Le chef de l'Etat burundais n'a aucune notion basique sur l'inflation qui plombe le marché local
Dans un creux et pompeux discours à la Nation délivré ce mercredi à l'occasion de la commémoration du 4ème anniversaire de son investiture, le général Evariste Ndayishimiye a amusé la galerie par cette déclaration doublement fracassante et idiote : « Les lamentations actuelles des Burundais portent sur la pénurie des produits importés et non sur leur capacité financière à s'en procurer ». Evariste Ndayishimiye les a pris alors pour des « ingrats ».
C'est sidérant. Alors que les Burundais font face à une pénurie systématique de tout et tout le temps, le chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye les prend pour « des ingrats », incapables de remercier le Tout Puissant qui leur a donné des richesses enviables à l'échelle planétaire.
Dans un creux et pompeux discours à la Nation délivré ce mercredi à l'occasion de la commémoration du 4ème anniversaire de son investiture, le général Evariste Ndayishimiye a amusé la galerie par cette déclaration doublement fracassante et idiote : « Les lamentations actuelles des Burundais portent sur la pénurie des produits importés et non sur leur capacité financière à s'en procurer ». Evariste Ndayishimiye les a pris alors pour des « ingrats ».
Voilà la quintessence de son discours circonstanciel d'hier nuit. Car mise à part une épaisse logorrhée aux allures de propagande qui a marqué le reste de son message, le chef de l'Etat n'a rien dit sur les multiples questions épineuses et complexes qui préoccupent le citoyen Lambda.
Aucune idée sur sa stratégie personnelle pour disponibiliser, enfin, le carburant qui ne se vend plus qu'au noir et à prix d'or dans certains quartiers comme Buyenzi ou dans les confins voisins de la RDC comme Gatumba et Cibitoke. Aucune allusion aux militaires fauchés sur le champ de bataille à l'est de la RDC ou déjà pris en otage par le M23. Aucun mot pour freiner la flambée effrénée du dollar ou de l'euro, ni pour faire barrage aux criminels qui rivalisent d'ardeur pour kidnapper, tuer ou torturer de paisibles citoyens perçus comme des opposants, réels ou supposés.
Pour revenir sur sa lecture de la vraie fausse pauvreté des Burundais, le chef de l'Etat a affirmé que les Burundais ont beaucoup d'argent. Qu'ils sont simplement en manque de produits importés à acheter. En économie monétaire, cela s'appelle tout simplement l'inflation galopante. Elle se définit en effet comme « un accroissement excessif des instruments de paiement (billets de banque, capitaux) entraînant une hausse des prix et une dépréciation de la monnaie ».
Inflation. Trop de monnaies derrière trop peu de biens. Mais derrière ce phénomène se trouve aussi l'effet induit de la planche à billets.
Selon des économistes avisés, pour se donner bonne conscience, la banque centrale du Burundi accorde souvent une avance au Trésor public qui se traduit par une injection de liquidités dans l'économie sans contrepartie de production. Cela ne reflète en rien la richesse des citoyens, ni du pays.
C'est ainsi que le Burundi reste toujours lanterne rouge en matière de maîtrise de l'inflation au niveau de la Communauté des Etats d'Afrique de l'est, CAE.
Parmi les critères de convergence de la CAE pour la création d'une monnaie unique (à l'horizon 2025) figure la maîtrise de l'inflation autour de 4%. Les économistes expliquent que le but de ce plafonnement est de stabiliser les économies de la sous-région. Une forte inflation pousserait les habitants à franchir les frontières pour s'approvisionner là où les prix sont abordables. D'où le risque d'exode vers les autres pays membres.