Vers un changement au sommet du parti de l'aigle?: En guerre non officielle contre le camp Bunyoni, Ndayishimiye ordonne une marche-manifestation pour illustrer sa popularité
En réalité la cible principale du chef de l'Etat burundais n'était autre que le général Alain Guillaume Bunyoni, ancien premier ministre éjecté le 7 septembre pour tentative de putsch mais toujours libre comme le vent. A défaut de pouvoir le coffrer comme c'est coutume pour tout autre élément qui dérange ou que le pouvoir veut mâter, Evariste Ndayishimiye essaie d'user des organes du parti au pouvoir comme démonstration de force. Mais le fait qu'il ait accusé son premier ministre de tentative de putsch et que ce dernier reste libre est une démonstration de sa faiblesse.
Tout se joue sur les rues du pays. Les différentes provinces burundaises ont organisé, le 24 septembre, une marche-manifestation en guise de soutien au chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye, qui ne cesse de prendre des décisions visant a consolider son pouvoir et écarter les concurrents internes.
Les Burundais avaient quasiment déjà oublié ce genre de show commandé, très à la mode sous le honteux 3ème mandat de feu Pierre Nkurunziza qui y faisait recours pour montrer à l'ONU et aux autres structures internationales que plus démocrate que lui, on meurt.
Contrairement à son prédécesseur qui réagissait à une pluie de sanctions internationales en raison de son aveuglément face à la vague de violations des droits humains dont il était à l'origine, Evariste Ndayishimiye a ordonné cette marche-manifestation sans raison apparente ou menace extérieure même si son pouvoir est aussi marqué par les mêmes dérapages.
Même les médias lèche-bottes de son régime, ont eu du mal à dénicher l'angle approprié pour traiter ces manifestations.
Le journal en ligne Ikiriho, un d'entre eux a, quand même, tenté d'en trouver un : « le CNDD-FDD a organisé une marche manifestation pour soutenir le chef de l'Etat qui vient de mettre au banc de touche certains de ces très proches collaborateurs dans l'exercice du pouvoir, de très hauts gradés de la police et de l'armée ainsi que d'autres caciques ».
Voilà un bref tweet qui en dit long sur les tenants et les aboutissants de ces marche-manifestations de samedi 24 septembre à Bujumbura et dans les provinces burundaises. En réalité la cible principale du chef de l'Etat burundais n'était autre que le général Alain Guillaume Bunyoni, ancien premier ministre éjecté le 7 septembre pour tentative de putsch mais toujours libre comme le vent. A défaut de pouvoir le coffrer comme c'est coutume pour tout autre élément qui dérange ou que le pouvoir veut mâter, Evariste Ndayishimiye essaie d'user des organes du parti au pouvoir comme démonstration de force. Mais le fait qu'il ait accusé son premier ministre de tentative de putsch et que ce dernier reste libre est une démonstration de la force du camp adverse, une preuve de plus qu'Evariste Ndayishimiye peine toujours à asseoir son pouvoir et imposer sa volonté comme son prédécesseur.
En raison de sa cruauté légendaire, de ses nombreux cadavres dans le placard, Alain Guillaume Bunyoni était considéré comme un ogre vivant dont tout le monde avait peur, y compris son propre camp. Sa mise à l'écart est généralement considérée comme un haut fait, et un risque pour celui qui préside le Burundi. Va t-il se laisser faire et rester sur les périphéries du pouvoir sans chercher à se venger ou faire un come back triomphale? Telle est la question que tout le monde se pose.
Selon des observateurs, sa capacité de nuisance reste encore intacte, vu qu'il incarne un courant radical et foncièrement ethnisant qui est toujours porté par figures du CNDD-FDD.
Le vent de la fronde souffle toujours sur le Burundi et le prochain congrès du CNDD-FDD qui pourrait se tenir aussi tôt que le 8 octobre devrait en redessiner d'autres contours.
C'est ainsi que le général Evariste Ndayishimiye ne devrait pas se hâter à crier victoire.