En deux ans de règne, le général Evariste Ndayishimiye aura brillé par de beaux discours...sans actes concrets

La gouvernance au Burundi n'a jamais été en piteux état que sous le régime du CNDD-FDD, et semble se détériorer sous le pouvoir d'Evariste Ndayishimiye. Si la dictature reste le pire des système de gouvernance, il n'y a pire qu'un dictateur faible, incapable d'imposer sa vision. Ndayishimiye semble être ce genre de dictateur faible qui se cache derrière de beaux discours, et qui, face a l'impuissance d'imposer sa vision et projets s'en prend aux maillons les plus faibles de la toile chaotique qui a englouti le pays.

Par
Burundi Daily
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15.6.2022
Categorie:
Gouvernance

Voilà déjà deux ans que le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye, est au pouvoir au Burundi.

Pure produit du CNDD-FDD comme son prédécesseur Pierre Nkurunziza, Evariste Ndayishimiye se présente toujours comme un homme d'ouverture, de changement et de renouveau à tous points de vue.

Il se glorifie personnellement de son bilan et s'ingénue à prouver à la ville et au monde  qu'entre hier (ère Nkurunziza) et aujourd'hui (sous son règne), il n'y a pas photo.  

En cela, il séduit effectivement plus d'un. Sauf qu'il reste toujours au niveau des mots alléchants depuis qu'il est au pouvoir.

Car si le chef de l'Etat sait poser un bon diagnostic, vu la justesse de ses propos sur la justice corrompue, la gouvernance que vantent ceux qu'elle fait manger, la prééminence de la loi, etc. il déçoit plus d'un par son inaction. Sa pusillanimité.

Aucun acte concret consécutif à son discours sur tel ou tel autre domaine. Et cela est grave pour un successeur de Pierre Nkurunziza qui avait lassé le monde et les siens.

Chacune de ses sorties médiatiques est marquée par des propos mielleux qui donnent à espérer. Mais c'est tout et c'est triste.

Pour illustrer cette triste situation, scrutons à titre d'exemple son récent discours à l'occasion de la journée du patriotisme couplée avec le 2ème anniversaire de la mort de l'ancien président Pierre Nkurunziza.

Le général Evariste Ndayishimiye a justement taclé des gens qui, promus à des postes de responsabilité, quel que soit le niveau, « se sentent alors  patriotes ». Alors seulement.

« Lorsqu'ils ont une parcelle de pouvoir, ils se sentent patriotes ». En narguant de tels citoyens, le chef de l'Etat dit vrai.  Mais son constat n'a rien d'exceptionnel car cela ne date pas d'aujourd'hui. Au contraire. L'excès de zèle les rend toujours plus royalistes que le roi. Un excès de zèle qui n'a rien de patriotique bien évidemment; mais axé sur la répression et protection du système qui les nourrit.  

Autre signe éloquent du patriotisme, d'après lui :« les Burundais deviennent de plus en plus respectueux de la loi.»

Le chef de l'Etat s'en réjouit. «Les gens commencent à comprendre que c'est la loi qui prime et non la personne».  « Ce sont les lois qui gouvernent le pays. C'est pourquoi on dit que personne n'est au-dessus de la loi», a-t-il déclaré.

Il s'est particulièrement félicité de ce que les mots comme «Igihangange» (homme puissant) ou « Amategeko ava hejuru » (Les ordres sont venus d'en haut) commencent à perdre leur force de nuisance.

Ici, il est agréable de constater que le chef de l'Etat est bien au courant de ces propos qui tuent le peuple. Mais c'est dommage qu'il daigne déclarer que c'est du passé alors que le calvaire se poursuit pour le commun des mortels. Ironie du sort : la situation s'est aggravée avec le régime CNDD-FDD qu'il perpétue, et encore pire sous son régime qui, contrairement à son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza,  peine à s'imposer face aux puissants généraux qui font la pluie et beau temps au Burundi. 

Parlant du domaine de la justice qui, à ses yeux, reste encore au creux de la vague, le président burundais a dévoilé au grand public la recette proposée par les acteurs du secteur pour mieux le dépoussiérer. « Dans le but de redorer l'image de la justice, ils m'ont demandé de chasser d'abord, parmi eux, les corrompus. C'est une chose qui m'a frappé».

Les soupçons de corruption au sein de l'appareil judiciaire est comme une obsession pour lui. Il n'a pas tort. On peut le lui concéder. Mais il ne daigne jamais porter son regard en haut. Au sommet de l'Etat. Pourtant, ce serait tout en son honneur s'il daignait reconnaitre son impuissance face aux figures de la "grande" corruption qui essaiment le sommet de l'Etat sans s'en cacher.

Et tant qu'il y aura des "intouchables" qui prennent ce qu'ils veulent, quand ils veulent, où qu'ils veulent et contre n'importe qui qu'ils veulent, et sans conséquence pour eux,  la corruption ne sera jamais éradiquée au Burundi.

Enfin, parlant de la bonne gouvernance, Evariste Ndayishimiye a versé dans la surenchère. Tant et si bien que d'aucuns pourraient se demander de quel pays il parle.  «La bonne gouvernance commence s'implanter. C'est le moment de la renaissance pour notre pays» a t-il affirmé sans doute pour renforcer l'image de transformateur qu'il essaie de se créer depuis son accession au pouvoir.

La gouvernance au Burundi n'a jamais été en piteux état que sous le régime du CNDD-FDD, et semble se détériorer sous le pouvoir d'Evariste Ndayishimiye. Si la dictature reste le pire des système de gouvernance, il n'y a pire qu'un dictateur faible, incapable d'imposer sa vision. Ndayishimiye semble être ce genre de dictateur faible qui se cache derrière de beaux discours, et qui, face a l'impuissance d'imposer sa vision et projets s'en prend aux maillons les plus faibles de la toile chaotique qui a englouti le pays. 

Photo by Yaga Burundi

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