Transparence du budget public : Les oligarques du régime burundais s'en font plein les poches en toute discrétion
Alors qu'il était l'invité de cette chambre du Parlement, un député très culotté à daigné demander à Domitien Ndihokubwayo, d'expliquer pourquoi rien n'est mentionné sur la ligne budgétaire consacrée aux fonds générés par des militaires engagés dans des opérations de maintien de la paix. A la grande surprise de l'assistance, la réponse ministérielle fut aussi évasive que honteuse. « Pour un enfant bien éduqué à la burundaise, il est indélicat de dire ce que l'on a mangé, je ne vais donc pas tout vous dire ici ; d'ailleurs ce n'est pas bon de tout dire à n'importe qui ...»
Le Burundi ne cesse de battre ses propres records sur le terrain de l'insolite. Le dernier en date vient du ministre des finances, Domitien Ndihokubwayo, qui a récemment chosifié les députés en refusant publiquement d'éclairer leur lanterne sur la part des fonds générés par les missions de maintien de la paix dans le monde (Somalie, Centrafrique, etc.).
Alors qu'il était l'invité de cette chambre du Parlement pour le vote du projet de loi de finances exercice 2022/2023, un député très culotté à daigné demander à Domitien Ndihokubwayo, d'expliquer pourquoi rien n'est mentionné sur la ligne budgétaire consacrée aux fonds générés par des militaires engagés dans des opérations de l'ATMIS en Somalie ou encore la MINUSMA en République centrafricaine.
A la grande surprise de l'assistance, la réponse ministérielle fut aussi évasive que honteuse. « Pour un enfant bien éduqué à la burundaise, il est indélicat de dire ce que l'on a mangé, je ne vais donc pas tout vous dire ici ; d'ailleurs ce n'est pas bon de tout dire à n'importe qui ; mais si vous voulez le savoir venez dans mon bureau », a déclaré, devant les députés en plénière, le ministre en charge des finances.
Venue directement d'un ministre s'exprimant face aux députés, une telle réponse laisse sans voix.
D'abord parce qu'il les prend pour « n'importe qui » alors que ce sont eux qui votent des lois et en contrôlent la mise en œuvre.
Ensuite, parce que le ministre recourt à une métaphore de « manger » qui cadre tragiquement avec le contexte burundais où les autorités confondent la caisse de l'état à leur porte-monnaie.
« On ne doit pas dire ce qu'on a mangé lorsqu'on est bien éduqué». Voilà qui résume tout.
Confus et contrariés, les députés ont hésité pour approuver le projet de lois. Seuls quelques inconditionnels du CNDD-FDD qui lèvent la main les yeux fermés ont dit oui. Au final, le projet a été approuvé avec un peu plus de 70% de voix pour.
Sous d'autres cieux, le ministre Domitien Ndihokubwayo devrait quitter immédiatement l'équipe gouvernementale pour avoir infantilisé les députés.
Ainsi, si les députés sont sommés par un ministre de la fermer, au sujet d'une simple question sur la transparence du budget public, qu'en sera-t-il pour un citoyen Lambda ?
Puisque les députés transcendent un ministre, fût-il celui des finances. Et pour cause. Parmi les missions de l'assemblée nationale figure (art30.) l'obligation de donner des avis techniques sur le projet de loi des finances ; et (art28) celle d'émettre des avis juridiques sur des projets de lois et des textes divers.