Le jour où j'ai failli inonder le Burundi du pétrole bon marché: Un ancien haut fonctionnaire burundais témoigne sur les magouilles de Methuselah Nikobamye alias Pasteur Habimana

Methuselah Nikobamye aurait fait une découverte très intéressante pour le Burundi: il a trouvé des partenaires prêts à donner de la valeur à la monnaie nationale et partant aider à en finir avec les pénuries de carburants. Des tonnes de carburants seraient déjà en souffrance dans les entrepôts de ses partenaires à Dar es salaam et Kigoma en Tanzania. Il ne manque qu'une petite lettre de crédit de la banque centrale du Burundi pour que les verrous sautent et les camions transportant la manne pétrolière inondent le pays!

Par
Daniel Kabuto
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15.8.2022
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Opinion

Les sorties de l'ancien porte-parole du mouvement FNL-Palipehutu devenu un homme d'affaires apparemment prosper dans le secteur des hydrocarbures ne laissent personne indifférent. Alors que le Burundi fait cruellement face aux pénuries récurrentes de carburants et que la grogne de la population atteint le niveau d'un volcan prêt de l'ébullition, Habimana Pasteur fait du tapage médiatique pour clamer haut et fort qu'il est le sauveur, juste au moment où le peuple ne sait plus à quel saint se vouer ! Opportunisme?

Et si L'accord d'Arusha était une loi de Dieu?

Pasteur Haminana ou mieux Methuselah Nikobamye est un homme aux multiples vies et visages. Après avoir roulé pour le parti dit de libération du peuple hutu, il a troqué son costume de guerrier pour celui de cadre de l'Etat.

L'accord d'Arusha a fait des miracles, n'en déplaise à ceux qui, parvenus à l'autre rive du Jourdain, le piétinent ou le jettent aux orties comme les Juifs avec les tables de lois de Moïse! Une histoire contemporaine et dramatique du peuple burundais qui n'a rien à voir avec la mythologie du peuple juif sans doute. Le peuple burundais tire le diable par la queue comme s'il était puni par un Dieu éconduit sans manières par un peuple cupide, ingrat, insolent et machiavélique: la riposte de Dieu ne se trouverait-elle pas dans ces plaies incurables et cette invasion de faux prophètes?

Du pétrole venu de nulle part au prix de petits pains!

Methuselah Nikobamye aurait fait une découverte très intéressante pour le Burundi: il a trouvé des partenaires prêts à donner de la valeur à la monnaie nationale et partant aider à en finir avec les pénuries de carburants.

Des tonnes de carburants seraient déjà en souffrance dans les entrepôts de ses partenaires à Dar es salaam et Kigoma en Tanzania. Il ne manque qu'une petite lettre de crédit de la banque centrale du Burundi pour que les verrous sautent et les camions transportant la manne pétrolière inondent le pays! Malheureusement pour Methuselah Nikobamye il y a bien anguille sous roche.

Car une lettre de crédit émise par la banque centrale d'un pays vaut argent comptant! Plusieurs conditions doivent être remplies avant que la banque centrale ne délivre un tel document qui peut se transformer en attrape-nigaud pour l'émetteur.

Et le tapage médiatique serait une manière bien rodée de faire patienter les pétroliers plus ou moins déçus par les piètres prestations de leur commissionnaire qu'est Methuselah Nikobamye ! Car le dossier traîne depuis des années. Rien ne garantit que cette affaire ne soit que de la pure escroquerie ourdie par ceux qui ont compris que la mafia au pouvoir au Burundi porte moins attention aux cervelles qu'aux miroirs aux alouettes!

Le pays dans la ligne de mire des frappeurs!

L'affaire des carburants bon marché m'a fait penser à une expérience personnelle avec de vrais-faux pétroliers des pays du golf.

En 2008, j'étais alors président de l'éphémère commission permanente des produits pétroliers au Burundi. Un jour, je vois débarquer dans mon bureau (à la Deuxième vice-présidence de la République) deux Ougandais en provenance de Kampala. Ils disaient travailler pour une société établie dans les pays du Golfe qui voulait étendre ses activités au Burundi. Ils promettaient de faire venir leur carburants non pas par Dar es salaam ou Eldoret (Kenya) mais depuis Kampala. J'ai salué l'initiative des investisseurs et demandé qu'ils prennent contact avec les autorités compétentes aux ministères du commerce et des finances.

Ce que mes visiteurs voulaient, c'était un raccourci ! Ils m'ont alors fait savoir qu'ils souhaitaient que je devienne le représentant de leur société au Burundi: ce qui impliquait que je devais m'occuper de remplir les formalités de création d'entreprise, trouver des entrepôts à louer, négocier l'acquisition des stations de distribution à travers le pays etc.

J'ai fait savoir que j'étais un cadre de l'Etat et que je ne trempais pas dans le monde du business. Ils m'ont alors miroité des sommes impressionnantes et m'ont proposé de faire d'abord le déplacement à Dubai pour rencontrer le patron de la société.  

En quittant mon bureau, ils ont laissé leurs cartes de visite et des brochures qui expliquaient tout sur leur société et ses activités à travers le monde. Tout était nickel.

Une semaine plus tard, j'ai reçu un appel téléphonique en provenance de Dubai. A l'autre bout du fil, l'un des Ougandais qui voulaient que je parle avec le patron de la société!

Le vrai ou faux prince saoudien se disait ravi de pouvoir démarrer bientôt ses affaires au Burundi et m'invitait à prendre rapidement l'avion pour Dar es salaam où je devais par après retrouver son jet privé qui m'emmenerait à Dubai! Il offrait de m'envoyer sur mon compte bancaire une somme nécessaire pour le voyage et le démarrage des formalités de création de société.

Bien entendu, j'ai décliné l'offre et réitéré ma position sur cet investissement: il fallait passer par les autorités compétentes et surtout recruter un collaborateur au pays.

Deux semaines plus tard, le prince saoudien est revenu à la charge. Il disait s'impatienter de recevoir mes coordonnées bancaires au Burundi ou en Europe pour me faire parvenir l'argent qu'il avait promis! Et de me confier que son avion partait pour l'Ouganda et qu'il souhaitait faire une escale à Bujumbura pour me rencontrer! Et pourquoi pas le président de la République ou mon patron direct Gabriel Ntisezerana? Non, seulement "son ami"!

Il me demandait de lui obtenir l'autorisation d'atterrissage et de lui réserver un hôtel où nous devions parler affaires avec d'autres personnalités susceptibles de l'aider à faire entrer rapidement ses produits au Burundi.

Je lui ai recommandé de se rendre à Kampala et de faire parvenir sa demande à notre ambassadeur qui serait honoré de le recevoir et de lui offrir tous les services.

Ce fut notre dernier échange. Oui, j'ai refusé de tremper dans ces magouilles. Je suis maintenant d'avis que d''autres compatriotes ont vendu le pays et leur âme au diable.

L'argent est toujours le nerf de la guerre, médiatique ici pour le cas de Methuselah Nikobamye. Rien à voir avec les ethnies. Disons que pour cette affaire, la montagne est en train d'accoucher en direct...d'une petite souris !

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Daniel Kabuto

Ancien haut fonctionnaire au Burundi, il fut conseiller principal et porte-parole du vice-président de la République du Burundi (2008-2010). De 2013-2015, il était porte-parole du ministère des Affaires étrangères et directeur chargé des questions de communication au Burundi