Le Président burundais demande aux Imbonerakure de redoubler d'ardeur pour «tétaniser l'ennemi»

Au plan légal, aucune disposition sécuritaire n'autorise les Imbonerakure à se substituer aux corps de sécurité pour veiller sur la sécurité de la population burundaise. En faisant de la sécurité nationale une affaire de la milice Imbonerakure, dont les membres sont réputés pour leur zèle à faire taire, définitivement et avec fracas, toute voix discordante au Burundi, le général Evariste Ndayishimiye viole la loi et met en exergue l'esprit rebelle qui ne l'a jamais quitté. Il enfreint la loi car la protection de la nation incombe d'abord et avant tout à la police et à l'armée. C'est marqué noir sur blanc dans la Loi organique du 20 février 2017 qui régit ces corps de défense et de sécurité.

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Burundi Daily
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18.11.2020
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Politique

Faisant abstraction de la mission de l'armée et de la police burundaise, le nouveau Président burundais surprend la planète entière en exhortant les jeunes Imbonerakure, illégale branche armée de son parti (CNDD-FDD) à «sécuriser le pays» et à «trousser l'ennemi», d'où qu'il vienne, sans se laisser inquiéter.

Le général Evariste Ndayishimiye a fait ces tonitruantes déclarations dans le cadre des activités de célébration de la semaine du combattant (CNDD-FDD) organisée du 16 au 21 novembre.

D'entrée de jeu, le Président burundais leur a décrit l'ennemi à anéantir sans autre forme de procès.

«Voulez-vous que je vous décrive les ennemis! Quand vous entendez quelqu'un demander pourquoi une personne veille, sachez bien que c'est un voleur. Vous entendrez des gens qui veulent empêcher les Burundais de faire des rondes nocturnes, n'avez-vous pas entendu ceux qui disent que les Imbonerakure sont mauvais parce qu'ils font des rondes ? Sachez que celui qui le dit est un ennemi. Il voit une brèche mais trouve qu'elle est gardée. Il te qualifie d'ennemi pour te décourager afin qu'il puisse entrer. Je voudrais vous dire vous Imbonerakure ici présents, soyez plus virulents, protégez nous contre l'ennemi, protégez nous contre l'ennemi», a insisté le président burundais sous les applaudissements de son auditoire.

En faisant de la sécurité nationale une affaire des seuls Imbonerakure, réputés pour leur zèle à faire taire, définitivement et avec fracas, toute voix discordante au Burundi, le général Evariste Ndayishimiye viole la loi et met en exergue l'esprit rebelle qui ne l'a jamais quitté.

Il enfreint la loi car la protection de la nation incombe d'abord et avant tout à la police et à l'armée. C'est marqué noir sur blanc dans la Loi organique du 20 février 2017 qui régit ces corps de défense et de sécurité.

Parlant de la Police nationale du Burundi (PNB), cette loi précise en son article 2 que «la Police nationale du Burundi est un corps professionnel hiérarchisé et en uniforme, chargé de faire respecter la loi, d'assurer la protection de la population et du respect des libertés individuelles dans la philosophie de police de proximité».

Concernant l'armée, la loi organique stipule en son article 5 que «la Force de défense nationale du Burundi est au service du peuple. Elle est un instrument de protection rassurant tout le peuple burundais».

Au plan légal, aucune disposition sécuritaire n'autorise les Imbonerakure à se substituer aux corps de sécurité pour veiller sur la sécurité de la population burundaise.

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