Vision ou hallucination?: Ndayishimiye formalise son rêve en document de planification qui veut faire du Burundi le pays le plus pauvre au pays développé en 2060

La vision 2040 ou 2060 que vient de lancer Evariste Ndayishimiye connaitra t-elle le même sort que la vision 2025? Si on s'en tient au mode de gouvernance du président Ndayishimiye, il n'y a point de doute. Au pouvoir pendant près de 3ans, il brille par un discours facile et populiste qui n'est presque jamais suivi d'actions concrètes. Tenez. Avant même qu'aucune action d'évaluation de la mise en application de la vision 2025 soit entreprise, le CNDD-FDD et son élite qui dirige le Burundi depuis 18 ans se précipitent à pondre une autre "vision".

Par
Burundi Daily
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12.4.2023
Categorie:
Economie

Peu après son arrivée au pouvoir en Juin 2020, le président burundais Évariste Ndayishimiye réaffirmait déjà l'engagement du parti au pouvoir envers la Vision Burundi 2025 dont le but principal était de transformer le Burundi en une nation pacifique, stable et prospère d'ici 2025.

Le président Ndayishimiye qui était secrétaire général du parti au pouvoir avant d'être élu au poste de président du pays déclarait catégoriquement que « le gouvernement du Burundi est déterminé à améliorer concrètement les conditions de vie des Burundais » et que son gouvernement visait « à faciliter l'accès à l'eau potable pour l'ensemble de la population, dans toutes les communes d'ici 2025 ». Il avait fait ces déclarations le 26 février 2021 lorsqu'il lançait le projet d'eau Amazi

Le président Évariste Ndayishimiye lance le projet d'eau Amazi le 26 février 2021

Vision sans exécution n'est qu'une hallucination dit-on. Qu'un homme qui se prend pour un politique sérieux puisse affirmer en 2021 qu'il veut faire du pays le plus pauvre du monde un pays prospère en moins de 4 ans est déjà signe du manque de vision. Pour qu'une vision puisse se concrétiser, il doit y avoir un plan d'exécution complet indiquant qui fera quoi, quand et comment les résultats seront solidement mesurés progressivement pour pouvoir rectifier ce qui ne va pas et consolider les réussites.

Il n'est donc pas surprenant que d'aucuns le prennent pour un rêveur éveillé quand il annonce qu'il veut faire du Burundi un pays émergeant en seulement 17 ans. Heureusement pour lui, il a toutes les chances d'être à la tête de son pays pendant 14 de ces 17 ans.

Alors que le Banque Mondiale vient de classer le Burundi au bas de l'échelle en tant que le pays le plus pauvre de la planète, le Chef de l'Etat Evariste Ndayishimiye se donne comme défis d'en faire un pays émergeant en 2040 et développé en 2060.

Il vient d'ailleurs de le formaliser dans un document de planification stratégique scellé «vision du Burundi  Pays Emergent en 2040, Pays Développé en 2060 ».

Sous son contrôle, ses ministres s'y penchent dans le cadre d'une retraite gouvernementale extraordinaire de deux jours à Gitega, capitale politique.

A cette occasion, Evariste Ndayishimiye a annoncé que la fixation du budget national devra dorénavant prendre en considération le document de Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.

Les experts invités pour éclairer le conseil des ministres ont montré que les défis à relever sont multiples et immenses. Tant et si bien que cette vision risque de n'être qu'un vœu pieux.

Mais leur éclairage n'a pas fait plier le chef de l'Etat dans son optimisme béat. Il y croit toujours dur comme fer. «Etant donné que le gouvernement du Burundi s'est donné pour objectif de promouvoir le développement de la population, le budget de l'Etat pour l'exercice 2023-2024 sera fixé par rapport aux projets de développement à implémenter », a-t-il déclaré.

Selon le chef de l'Etat burundais, le document illustrant la vision du Burundi en 2040 et 2060 sera un guide pour l'élaboration du plan d'actions annuel dans tous les secteurs. Il prévoit l'évaluation annuelle du pas franchi vers l'atteinte de l'objectif visé.

Visiblement, le chef de l'Etat burundais a la tête dans les étoiles. Car selon le Fonds Monétaire International, le Burundi est sur la première marche d'un triste podium des pays les plus pauvres du monde avec un produit intérieur brut par habitant de 307 dollars.

Ce tableau peu reluisant de l'économie burundaise se présente ainsi alors que le Burundi est sous un total et exclusif contrôle du régime CNDD-FDD depuis 2005.  Pur produit de cet ancien mouvement rebelle catapulté au sommet de l'Etat, Evariste Ndayishimiye ne pourra jamais désembourber le pays.

Pour preuve. En 2011, 6 ans après la prise effective du pouvoir par le CNDD-FDD, feu Pierre Nkurunziza avait lancé avec fanfares un document intitulé VISION BURUNDI 2025. Avec concours de l'agence onusienne de développement (PNUD), ce document élaboré pour servir de boussole pour tirer le pays de la misère est resté, enfermé dans les tiroirs de bureaux de l'Etat et loin des yeux des planificateurs de la chose publique. Préférant le tâtonnement que de suivre un plan bien établi, le CNDD-FDD a en 18 ans mené le pays à la position peu enviable de pays le plus pauvre du monde.

La vision 2040 ou 2060 que vient de lancer Evariste Ndayishimiye connaitra t-elle le même sort que la vision 2025? Si on s'en tient au mode de gouvernance du président Ndayishimiye, il n'y a point de doute. Au pouvoir pendant près de 3ans, il brille par un discours facile et populiste qui n'est presque jamais suivi d'actions concrètes.

Tenez. Avant même qu'aucune action d'évaluation de la mise en application de la vision 2025 soit entreprise, le CNDD-FDD et son élite qui dirige le Burundi depuis 18 ans se précipitent à pondre une autre vision qui, inévitablement connaitre le même sort que la précédente.

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