Inquiétant trafic d'êtres humains entre Gitega et Riyad : Au moins 17.000 Burundais ont déjà franchi la frontière de Riyad
Les « ramifications de ce trafic, organisé par Bujumbura sous couvert d'un contrat bilatéral signé avec Riyad, remontent à des hommes puissants burundais qui ont engrangé des profits substantiels sans jamais être inquiétés, malgré leur non-respect des réglementations nationales et les violations flagrantes des droits humains. L'État, les agences de recrutement burundaises et saoudiennes, les intermédiaires véreux... Tous s'enrichissent sur le dos de ces travailleurs vulnérables », rapportent les enquêteurs, médusés.
C'est désormais officiel. Ces dernières années, le régime burundais estampillé CNDD-FDD a fait le lit aux trafics d'êtres humains entre Gitega et Riyad en Arabie Saoudite. Environ 17.000 Burundais sont déjà partis vers l'Arabie Saoudite, selon des statistiques. Plutôt que d'épanouir ceux ou celles qui partent, ce trafic humain engraisse les caciques du régime du CNDD-FDD qui ont d'ailleurs signé un accord avec Riyad en 2021.
Cet accord stipule, entre autres, que « les parties mettront en place un système mutuellement acceptable de recrutement, de déploiement et de rapatriement des travailleurs domestiques burundais en vue d'un emploi au Royaume d'Arabie saoudite, conformément aux lois, règles et réglementations en vigueur ». De plus, le contrat de travail doit être accepté par les autorités compétentes des deux pays et respecté par les parties contractantes (employeur, travailleur domestique, bureau de recrutement saoudien et agence de recrutement burundaise). Il est également stipulé que les agences de recrutement des deux pays et l'employeur ne doivent ni facturer ni déduire du salaire du travailleur domestique aucun frais relatif à son recrutement et à son déploiement.
Près de quatre ans après, des appels tous azimuts alarment sur les cas de trafic des êtres humains dont les Burundais sont victimes. C'est le cas de la plateforme d'investigation Ukweli, spécialisée dans la région des Grands Lacs, en partenariat avec Afrique XXI et Africa Uncensored, qui ont enquêté sur cette exportation de main-d'œuvre vers l'Arabie saoudite. Malheureusement, ici comme ailleurs, les cupides du régime DD y sont pour beaucoup.
Car les « ramifications de ce trafic, organisé par Bujumbura sous couvert d'un contrat bilatéral signé avec Riyad, remontent à des hommes puissants burundais qui ont engrangé des profits substantiels sans jamais être inquiétés, malgré leur non-respect des réglementations nationales et les violations flagrantes des droits humains. L'État, les agences de recrutement burundaises et saoudiennes, les intermédiaires véreux... Tous s'enrichissent sur le dos de ces travailleurs vulnérables », rapportent les enquêteurs, médusés.
Pour rappel, en 2023, la situation des travailleuses émigrées burundaises, le comportement des agences de recrutement et l'incapacité de l'État à protéger ses ressortissants étaient pointés du doigt dans un rapport du gouvernement américain sur la traite des êtres humains.
«Des observateurs ont noté l'incapacité du gouvernement à garantir que les entreprises de recrutement de main-d'œuvre ne se livrent pas à la traite», indique le document.