Sous-payé par les autorités, le café n'attire plus les producteurs en milieu rural

« Les services de l'Etat représentés par l'Office de développement du Café nous exploitent. Ils nous vendent notre récolte à un prix dérisoire et le paiement nous arrive très tard. Les commerçants nous paient directement en échange de notre récolte », susurre un caféiculteur de Kayanza sous signe d'anonymat. Ainsi, non content de céder la cerise à vil prix, les producteurs tournent le dos aux stations classiques de lavage au profit des commerçants ordinaire qui paient du cash et immédiatement.

Par
Burundi Daily
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13.6.2022
Categorie:
Economie

Alors que le café rapporte au Burundi plus de 80% de ses ressources en devises, sa culture est en perte de vitesse en raison du coût au producteur jugé ridiculement insignifiant : 700 Fbu au kilo.

Selon de nombreux caféiculteurs, c'est honteux de céder son café à moins de 1000 Fbu le kilo alors que le haricot, avec plus de deux saisons par an, se vent à 2000 Fbu par kilo.

« Les services de l'Etat représentés par l'Office de développement du Café nous exploitent. Ils nous vendent notre récolte à un prix dérisoire et le paiement nous arrive très tard. Les commerçants nous paient directement en échange de notre récolte », susurre un caféiculteur de Kayanza sous signe d'anonymat.

Ainsi, non content de céder la cerise à vil prix, les producteurs tournent le dos aux stations classiques de lavage au profit des commerçants ordinaires qui paient du cash et immédiatement.

Les autorités burundaises sont, depuis belle lurette, au courant de ce blues des caféiculteurs mais ne daignent pas le dissiper. Simplement parce qu'elles sont toujours subjuguées par leur gain facile et immédiat.

Elles lâchent des policiers armés jusqu'aux dents dans des ménages pour débusquer le café caché.

C'est ainsi que dans le nord du Burundi, la police multiplie ces derniers jours des opérations de fouilles-perquisitions dans les ménages en quête des graines de café tapis dans l'ombre.

Près d'une trentaine de tonnes ont été récemment saisies par la police dans les provinces de Kayanza et Muyinga au nord du Burundi alors que d'autres quantités importantes restent encore cachées dans les ménages.

Bien plus, des quidams ne cessent de braver l'interdiction de franchiser la frontière pour écouler leur production au Rwanda, en catimini. Les uns et les autres affirment que l'État veut leur acheter le café à vil prix quitte à le vendre au prix défiant toute concurrence aux commerçants étrangers.

Parallèlement, l'administration publique s'en prend à la fois aux producteurs et aux commerçants de café qu'elle accuse de « déstabiliser l'économie nationale ».

Mais en réalité, c'est l'État qui déstabilise son économie par une gestion cafouilleuse de la filière café, source inégalée de devises dont le pays a tant besoin.

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