau directeur général et un autre président du Conseil d'administration. Il a daigné en informer l'actionnaire principal en Suisse qui a tout rejeté en bloc par son avocat interposé.

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