Clément Nkurunziza est innocent!: Autres Personnalités qui auraient dû témoigner en Justice ‍

Plusieurs témoins clé,actuellement aux commandes de l’Etat burundais et exerçant le pouvoir au sein des institutions, de l’administration et des organismes gouvernementaux du Burundi,ont connu de très près la période de vive tension entre les Jeunes de quartiers et précisément entre les militants du GEDEBU et les « Sans Echecs ».Si la Justice burundaise avait souhaité juger équitablement Clément Nkurunziza,à charge et à décharge, elle aurait dû inviter plusieurs témoins clé impliqués dans les événements de 1995 comme victimes ou comme perpétrateurs des meurtres et des violences survenues sur les campus de l’Université du Burundi.

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19.9.2020
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Chronique d'Athanase Karayenga

La controverse sur le nombre des victimes

En 2013, le Journal Iwacu a publié deux articles concernant les meurtres d’étudiants  sur les Campus de l’Université du Burundi. L’un de ces articles reprend les propos d’Issa Ngendakumana, Ministre de la Bonne Gouvernance et de la Privatisation lors de son entretien avec Iwacu. Pour rappel, il était Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique à l’époque de l’assassinat des étudiants sur les Campus universitaires en Juin 1995.

Pour Issa Ngendakumana, « le bilan des meurtres  est inconnu ». « Il n’y a pas eu d’enquête officielle sur l’affaire. » Le Ministre poursuit : « l’ambiance politique du moment ne pouvait pas permettre mon Secrétariat de travailler sur le dossier » « La ville était en situation de guerre civile, elle était contrôlée par des milices avec l’appui des forces de l’ordre du gouvernement. »

Iwacu ajoute qu’un « comité de crise constitué de Hutu et mis en place après les tueries, avance un chiffre de 114 étudiants hutu disparus. Toutefois, Cassien Sindaye, qui était Vice-président du comité n’affirme pas que tout ce monde ait été tué : « Nous avons juste identifié les étudiants devenus introuvables après le carnage. C’est-à-dire que le nombre exact de victimes peut être au-delà ou en dessous de ce que nous avons compté !» « Au sujet des chiffres évoqués par les rescapés, M. Issa Ngendakumana doute fort de leur exactitude : « Ce sont des extrapolations faites à partir des témoignages des rescapés. Sinon il n’y a pas eu d’enquête officielle connue au sein du Ministère de l’Intérieur. »

Dont acte. Mais alors, le Tribunal de Mukaza qui a condamné Clément Nkurunziza à la perpétuité a-t-il jamais cherché à entendre un témoignage aussi capital que celui d’Issa Ngendakumana ? Evidemment que non. Encore un faille majeure dans l’enquête judiciaire. Encore une preuve d’un biais délibéré qui a porté un grave préjudice à Clément Nkurunziza.

Après les meurtres du 11 au 12 Juin 1995, perpétrés sur les Campus de l’Université du Burundi, les étudiants auraient continué à se chercher et à se provoquer car ils se connaissaient bien entre eux. Selon des sources citées par Iwacu dans l’un de ses articles déjà mentionnés plus haut, «les auteurs de ces massacres ont poursuivi leurs sales besognes. En témoignent les assassinats des étudiants Makson Ronderwa Zigama au campus Kamenge et Pascal Simbayobewe au campus Mutanga le 15juin 1965. »

Plus tard, à une date qui n’est pas encore précisée, il y aurait eu une attaque au Campus Kiriri qui surplombe Bujumbura. D’anciens étudiants Hutu qui, entre temps, avaient rejoint la milice Forces de Défense de la Démocratie (FDD) y auraient perpétré des massacres d’étudiants Tutsi. Ainsi, les affrontements entre les étudiants auraient dégénéré en règlements de compte sanglants et réciproques dont les victimes auraient été des étudiants Hutu et Tutsi. Le nombre des étudiants Tutsi tués au cours de cette attaque au Campus Kiriri n’est toujours pas connu. La Justice burundaise n’a pas enquêté sur ces meurtres car seuls les assassinats dont les étudiants Hutu ont été victimes l’intéresse. De ce fait, le monument dont la photo est reprise plus haut, ne commémore que la mémoire des victimes Hutu de ces meurtres. Il a été érigé dans les enceintes du Rectorat comme une empreinte unilatérale des crimes qui ont emporté pourtant des étudiants Hutu et Tutsi sur les Campus de l’Université du Burundi ? Encore une preuve d’une justice et d’une mémoire, sélectives et partisanes, qui ne reconnaissent pas la souffrance subie par les étudiants Tutsi, victimes des massacres en Juin 1995 ou ultérieurement, ainsi que la deuil de leurs familles respectives.

Entre parenthèses, il semble que les FDD existaient déjà, bien avant les meurtres du 11 au 12 Juin 1995. La milice FDD serait devenue « rébellion » à la faveur du fameux« processus de paix » qui a abouti à l’Accord de Paix et de Réconciliation signé à Arusha le 28 août 2000. Les dirigeants des FDD auraient été des fonctionnaires du gouvernement burundais de l’époque. Ils seraient bien connus actuellement.

Autres contextes ou plus exactement terreau qui a favorisé les affrontements entre étudiants. Il conviendrait de signaler que, les GEDEBU empêchaient les jeunes Tutsi de faire leurs courses au marché de Nyakabiga, proche du Campus Mutanga. Du coup, les jeunes Tutsi résidant dans le quartier de Nyakabiga se seraient organisés en auto-défense.

Ce fut le cas à Ngagara aussi où les jeunes Tutsi se seraient  regroupés pour contrer une éventuelle « purification ethnique » dans leur quartier ou plus exactement pour éviter un « nettoyage communautaire »  comparable à celle qui fut mis en œuvre dans le quartier de Kamenge. Les groupes de Jeunes qui rivalisaient à la "West Side Story" auraient pris les opérations d’auto-défense en main. Et pas nécessairement sur la base des identités communautaires au départ. Ainsi, ils auraient combattu les GEDEBU jusqu’à leur expulsion de Ngagara, Bwiza, Nyakabiga et Jabe. Malheureusement, ces expulsions d’activistes du GEDEBU ont ensuite dégénéré et sont devenues des expulsions de Hutu de ces quartiers. Le rôle du GEDEBU a été primordial dans les embrasements de Bwiza et Nyakabiga notamment. Et les témoins directs de ses provocations seraient encore en vie.

« La vengeance est un plat qui se mange froid » selon un dicton populaire. A l’évidence, le CNDD-FDD s’est souvenu de l’éviction de ces quartiers, en 1995, d’activistes GEDEBU devenus ultérieurement FDD. Car la répression sanglante des contestataires du troisième Mandat de Pierre Nkurunziza, en 2015, soit 30 ans après les affrontements entre étudiants, s’est abattue essentiellement sur les résidents Tutsi de ces quartiers.

Comme l’a relevé l’homme politique qui a fourni à cette  chronique des informations de première main, tous les affrontements entre Jeunes de quartiers correspondaient souvent à l'arrivée de délégations étrangères à  Bujumbura lors des diverses phases des négociations de Kigobe-Kajaga et de la Convention de gouvernement à Mwanza, en Tanzanie. Les différentes phases des négociations d'Arusha correspondaient aussi à différentes attaques perpétrées par les combattants du CNDD-FDD au Séminaire de Buta, au massacre des Tutsi à Bugendana, aux assassinats  de l’Archevêque de Gitega, Mgr Joachim Ruhuna,et du  Nonce Apostolique et Ambassadeur du Vatican au Burundi, Mgr Courtray, etc. Enchères mortelles !

Selon certaines sources, la rivalité entre les groupes de Jeunes pourrait se résumer aussi en rivalité de leadership entre Alain Nyamitwe et Willy Madirisha qui aurait été le leader des jeunes Tutsi et dont la tête aurait été mise à prix par Alain Nyamitwe.  Le 20 juin 1995, indique un des articles du journal Iwacu, une partie du personnel de l’Université, à majorité hutu, a adressé une lettre au Premier ministre Pascal Firmin Ndimira dont l’objet était stipulé comme suit : « Contribution à la gestion de la crise à l’Université du Burundi… Pour rompre à jamais avec certaines formes d’intolérance, d’exclusion et de violence qui ont atteint des dimensions inquiétantes à l’Université du Burundi. »

Autres Personnalités qui auraient dû témoigner en Justice

Plusieurs témoins clé,actuellement aux commandes de l’Etat burundais et exerçant le pouvoir au sein des institutions, de l’administration et des organismes gouvernementaux du Burundi,ont connu de très près la période de vive tension entre les Jeunes de quartiers et précisément entre les militants du GEDEBU et les « Sans Echecs ».Si la Justice burundaise avait souhaité juger équitablement Clément Nkurunziza,à charge et à décharge, elle aurait dû inviter plusieurs témoins clé impliqués dans les événements de 1995 comme victimes ou comme perpétrateurs des meurtres et des violences survenues sur les campus de l’Université du Burundi.

 

Le Général Evariste Ndayishimiye

A titre d’exemple, la déclaration d’Evariste Ndayishimiye citée par le journal Iwacu en 2013, aurait dû convaincre la Justice burundaise de lui demander des preuves de l’accusation très grave qu’il a formulée. En Juin 1995, Evariste Ndayishimiye était en Première Licence à la Faculté de Droit de l’Université du Burundi. « C’est, a-t-il déclaré, le gouvernement de l’époque qui a voulu qu’on prenne des armes »  Cette déclaration disculpe de fait l’ASSER et donc Clément Nkurunziza !

Jean de Dieu Mutabazi est un autre exemple de personnalités qui auraient dû être sollicitées par la Justice burundaise afin de l’éclairer sur les crimes commis sur les Campus universitaires dans la nuit du 11 au 12 Juin 1995. Il était étudiant à la Faculté d’Agronomie de l’Université du Burundi. Et surtout, il aurait été le chef des GEDEBU à l’époque des affrontements de Juin 1995.Si Jean de Dieu Mutabazi avait été convoqué par la Justice burundaise et avait été sollicité pour faire une déclaration sur l’honneur, il  aurait certainement pu éclairer les Juges sur les circonstances exactes des affrontements entre Jeunes de quartiers. Lesquelsont dégénéré en  meurtres et assassinats d’étudiants Hutu et Tutsi sur les Campus universitaires.

En plus des membres de ZIRIKANA UB-95 cités plus haut, beaucoup d’autres noms de dirigeants actuels apparaitraient dans le dossier des meurtres d’étudiants Hutu et Tutsi perpétrés en Juin 1995. Plusieurs personnalités dont les témoignages auraient été précieuses,auraient dû être convoquées par la Justice burundaise. Car ces témoignages auraient contribué à la manifestation de la vérité. Si seulement la Justice burundaise avait eu le souci de conduire un processus judiciaire équitable pour Clément Nkurunziza et s’était donné les moyens pour mener des enquêtes approfondies et élargies à toutes les catégories de témoins.

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