La malédiction d'un sous sol riche en minérais frappe le Burundi

Rainbow Mining triche sur la teneur en déclarant systématiquement des teneurs non variables autour de 54%, alors que les analyses chimiques effectuées dans un laboratoire de l'Université du Burundi sur les mêmes échantillons (avec un équipement et un protocole répondant aux standards internationaux) ont révélé une teneur irréfutable de 80.9%. Du coup, cela a pour conséquence une fraude sur la quantité du produit fini.

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Burundi Daily
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20.4.2021
Categorie:
Economie

Grugé par un contrat truqué d'avance, l'Etat burundais suspend l'exploitation des terres rares de Gakara.

L'aveu vient du Premier ministre Alain Guillaume Bunyoni, l'exploitation des terres rares de Gakara se fait uniquement au profit de Rainbow Mining Burundi, une société minière qui exploite ce gisement depuis 2017.

«Nous avons constaté que l'Etat y perd beaucoup d'argent et il n'y a de transparence ni sur le produit fini ni sur les minerais connexes emportés, nous avons donc pris la décision de suspendre l'exploitation de ces minerais », a-t-il déclaré devant un parterre de sénateurs burundais.

D'entrée de jeu, rappelons qu'une société londonienne Rainbow International Resources Ltd (RIR), détenteur du Titre Minier (octroyé par l'ancien Ministre Côme Manirakiza), détient 90% d'actions dans Rainbow Mining Burundi contre 10% pour l'Etat burundais. Il s'agit aussi d'une des succursales du géant Rainbow Rare Earths Ltd, basé à Guernesey, une île autonome du Royaume Uni (UK). Il sied d'ajouter, pour être plus complet, que Monsieur Gilbert Mudende, Directeur Général de Rainbow Mining Burundi est aussi actionnaire dans Rainbow Rare Earths. Voilà le décor planté.

Pour revenir sur les supposées révélations de Bunyoni, d'aucuns estiment que le premier ministre burundais, Alain Guillaume Bunyoni, n'a fait que dévoiler un secret qui n'en était plus un ni pour lui ni pour le public averti.

Les observateurs avertis situent le flou artistique qui entoure l'exploitation de ces terres rares à deux niveaux: non-respect des engagements et vol systématique de ces terres rares.

Pour ce qui est des promesses non tenues, il a été signalé que la société minière qui exploite la mine de Gakara depuis décembre 2017 n'a jamais libéré son capital tel que le prévoit la Convention Minière et le Code Minier du Burundi. Elle exploite la mine gratuitement, avec comme fonds de roulement les recettes des ventes d'un produit qui, en définitive, ne lui appartient pas.

Pour ce qui est du vol systématique des produits, il est plutôt multidimensionnel.

D'abord parce que le produit à exploiter n'a jamais été défini dès le départ dans le Code Minier. Or, le « produit », c'est uniquement cette matière issue du gisement que le titulaire du titre minier s'engage à produire et commercialiser. Dans la Convention minière, le produit a été malignement défini comme étant « le concentré de terres rares ». Or, un concentré n'est rien d'autre qu'un intermédiaire entre le minerai brut et le produit fini.

L'entreprise triche sur la teneur en déclarant systématiquement des teneurs non variables autour de 54%, alors que les analyses chimiques effectuées dans un laboratoire de l'Université du Burundi sur les mêmes échantillons (avec un équipement et un protocole répondant aux standards internationaux) ont révélé une teneur irréfutable de 80.9%.  Du coup, cela a pour conséquence une fraude sur la quantité du produit fini. Car pour 100 tonnes de concentré vendu, il en sera extrait 54 tonnes de produit fini alors qu'en réalité c'est 80.9 tonnes, une différence de presque 27 tonnes.

Enfin, vient la magouille autour du prix du concentré. La société « prétend » vendre 1kg de concentré de ces terres rares à environ 1.8 USD. Or, selon des experts du domaine, le produit fini extrait du même kilo de concentré de terres rares coûte plus de 6500 USD! C'est donc vraisemblablement ce dernier montant que Rainbow International Resources Ltd empoche tout en déclarant à l'Etat burundais, 1.8 USD comme recette de vente.

Bien d'autres irrégularités émaillent le circuit d'exploitation et de commercialisation des terres rares de Gakara. Le gouvernement burundais vient de tout suspendre en attendant d'y voir plus clair.

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