Le chiffrage ethnique des fonctionnaires burundais est une grave entorse à la loi (SOS-TORTURE)

Par
Burundi Daily
on
22.12.2020
Categorie:
Politique

L’ONG des droits de l’homme SOS-TORTURE/Burundi condamne énergiquement le récent recensement des salariés de l’Etat burundais avec mention ethnique sous le prétexte de respect des équilibres d’Arusha.

Dans un rapport publié mardi, cette organisation considère cette initiative du régime CNDD-FDD comme « une violation flagrante de la loi N° 01/ 09 du 17 mars 2005 portant distinction des fonctions politiques et des fonctions techniques ».

« Dans son article 2, cette loi définit la fonction politique comme tout emploi public dont l’accès est fondé sur des choix politiques et relève d’une procédure discrétionnaire ou élective», fait remarquer SOS-TORTURE/BURUNDI.

Parlant des fonctions techniques, la même loi précise en son article 5 que les fonctions techniques sont celles «dont l’accession est dictée par les seuls critères de compétence et de mérite. Elles se caractérisent par la stabilité et la continuité et sont régies par des lois spécifiques».

Du 26 octobre au 6 novembre 2020, le gouvernement burundais a opéré à l’échelle nationale le recensement de tous les fonctionnaires dont la rémunération émarge du budget général de l’Etat.

Chaque fonctionnaire devrait remplir, sous l’œil vigilant de son supérieur hiérarchique, un formulaire de 109 questions dont certaines étaient notoirement embarrassantes, notamment celles relevant de la sphère privée comme l’ethnie, l’e-mail personnel et privé, les enfants pris en charge, l’ethnie, la géo localisation par GPS (Global Positioning System), le compte bancaire, l’appartenance syndicale, etc.

Les résultats de cette opération ont été rendus publics par la Présidence de la République dans un communiqué selon lequel l’effectif brut des fonctionnaires est de 129 287. Ce décompte ne prend pas en compte les fonctionnaires en détention, hospitalisés ou se trouvant à l’extérieur du pays au moment du recensement.

Selon cette ONG des droits de l’homme, ce recensement digitalisé ne s’inscrit pas dans la droite ligne de l’engagement initial du général Evariste Ndayishimiye.

Le nouveau Président de la République s’était en effet engagé lors de son discours d’investiture le 18 juin dernier, à « bâtir le Burundi sur des bases solides à savoir : la Bonne Gouvernance, le Respect et la Protection des Droits de la Personne Humaine ».

«La Bonne Gouvernance commence par la mise en place d’un gouvernement pour tous où le Chef de l’État, garant de la bonne marche des institutions, se soucie en permanence de l’avenir de ses citoyens, qui en retour lui doivent respect et obéissance», a-t-il déclaré. Reste à savoir de quels citoyens il s’agit, au juste.

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