Les dessous du débarquage de BMM du terroir de Musongati ou le contrat de la honte au Burundi

Bien que le contrat est retiré de BMM pour être cédé à une autre société, le ver reste dans le fruit. Car la gangrène de corruption et de l'attrait du gain illicite est systémique pour le régime CNDD-FDD. Selon des observateurs avisés, les Burundais ne devraient pas jubiler à outrance, ni s'exclamer outre mesure. Dans un contexte de mal gouvernance, les minerais et les matières premières ne riment pas forcément avec richesses nationales. Mais un bon leadership, une bonne vision de développement, de respect des droits humains mènent immanquablement au développement.

Par
Burundi Daily
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15.3.2022
Categorie:
Economie

C'est déjà dit et officiel. Le 3 mars 2022, le chef de l'Etat burundais, Evariste Ndayishimiye a annulé le permis d'exploitation du gisement de nickel, et autres minerais associés, sur le périmètre de Musongati, province de Rutana.

Ce permis avait été accordé à la société Burundi Mining Metallurgy International, BMM en juin 2014 par feu Pierre Nkurunziza, Président du Burundi à l'époque.

Jusqu'ici, le citoyen Lambda ignorait les réels termes du contrat même si tout le monde s'accordait à reconnaître l'existence sous-jacente d'avantages clairs et nets pour le Chef de l'Etat à qui l'entreprise doit le permis.

Après le départ surprise (au propre comme au figuré) de l'ancien Chef de l'Etat, la mèche a été vendue et son dauphin de président, le général Evariste Ndayishimiye, a fouiné dans le dossier, a tout vu et vite compris.

Finalement, vues sous le prisme de l'intérêt public et essentiellement général, les relations entre BMM et la famille Nkurunziza étaient épouvantablement révoltantes à plus d'un titre.

Selon le prescrit du contrat chamboulé par le Général Evariste Ndayishimiye, cette entreprise s'était fait un Etat dans l'autre. Disposant pour elle-même d'un espace qu'aucune autorité burundaise n'avait le droit de fouler, fût-elle ministre des mines.

Selon des sources proches de la présidence burundaise, ce contrat de la honte regorgeait de beaucoup d'indécents secrets d'alcôves pour le défunt président, Pierre Nkurunziza, qui en avait négocié les termes à son unique avantage.

En effet, BMM est finalement la société minière qui mettait son avion à la disposition de l'ex-Première Dame Denise Nkurunziza pour aller se faire soigner/accoucher et, en contrepartie de ce prêt inhabituel, l'Etat burundais devrait lui payer une bagatelle de 30 millions de francs burundais par jour

Autre révélation déconcertante : l'avion que le général Alain Guillaume Bunyoni a présenté au public en 2016 comme étant un jet présidentiel flambant neuf (mais qui n'a jamais volé dans les airs) avait été prêté à l'Etat burundais par BMM.

Le Président burundais a donc pris une décision courageuse, à ses risques et périls.

Reste que, pour prouver que le général Evariste Ndayishimiye n'est pas l'alter ego de Pierre Nkurunziza, il doit aller plus loin. Établir des responsabilités et châtier les coupables à l'aune de leur cruauté.

Pour rappel, ce contrat était estimé à une valeur de plus d'un milliard de dollars américains. Le site de Musongati, compte plus de 150 millions de tonnes de réserves de nickel et pourrait être exploité pendant plus de 50 ans

Avec 85% des actions, contre 15% pour l'Etat burundais, BMM avait signé une convention d'exploitation du nickel pour une période de 25 ans renouvelable pour dix ans. Il était prévu d'exploiter 8.000 tonnes de nickel en 2015, 100. 000 tonnes en 2016 et un million de tonnes en 2020.


Même si les chiffres sont abyssaux et que le contrat est retiré de BMM pour être peut-être cédé à une autre société, le ver reste dans le fruit. Car la gangrène de corruption et de l'attrait du gain illicite est systémique pour le régime CNDD-FDD.

Selon des observateurs avisés, les Burundais ne devraient pas jubiler à outrance, ni s'exclamer outre mesure. Dans un contexte de mal gouvernance, les minerais et les matières premières ne riment pas forcément avec richesses nationales. Mais un bon leadership, une bonne vision de développement, de respect des droits humains mènent immanquablement au développement.

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