Le Coup d'Etat en Guinée vu à travers des lunettes du président burundais

A l'instar du Guinéen Alpha Condé, avide de mandats mais brusquement éjecté à l'entame de son 3ème fort controversé, l'ancien président burundais, Pierre Nkurunziza, a échappé de peu au tragique destin d'Alpha Condé, coulé par un coup d'Etat.A y regarder de très près, le ressort de l'obsession du coup d'Etat qui, au Burundi, hante le successeur de Pierre Nkurunziza n'est autre que sa conviction d'être aussi assis sur une chaise éjectable suite au chaos artistique entretenu par le régime CNDD-FDD, qui tue, emprisonne, exile et pille le peu qui reste de l'économie.

Par
Burundi Daily
on
9.9.2021
Categorie:
Politique

Dimanche matin, quelques heures après l'annonce du coup d'État qui a renversé le président guinéen, Alpha Condé, le président burundais, Evariste Ndayishimiye a été le premier chef d'Etat en fonction à se fendre d'un tweet pour condamner l'acte et appeler au retour constitutionnel.

Evariste Ndayishimiye s'engouffre dans la brèche du coup d'Etat guinéen, pour dédouaner le système CNDD-FDD et légitimer la crise burundaise de 2015 dont les coupables ne seraient autres que les auteurs de la tentative de coup d'Etat du 13 mai 2015, contre l'ancien président Pierre Nkurunziza.

« Je condamne de la manière la plus ferme le coup d'Etat en République de Guinée et j'appelle au calme et au retour à l'ordre constitutionnel », a déclaré dimanche matin, le général Evariste Ndayishimiye.

Alpha Condé dans les mains des militaires putschistes

A l'instar du Guinéen Alpha Condé, avide de mandats mais brusquement éjecté à l'entame de son 3ème fort controversé, l'ancien président burundais, Pierre Nkurunziza, a échappé de peu au tragique destin d'Alpha Condé, coulé par un coup d'Etat.

A y regarder de très près, le ressort de l'obsession du coup  d'Etat qui, au Burundi,  hante le successeur de Pierre Nkurunziza n'est autre que sa conviction d'être aussi assis sur une chaise éjectable suite au chaos artistique entretenu par le régime CNDD-FDD, qui tue, emprisonne, exile et pille le peu qui reste de l'économie  nationale.

Le 4 septembre 2021, les militaires guinéens ont réussi là où des militaires burundais ont échoué le 13 mai 2015. Là-bas, ils ont secoué le cocotier et ont fait tomber le mammouth. Ici, le mammouth s'accroche encore et continue à pomper l'économie et à faire tomber des têtes. Pourtant, les deux chefs d'Etat étaient coupables d'un même péché capital : l'irrésistible attrait pour un 3ème mandat. Autant Alpha Condé avait changé la constitution pour pouvoir briguer un 3ème mandat, autant Pierre Nkurunziza avait essayé, en vain, le même stratagème en 2014 ; avant de violer la constitution en briguant un 3ème mandat illégal à tous points de vue.

Le climat politique qui prévalait en Guinée ressemble à celui du Burundi comme deux gouttes d'eau.

En Guinée, les militaires au pouvoir semblent bénéficier de l'adhésion d'une large partie de la population.

Au Burundi, aux premières heures de la tentative de putsch en 2015, des scènes de liesse ont eu lieu un peu partout dans le pays, surtout à Kamenge, bastion hutu en mairie de Bujumbura.

Les manifestations de joie dans les quartiers de Kamenge, Buterere et Mutakura, au nord de Bujumbura, ont été le théâtre d'un symbole en soi.

L'actuel président burundais le sait, mieux que quiconque. Car il est témoin oculaire des multiples dérapages de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza. Certains affirment même qu'à l'approche des élections de 2015, ce général était plus proche des frondeurs (militants du CNDD-FDD anti-troisième mandat) que du Président têtu et avide de mandats.

Son empressement à condamner le coup d'Etat en Guinée et à appeler au retour à l'ordre constitutionnel rime avec un soutien inconditionnel à un homologue avec qui il partage les visées et le destin.

Mais son soutien à Alpha Condé laisse encore plus de questions sur son attachement aux valeurs de justice et de bonne gouvernance dont il se réclame défenseur.

Il y a quelques jours, Evariste Ndayishimiye a vilipendé les juges et autres magistrats, les accusant de gruger le peuple. Est-ce à dire qu'il croit à ce qu'il dit ? Rien n'est moins sûr.

Tags:
Pas de Tags