AMISOM : En mal de liquidités, le Burundi mise sur les 10 mois d’arriérés pour requinquer son économie
Les soldes des soldats burundais en Mission de l’Union africaine pour le maintien de la paix en Somalie (AMISOM) accusent d'un retard de 10 mois. Selon Alain Tribert Mutabazi, le ministre de la defense, la pandémie «n’a pas permis aux bailleurs d’honorer leurs engagements en décaissant les soldes en temps utiles ». A l’interne, la mayonnaise a pris. Les soldats se résignent et attendent que le moment soit favorable.Mais du côté du principal bailleur de l’AMISOM qu’est l’Union européenne, les propos éhontés du Ministre burundais de la défense sont vus et perçus comme un mensonge cousu de fil blanc.En effet, la Covid-19 n’a jamais entravé le décaissement des fonds destinés aux militaires en Mission de Maintien de la Paix, que ce soit en Somalie ou ailleurs. La preuve en est que les contingents des autres pays contributeurs de troupes de maintien de la paix perçoivent leurs soldes avec régularité électronique.
Cela fait déjà dix mois que les soldats burundais en Mission de l’Union africaine pour le maintien de la paix en Somalie (AMISOM) n’ont pas eu de soldes. Le nouveau Ministre burundais de la défense et des anciens combattants, Alain Tribert Mutabazi, le reconnaît mais se dédouane en incriminant la Covid-19.
Selon lui, cette pandémie «n’a pas permis aux bailleurs d’honorer leurs engagements en décaissant les soldes en temps utiles ».
A l’interne, la mayonnaise a pris. Les soldats se résignent et attendent que le moment soit favorable.
Mais du côté du principal bailleur de l’AMISOM qu’est l’Union européenne, les propos éhontés du Ministre burundais de la défense sont vus et perçus comme un mensonge cousu de fil blanc.
En effet, la Covid-19 n’a jamais entravé le décaissement des fonds destinés aux militaires en Mission de Maintien de la Paix, que ce soit en Somalie ou ailleurs. La preuve en est que les contingents des autres pays contributeurs de troupes de maintien de la paix perçoivent leurs soldes avec régularité électronique.
Le retard affiché du côté burundais est plutôt dû à la décision du gouvernement de faire transiter la manne somalienne de la banque locale, la BANCOBU (Banque commerciale du Burundi), chargée de réceptionner les salaires du contingent burundais selon un accord signé avec l’UE par la CECAD (Coopérative d’épargne et de crédit pour le développement), une micro-finance militaire contrôlée de main de maître par le régime CNDD-FDD.
Ce dernier pompe une bonne partie des soldes avant de céder des miettes aux pauvres militaires.
Selon des sources, des négociations entre l’Union européenne et la CECAD sont donc en cours et la situation pourrait être débloquée au cours de ce mois de novembre.
En mal de liquidités, le Burundi mise sur les fonds de l’AMISOM pour donner une bouffée d’oxygène à son économie. Les missions de maintien de la paix sont désormais devenues une source importante de devises étrangères dont le pays a désespérément besoin pour satisfaire ses besoins les plus élémentaires.
Troisième pays contributeur de troupes en Somalie après l’Ouganda et l’Éthiopie, le Burundi compte un peu plus de 3700 militaires au sein de l’AMISOM.
Tenant compte des violations des droits humains en cours au Burundi, plusieurs militants des droits humains plaident pour le retrait de troupes burundaises en missions internationales de maintien de la paix. Ils estiment que ces opérations « participent à financer un pouvoir sanguinaire et dictatorial ».
C’est dans ce cadre que s’inscrit le mouvement baptisé » Bring Back our soldiers, décrié par les autorités burundaises qui traitent ses animateurs de « pions des ennemis du Burundi » et « mercenaires de ceux qui ont échoué un renversement de régime en mai 2015 ».