La stratégie de l'expropriation va son chemin : Après les échoppes, les parcelles en mairie de Bujumbura et ailleurs

En empêchant aux anciens propriétaires de parcelles ou maisons bâties suivant l'ancien format urbanistique, le régime CNDD-FDD ouvre une brèche à la chosification des parcelles en mairie de Bujumbura et la dépossession de ceux qui se croyaient potentiellement à l'abri de la misère ambiante vu qu'ils avaient encore la possibilité de vendre parcelle entière ou morcelée.Mais c'était sans compter avec le réel projet ou programme du CNDD-FDD qui est de faire table rase du passé.

Par
Burundi Daily
on
23.8.2023
Categorie:
Politique

S'il y a une constante dans la gestion des affaires publiques dans l'univers CNDD-FDD c'est le vol ou plutôt le hold up organisé.  Avant-hier c'était la restriction de l'espace pour motos, vélos ou autres tricycles dits tuks-tuks, la démolition systématique des constructions jugées anarchiques, etc.

Hier c'était la chasse aux proprios-rentiers des échoppes érigées à leurs fonds propres dans et aux alentours des marchés publics urbains, en l'occurrence en mairie de Bujumbura.

Aujourd'hui le régime revient à la charge avec un autre tour de vis : la dépossession des citoyens propriétaires de leurs parcelles non-bâties ou bâties  « à l'ancienne ».

Dans une sortie médiatique organisée le 7 août à Bujumbura, le ministre en charge de l'urbanisme Dieudonné Dukundane ne s'est pas embarrassé des circonlocutions pour les sommer de se manifester, s'exécuter selon le format du plan cadastral version « Vision Burundi pays émergent en 2040, développé en 2060 ».

Dans l'hypothèse d'une incapacité financière de construire ou reconstruire selon le modèle indiqué par l'Etat burundais, « la parcelle sera cédée à ceux qui en ont les moyens, aux étrangers qui le désirent ou aux Burundais de la diaspora », a fait remarquer le ministre Dieudonné Dukundane.

Comme pour tout corser, le ministre Dieudonné Dukundane a précisé que la parcelle ne sera pas revendue par son ancien propriétaire. Ici, le diable est dans les détails.

En empêchant aux anciens propriétaires de parcelles ou maisons bâties suivant l'ancien format urbanistique, le régime CNDD-FDD ouvre une brèche à la chosification des parcelles en mairie de Bujumbura et la dépossession de ceux qui se croyaient potentiellement à l'abri de la misère ambiante vu qu'ils avaient encore la possibilité de vendre parcelle entière ou morcelée.

Mais c'était sans compter avec le réel projet ou programme du CNDD-FDD qui est de faire table rase du passé. De rabattre les cartes et de laisser sur le carreau une poignée de tutsis qui avaient jusqu'ici réussi à survivre malgré la batterie de missiles balancées par le réduire à moins que rien en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Tout est donc fin prêt pour faire déguerpir les incapables. Il y aura donc également des expropriés indemnisés. C'est plus propre et stratégique.D'ailleurs, en août 2022, le gouvernement a mis en place une nouvelle réglementation sur les tarifs d'indemnisation pour ceux qui seront obligés de vider les lieux.

Ainsi, à titre d'exemple, à Bujumbura, pour le noyau centre-ville (catégorie des terrains viabilisés de très haut standing), le tarif d'indemnisation est fixé à 400.000BIF par m2. Pour la catégorie de terrain viabilisés de haut standing dite Classe A (Rohero et Kiriri), l'indemnisation est fixée à 350.000BIF tandis que pour Classe B (Kigobe Nord et sud, Mutanga sud et nord, Gatoke et Kabondo), elle est établie à 300.000BIF par m2. Pour Classe C (Kinindo, Kinanira, Gasekebuye, Gihosha, Carama et Kabondo-Ouest), le tarif est à 280.000BIF par m2. Pour Classe D (le quartier asiatique), c'est 250.000BIF tandis que pour Classe E (quartier industriel et Ngagara), il est fixé à 220.000BIF.

Tags: