Coup de pioche sur les événements de 1972 au Burundi : L'intention du régime CNDD-FDD reste énigmatique

Autant le chef de l'Etat burundais se veut rassurant envers les tutsis dans son discours officiel, autant il fait un appel du pied à l'ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR, pour vendre « sa moisson d'ossements des hutus » à l'opinion nationale et internationale. Afin, peut-être, de justifier a priori l'horreur à venir et dont les tutsis paieront le prix sous le signe de la colère, de la revanche hutue

Par
Burundi Daily
on
10.7.2021
Categorie:
Politique

Depuis quelques jours, le président burundais Evariste Ndayishimiye multiplie les sorties médiatiques pour rassurer la population, en particulier les tutsis sur les visées réelles de la Commission Vérité/Réconciliation, CVR, qui écume monts et vallées pour déterrer les restes des victimes de la tragédie de 1972.  Dans son récit émouvant, la CVR présente déjà les victimes des événements de 1972 au Burundi comme étant exclusivement des hutus. Le Président burundais, qui connaît sans doute mieux que quiconque, l'agenda de la CVR rassure et abuse parfois de ses propos rassurants.

« N'ayez pas peur. Je connais les coupables ; juste quelques dizaines. Les responsabilités seront établies et nous allons mettre un trait final sur ces événements ; personne ne va payer pour ceux qui ont commis des erreurs dans le passé '', déclare le président Evariste Ndayishimiye à chacune de ses sorties médiatiques.

Autant le chef de l'Etat burundais se veut rassurant envers les tutsis dans son discours officiel, autant il fait un appel du pied à l'ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR, pour vendre « sa moisson d'ossements des hutus » à l'opinion nationale et internationale. Afin, peut-être, de justifier a priori l'horreur à venir et dont les tutsis paieront le prix sous le signe de la colère, de la revanche hutue ; comme le disait l'ancien président burundais Sylvestre Ntibantunganya, le pogrom qui a massivement fauché les tutsis en 1993 était dû à une poussée de colère des hutus après l'assassinat du président Melchior Ndadaye.

Il est à rappeler que Ntibantunganya est aujourd'hui le maître à penser du Sénat dans ses démarches pseudo-scientifiques pour en savoir plus sur les événements de 1972.

Ndayicariye a donc saisi la portée internationale de sa mission. Il vient d'exposer devant un parterre de diplomates et autres fonctionnaires internationaux les restes d'ossements des pauvres hutus massacrés en 1972 dans le cadre de ce qu'il convient de nommer « génocide contre les hutus du Burundi ».

Cela s'est passée sur le site de Gitega dans le cadre de la semaine diplomatique, édition 2021.

S'adressant aux diplomates présents à ce site où sont conservés des ossements humains et des objets remontés des fosses communes prétendument datant de 1972, l'Ambassadeur Ndayicariye a déclaré qu'après le travail important que la CVR est en train de préparer par la collecte des données sur les personnes assassinées ou disparues, il ne lui restera donc plus qu'à lire l'arsenal juridique international et national à sa disposition pour savoir si les tueries de 1972 devraient être qualifiées de génocide, de crimes de guerre ou de crime contre l'humanité.

Le verdict est connu d'avance. La suite aussi.

Tags:
Pas de Tags