Accord d’Arusha : points de vue croisés sur un avenir incertain d’un compromis historique (Initiative de MAP-Burundi Buhire)

« Il faut obligatoirement réhabiliter cet Accord qui constitue un compromis historique », a déclaré le Président de MAP-Burundi Buhire, Emery Pacifique Igiraneza. A l’occasion, le Président de MAP-Burundi Buhire a rappelé que ce même appel a été lancé par l’ONU le 4 décembre dernier, lors du retrait du Burundi de l’Agenda du Conseil de sécurité de l’ONU. «L’ONU a exhorté les garants de l’Accord d’Arusha à se rassurer quant à son application», a martelé Emery Pacifique Igiraneza.

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15.3.2021
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Le Mouvement politique MAP-Burundi Buhire a organisé ce week-end, via visioconférence, un débat franc et ouvert sur l’avenir de l’Accord de paix pour la réconciliation des Burundais signé à Arusha en août 2000 qui a mis fin à une décennie de guerre civile aux dimensions génocidaires (Accord d’Arusha).


Les intervenants étaient, pour la plupart, des personnalités burundaises en exil, en l’occurrence le Président de MAP-Burundi Emery Patrick Igiraneza, les anciens leaders du parti UPRONA Luc Rukingama et Charles Nditije ….. ; ainsi que l’acteur de la société civile Anschaire Nikoyagize. A ceux-là s’ajoute l’opposant et Uproniste (aile non officielle) Tatien  Sibomana, qui participait depuis Bujumbura.


D’entrée de jeu, le ton était pessimiste d’un bout à l’autre. En effet, alors que le parti CNDD-FDD aux affaires depuis 2005 a quasiment déjà jeté ce précieux outil de réconciliation laborieusement négocié au prix des moyens faramineux, d’aucuns estiment encore aujourd’hui qu’il est urgent de le réhabiliter et d’en faire une référence obligée en matière de gouvernance.

« Il faut obligatoirement réhabiliter cet Accord qui constitue un compromis historique », a déclaré le Président de MAP-Burundi Buhire, Emery Pacifique Igiraneza. A l’occasion, le Président de MAP-Burundi Buhire a rappelé que ce même appel a été lancé par l’ONU le 4 décembre dernier, lors du retrait du Burundi de l’Agenda du Conseil de sécurité de l’ONU.  «L’ONU a exhorté les garants de l’Accord d’Arusha à se rassurer quant à son application», a martelé Emery Pacifique Igiraneza.


Tout en appuyant cette idée de réhabiliter l’Accord d’Arusha, le Professeur Charles Nditije qui revendique encore la présidence du parti Uprona (et qui en contrôle une aile non officielle) a déclaré qu’il illusoire, pour les Burundais, de compter sur l’extérieur. Le salut du Burundi sera tributaire d’une dynamique interne ou ne sera pas.


«Le sauveur du Burundi ne viendra pas de l’extérieur. C’est nous-mêmes, car quand les gens ne sont plus capables de défendre leurs droits, c’est qu’ils se résignent à  l’esclavage», a déclaré Charles Nditije.

Pour aider le pays à voir le bout du tunnel, le Professeur Charles Nditije a appelé à un «vaste mouvement d’interethnique résistance pour la réhabilitation de l’Accord d’Arusha».


«Tous ensemble, nous pouvons redonner aux Burundais le droit de vivre libres dans leur pays, mais il faut agir maintenant, car demain, cela  pourrait être tard», a-t-il conclu.


Comme pour lui emboîter le pas, le Professeur Luc Rukingama qui présidait aux destinées de l’UPRONA lors de la signature de l’Accord d’Arusha a recommandé un inventaire des dispositions de l’Accord non encore mises en œuvre pour les porter à la connaissance de l’opinion.


Pour le professeur Luc Rukingama, président du parti Uprona lors de la signature de l’Accord d’Arusha, « Il faut inventorier les dispositions non respectées afin d’en prendre connaissance », a-t-il déclaré tout en appelant à la solidarité en vue de constituer un bloc irrésistible.  


Mais selon le Professeur Luc Rukingama, «l’espoir est permis autant que le doute est permis ».


Le plus incisif des intervenants aura été Léonce Ngendakumana, signataire de l’Accord d’Arusha et ancien président du parti FRODEBU.


Il a imputé tous les ratés de cet accord au parti CNDD-FDD. « Le Cndd-Fdd n’a jamais reconnu l’Accord d'Arusha, il s’est toujours inspiré d’un autre Accord dont nous ne savons jusqu'à aujourd'hui ni le contenu ni l’origine », a déclaré Léonce Ngendakumana.


« Le Cndd-Fdd n’a jamais reconnu l’Accord d’Arusha, plutôt il s’est toujours inspiré d’un autre Accord dont nous ne savons jusqu’aujourd’hui ni le contenu ni l’origine », a-t-il ajouté.


Pour déculotter l’idée allusive de Léonce, Tatien Sibomana a nommé cet Accord non officiel qui sert de feuille de route au CNDD-FDD et qui a supplanté l’Accord d’Arusha. « Un texte datant de 2011 de l’association Nonoka, inconnu des Burundais, désigne l’Accord d’Arusha comme à la fois une faiblesse et une menace du parti Cndd-Fdd et de son pouvoir», a précisé Tatien Sibomana.


Le rejet de l’Accord d’Arusha par le CNDD-FDD procède donc de tout un programme.


C’est ce qui justifie le chaos ambiant au Burundi depuis près de deux décennies.


Vue sous l’angle des droits de l’homme, la situation qui prévaut au Burundi appelle une urgente intervention pour apaiser les cœurs brisés.

« L’urgence d’apaiser les cœurs brisés, de rassurer les minorités, de protéger tous les Burundais, en vue de faire du Burundi, un pays de paix et du miel », a alerté Anschaire Nikoyagize, président de la Ligue des droits de l’homme, ITEKA.


Pour rappel, MAP-Burundi Buhire, initiateur de ce débat citoyen, est un mouvement politique citoyen pour la refondation de la Nation burundaise. Son but ultime est de doter le Burundi d'un nouvel ordre politique, axé sur une volonté citoyenne, sans distinction de parti politique, d'ethnie, de religion, de région, de niveau d'études, de rang social, de sexe, de carrière professionnelle.

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