Jeux de chaises musicales dans le service des renseignements militaires : Le président Ndayishimiye veut-il mettre fin aux disparitions forcées ou juste consolider son pouvoir ?

Autrefois considéré comme l'élément le plus discipliné et professionnel des services de sécurité, l'armée a sombré dans le chaos et a rejoint les pires éléments de l'appareil répressif. Depuis plus de 5 ans, au lendemain de la répression brutale de 2015 contre l'opposition au 3e mandat de Nkurunziza, le service militaire des renseignements s'attelle à kidnapper et tuer des militaires et autres civils soupçonnés d'être de mèche avec l'opposition ou les mouvements armés qui sapent le régime CNDD-FDD

Par
Burundi Daily
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12.1.2022
Categorie:
Politique

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye vient de nommer un nouveau patron des renseignements militaires (G2) en la personne du Général de brigade Silas Pacifique Nsaguye. Il remplace à pieds levés le Colonel Ernest Musaba.

Il n'est plus secret pour personne que le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye se méfie de certains as du crime qui colonisent le Service National des Renseignements, dont la plus part de cadres et agents sont toujours nostalgiques de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza; qui leur avait donné une carte blanche pour commettre des crimes les plus atroces que le pays ait connus.

Pour renforcer sa main dans un système à plusieurs pôles d'influence et qui se comporte comme une vrai mafia, le nouveau président veut placer ses hommes au centre et a la tête de l 'appareil répressif. Un appareil sur lequel dépend de plus en plus le système CNDD-FDD pour assurer sa survie. Ayant échoué sur presque tous les fronts de la vie nationale avec un bilan très mince pour ses plus de 15 ans au pouvoir, le système a tablé sur la force brute et la répression aveugle comme seule méthode privilégiée pour conserver le pouvoir à tout prix.

Selon des sources proches de la présidence burundaise, Evariste Ndayishimiye miserait beaucoup plus sur le volet militaire des renseignements (G2) pour consolider son pouvoir.

Le Chef de l'Etat s'active depuis un certain temps à placer des officiers qui lui sont à la fois proches et intimes pour coiffer le segment militaire chargé des renseignements dans le souci d'asseoir son pouvoir.

Autrefois considéré comme l'élément le plus discipliné et professionnel des services de sécurité, l'armée a sombré dans le chaos et a rejoint les pires éléments de l'appareil répressif. Depuis plus de 5 ans, au lendemain de la répression brutale de 2015 contre l'opposition au 3e mandat de Nkurunziza, le service militaire des renseignements s'attelle à kidnapper et tuer des militaires et autres civils soupçonnés d'être de mèche avec l'opposition ou les mouvements armés qui sapent le régime CNDD-FDD.

Les militants des droits de l'homme avaient toujours attiré l'attention de l'opinion nationale et internationale sur le carnage en live orchestré par le Service militaire de renseignement en collaboration avec le service de renseignement au sein du parti présidentiel, CNDD-FDD.

Le général Evariste Ndayishimiye était bel et bien au courant de ce courant mortifère. Cherche-t-il alors à faire d'une pierre deux coups? Consolider son emprise sur le pouvoir est un objectif évident, mais cherche-t-il aussi à apaiser les bailleurs et partenaires internationaux, en particulier l'UE qui restent réticents à se joindre aux États-Unis pour lever toutes les sanctions contre le Burundi ?

Pour tenter de lui barrer la route et arrêter une fois pour toutes le flot de sang d'innocents qui coule à l'ombre, certains disent que c'est le président burundais qui a fait arrêter le lieutenant-colonel Libère Niyonkuru, responsable adjoint du service de renseignements militaires ainsi que deux sous-officiers jugés fort impliqués dans de nombreux cas d'enlèvements, séquestration et lynchages.

Il s'agit de l'adjudant-major Onesphore Ndayishimiye et de l'adjudant chef Jean Bosco Ahishakiye. Ils seraient détenus au Service national des renseignements (SNR) depuis fin octobre 2021.

Après des années de léthargie et de laisser-faire, Evariste Ndayishimiye aurait-il décidé de décider ? Rien n'est moins sûr.

D'aucuns l'attendent encore sur des faits concrets sur terrain. Il a encore à faire pour prouver qu'il est réellement au dessus de la mêlée.

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