La cocotte-minute mortuaire du régime CNDD-FDD plus que jamais en ébullition: Qui entre Evariste Ndayishimiye et Guillaume Bunyoni gagnera la guéguerre au sein du parti au pouvoir ?

Les deux poids lourds du système CNDD-FDD sont allés jusqu’à s’accuser sous des propos à peine voilés, de complot de leur assassinat. Ainsi, Evariste Ndayishimiye fait tout pour faire comprendre qu’ à raison des reformes qu’il est entrain de mener, il risque d’être assassiné par de corrompus devenus puissants et qui sont du système CNDD-FDD. Son premier ministre, profitant d’une occasion lui donnée lors d’une messe fait un discours similaire. Selon lui ses ennemis sont des plus hautes sphères du pouvoir.

Par
Burundi Daily
on
20.12.2021
Categorie:
Politique

Chasser le naturel, il revient au galop, dit l'adage populaire : alors que les incrédules croyaient que le pire est derrière, avec le départ aussi inopiné que définitif de l'ancien président Pierre Nkurunziza, le Burundi a retrouvé sa place à la Une de l'actualité au chapitre du carnage et du mitraillage de citoyens innocents.

Depuis quelques mois, chaque jour a son lot d'assassinats. Les femmes sont particulièrement dans la ligne de mire de la sinistre machine à tuer, visiblement hyper huilée. Après l'assassinat à la grenade, au mois de septembre, de l'épouse du Lieutenant-colonel Aaron Ndayishimiye, une autre mère a été mitraillée dans le quartier de Carama juste après.

Chantal Hatungimana, directrice en charge du rapatriement au ministère de l'intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire n'a pas survécu à ses blessures après avoir été visée, dans la matinée de lundi, par un inconnu armé d'une kalachnikov et d'un pistolet.

Selon des sources concordantes, Chantal Hatungimana était une proche parenté du Premier ministre Alain Guillaume Bunyoni. Des témoins oculaires ont raconté la scène horrible de son assassinat.

« Elle venait de quitter son domicile pour aller au travail quand elle a été attaquée. Un homme avec un pistolet et une AK-47 est venu et a ouvert le feu sur elle. Il est vite reparti mais a laissé sa kalachnikov sur le lieu du crime », précise une autre source.

Quant au colonel Aaron Ndayishimiye dont l'épouse a été mortellement déchiquetée par une grenade, il est décrit comme l'auteur avéré de l'enlèvement suivi de l'assassinat d'un certain Élie Ngomirakiza (leader local du CNL à Mutimbuzi) et est personnellement comptable de nombreux autres crimes de sang, aux confins de la réserve naturelle de la Rukoko, près du 212ème Bataillon dont colonel criminel est le commandant.

Les assassinats dont les femmes sont particulièrement victimes sont fréquents au pays d'Evariste Ndayishimiye. Ces deux disparitions dans des conditions qui ressemblent plus aux exécutions sauvages ont une particularité singulière: les deux victimes sont intimement associées au système qui gouvernent le pays. Une autre singularité qui saute aux yeux: l'élimination en pleine rue de la capitale économique Bujumbura par mitraillage de la seconde victime, Chantal Hatungimana, sonne plus comme une revenge.

Nul n'ignore que l'implosion de 2015 du parti présidentiel née du 3eme mandat de Pierre Nkurunziza est loin d'être résolue. Les tensions continuent de mijoter sous la forte militarisation du pouvoir et de l'Etat. Les frictions restent palpables entre les différentes factions de généraux.

L'assassinat de la femme du colonel Aaron Ndayishimiye est-il lié à son implication dans les disparitions forcées de personnalités de l'opposition, notamment celles du parti CNL, ou est-il une victime prise entre ce qui semble être un bras de fer entre le général Bunyoni et ses camarades d'une part et le général ndayishimiye et sa clique d'autre part?

Beaucoup ont interprété l'absence volontaire du public du général Bunyoni au cours de cet été comme un signe certain de tensions croissantes entre les deux factions. Son désintéressement pour l'action gouvernementale semble calculé et délibéré.

Bunyoni: ceux qui sont contre lui nous sont au plus haut sommet du pouvoir

D'autres disent que le président Ndayishimiye aurait cherché d'opérer un remaniement ministériel profond mais qu'il se serait heurté a une forte opposition de la faction Bunyoni, qui serait d'ailleurs la cible de ce changement ministériel.

Même si les autorités n'en font aucun commentaire, les tensions internes au sein du régime qui se militarise de plus en plus sont évidentes. Ceci se traduit en une recrudescence de l'insécurité en forme de représailles dans les quatre coins du pays, et surtout dans la capitale économique Bujumbura.

Ce bras de fer et méfiance entre les deux ailes se voit aussi au niveau des services de renseignement. En effet, le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye, ne fait pas mystère de sa méfiance envers certains as du crime qui colonisent le Service National des Renseignements. Ces derniers restent toujours nostalgiques de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza. Un leader qui avait donné une carte blanche à cette institution pour commettre des crimes les plus atroces que le pays ait connus. Ces éléments restent attachés au premier ministre, Guillaume Bunyoni, un vrai bras droit de feu Nkurunziza.

Selon des sources proches de la présidence burundaise, Evariste Ndayishimiye miserait beaucoup plus sur le volet militaire des renseignements (G2). C’est dans l’armée (ou il d’ailleurs évoluée) que ses hommes de confiance exercent plus d’influence ; et c’est ici qu’il compte trouver des alliés pour consolider et faire assoir son pouvoir.

Le Chef de l'Etat s'active à placer des officiers qui lui sont à la fois proches et intimes pour coiffer le segment militaire chargé des renseignements, justement dans le souci d'asseoir son pouvoir.

Cette stratégie n’a pas échappé à l’officier le plus gradé de l’histoire du Burundi ; l’actuel premier ministre du Burundi.

Les deux poids lourds du système CNDD-FDD sont allés jusqu’à s’accuser sous des propos à peine voilés, de complot de leur assassinat. Ainsi, Evariste Ndayishimiye fait tout pour faire comprendre qu’ à raison des reformes qu’il est entrain de mener, il risque d’être assassiné par de corrompus devenus puissants et qui sont du système CNDD-FDD. Son premier ministre, profitant d’une occasion lui donnée lors d’une messe fait un discours similaire. Selon lui ses ennemis sont des plus hautes sphères du pouvoir.

Visiblement, la guéguerre entre les sphères d’influence au sein du parti au pouvoir poursuit son parcours normal, comme cela se fait au sein de toutes organisations dictatoriales !

Tags:
Pas de Tags