Sauvé de la noyade par l'Accord d'Arusha, le Burundi est happé par la gueule des «sécurocrates» du CNDD-FDD

Cet Accord historique avait pourtant mis fin à une décennie de guerre civile et ressoudé le tissu social alors horriblement écartelé. Selon une récente analyse de l'Institut français des relations internationales (IFRI), l'Accord d'Arusha est étranger aux institutions issues des élections générales de 2020. Le Burundi est contrôlé de bout en bout par des «sécurocrates» de l'ancien mouvement rebelle CNDD-FDD ou «les leaders militaires du mouvement pendant la guerre civile».‍

Par
Burundi Daily
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19.3.2021
Categorie:
Politique

Avec la nouvelle constitution de juin 2018, le régime CNDD-FDD a jeté l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation des Burundais (août 2000) comme une feuille avec laquelle on a fini de se torcher.

Cet Accord historique avait pourtant mis fin à une décennie de guerre civile et ressoudé le tissu social alors horriblement écartelé.

Selon une récente analyse de l'Institut français des relations internationales (IFRI), l'Accord d'Arusha est étranger aux institutions issues des élections générales de 2020. Le Burundi est contrôlé de bout en bout par des «sécurocrates» de l'ancien mouvement rebelle CNDD-FDD ou «les leaders militaires du mouvement pendant la guerre civile».

« Alors que, conformément à l'accord d'Arusha, la Constitution de 2005 faisait de l'inclusivité politique et ethnique le principe d'organisation des institutions, la révision constitutionnelle de 2018 orchestrée par le CNDD-FDD a mis fin à l'obligation d'inclusion politique en supprimant le principe de majorité des deux tiers des voix pour adopter une loi, le seuil de 5 % des votes aux élections législatives pour faire partie du gouvernement et les sièges réservés aux anciens présidents au Sénat. Les institutions issues des dernières élections sont donc les premières institutions post-Arusha et consacrent la domination sans partage du CNDD-FDD ».


Les grosses pointures du régime sont issues du CNDD-FDD.


« Le Premier ministre est Alain Guillaume Bunyoni, un pilier du système sécuritaire burundais depuis près de 15 ans et commissaire de police général. Le ministère de l'Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique est désormais représenté par Gervais Ndirakobuca, alias Ndakugarika, également commissaire de police en chef. Tous deux sont issus du cercle des généraux, le centre décisionnel du CNDD-FDD. Ils sont également sous sanctions internationales de l'Union européenne (UE) et des États-Unis d'Amérique pour leur rôle dans la répression sanglante des manifestations de 2015 ».


Le CNDD-FDD domine également l'Assemblée nationale et le Sénat.

Le groupe parlementaire du CNDD-FDD occupe 86 sièges des 123 que compte l'Assemblée nationale.


« Fort de ses 70 % de députés, le parti au pouvoir a toute latitude pour réviser toute loi ou faire aboutir ses projets de loi sans la moindre concertation avec les autres groupes parlementaires. En réalité, les élections législatives ont permis de recycler et récompenser des ministres sortants et de redistribuer des prébendes au sein du CNDD-FDD ».


Ainsi, ces élections législatives se sont traduites par un important renouvellement des députés du parti (seuls 13 % des députés de l'ancien groupe parlementaire du CNDD-FDD ont été réélus) afin de faire bénéficier d'autres cadres de cette position enviée. Quatre ministres et un vice-président de la République issus du précédent gouvernement sont recyclés comme députés.


L'Institut Français des Relations Internationales, IFRI, est un des principaux centres indépendants de recherche, d'information et de débat sur les grandes questions internationales.

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