Les démêlées judiciaires de Pierre Buyoya et ses apparatchiks tournent-elles définitivement la page «ARUSHA» ?

Pierre Buyoya vient de démissionner de son poste de Haut Représentant de l’UA au Mali et Sahel. Il a déclaré aux médias qu’il allait se « défendre pour sa réhabilitation et son honneur». Ses aides, non moins puissants, se sont vus coffrés pour le reste de leur vie et dépouillés de tous leurs biens. Des géants d’hier réduits aujourd’hui en néants. L'ancien président burundais est resté énigmatique quant à la manière dont il entend se battre pour sa réhabilitation. Pourra-t-il se battre enfin pour réhabiliter l’Accord d’Arusha, perçu comme un rempart pour l’unité et la cohésion sociale au Burundi ? Rien n’est moins sûr. Et ses anciens aides, accepteront-ils de boire la coupe de l’humiliation jusqu'à la lie? Time will tell.

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Burundi Daily
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28.11.2020
Categorie:
Politique



Perpète et démission de son prestigieux poste en moins de deux mois pour l’ancien Président burundais Pierre Buyoya en plus de l’exil, séquestration et réification de ses anciens collaborateurs ainsi que la spoliation des biens de toute personne associée de près ou de loin à cet ancien président dit « putschiste récidiviste » ; tels sont les coups soigneusement déployés et placés avec précision chirurgicale par le système DD pour en découdre avec le fameux « réseaux Buyoya ».

Depuis le 3ème mandat contesté de feu le Guide Suprême, les choses vont du mal en pis pour les artisans clés de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation des Burundais (Août 2000) devenus désormais témoins oculaires de sa totale déprédation par le régime CNDD-FDD.

L'ex President Burundais Pierre Buyoya, Jean-Bosco Ndayikengurukiye, l'ex chef des factions rebelles de la Défense de la Démocratie (FDD)  et l'ex chef des factions rebelles des Forces de libération nationale (FNL) Alain Mugarabona signent des documents après avoir conclu un cessez-le-feu 07 octobre 2002 à Dar Es Salam



Laborieusement négocié et imposé à une opposition réticente par Pierre Buyoya et ses aides, le pouvoir CNDD-FDD a jeté à la poubelle l’Accord d’Arusha comme une feuille avec laquelle on a fini de se torcher. Pourtant, cet accord avait mis fin à une décennie de guerre civile au Burundi et avait placé le CNDD-FDD à la tête du pays.

Mais les questions fusent de partout quant à la stratégie du régime CNDD-FDD : en tournant définitivement le dos à ce précieux Accord d’Arusha (esprit et lettre), le régime CNDD-FDD ne rouvre-t-il pas la boîte de Pandore pour le pays qu’il prétendait vouloir désembourber ?  

D’aucuns estiment en effet qu’en foulant aux pieds cet Accord historique et en canardant ses anciens protagonistes, le régime CNDD-FDD vient de créer plus de problèmes qu’il n’en a résolu.

Partons d’abord de ces factuels : Pierre Buyoya vient de démissionner de son poste de Haut Représentant de l’UA au Mali et Sahel. Il a déclaré aux médias qu’il allait se « défendre pour sa réhabilitation et son honneur ». Ses aides, non moins puissants, se sont vus coffrés pour le reste de leur vie et dépouillés de tous leurs biens. Des géants d’hier réduits aujourd’hui en néants.

Condamné et activement recherché par la justice burundaise, l’ancien président burundais est resté énigmatique quant à la manière dont il entend se battre pour sa réhabilitation. Pourra-t-il se battre enfin pour réhabiliter l’Accord d’Arusha, perçu comme un rempart pour l’unité et la cohésion sociale au Burundi ? Rien n’est moins sûr.

En outre, une bonne frange d’anciens puissants dignitaires qui l’ont servi est aussi dans l’œil du cyclone. Biens saisis et mis en vente aux enchères, détentions et emprisonnements à la pelle, progéniture désormais démunie, humiliation par des d’imposteurs-libérateurs qui avaient pourtant été battus de manière convaincante sur les champs de bataille. Accepteront-ils de boire la coupe de l’humiliation jusqu'à la lie? Time will tell.

Ils avaient pourtant pris une posture de résignation. Eux qui hier encore prétendaient se battre becs et ongles pour la cause de la minorité tutsie aujourd’hui humiliée et exclue (au propre comme au figuré) par le régime CNDD-FDD avaient opté pour le silence et l’apaisement face au forcing et atrocités du système DD. Ils se retrouvent désagréablement sous la chasse de leurs anciens partenaires "Arushiens". Leur lendemain est aussi incertain que celui de leur ex-Boss.

Auront-ils encore des moyens (physiques et matériels) pour défendre leurs biens par le truchement de la réhabilitation de l’Accord d’Arusha ? Le doute est encore de mise. Surtout que le régime en place semble avoir trouvé dans la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015 un chef d’accusation qui colle à ses opposants réels ou pris comme tel.

Cette « magique » étiquette de « putschiste » est désormais l’arme de choix du régime du parti de l’aigle pour designer, coffrer et de dépiauter tout opposant, réel ou présumée.

Cette nouvelle phase de la chasse à l’homme que vient d’entamer le CNDD-FDD et qui visiblement vise à en découdre avec la vieille garde témoigne de l’hubris d’un régime brutal devenu confiant en ses méthodes brutales et sa capacité à broyer tout obstacle sur son chemin vers un contrôle total du pouvoir.
Cet hubris sera-t-il le tendon d'Achille d'un régime qui a accédé au pouvoir sur le dos de la promesse d'un pouvoir consensuel tel qu'institué par les accords d'Arusha ?

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