Le Président burundais s'avoue incapable de s'attaquer à la mafia du CNDD-FDD qui contrôle l'économie

« Votre problème, c'est que vous voulez remuer le passé, au lieu de dire : traçons une ligne pour la tolérance zéro à la corruption, à partir d'aujourd'hui. Parce que si on poursuit ceux qui ont pillé les biens publics au cours des dernières années, on va perdre du temps dans les enquêtes, on ne va plus travailler et le pays va devenir plus pauvre. Aujourd'hui, je dis : "ceux qui ont volé, c'est fait. On va mettre votre cas devant la Commission vérité et réconciliation", parce la population m'a demandé de veiller aux richesses nationales....

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Burundi Daily
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23.3.2021
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Gouvernance

Dans la ferveur de son élection à la plus haute fonction de l'Etat burundais (président de la République), le général Evariste Ndayishimiye, avait promis de faire du combat contre corrompus et corrupteurs sa priorité.

C'était sans compter avec la force du cercle des généraux qui cristallise la quintessence d'une mafia qui ne dit pas son nom et qui contrôle la quasi-totalité de l'économie du Burundi, pays classé parmi les 10 premiers pays les plus corrompus au monde, selon Amnesty International.

Les généraux qui siphonnent ce qui reste de l'économie au vu et au su de tous ont donc eu raison du président ingénu, peu ancré au contexte socio-économique prévalant dans le pays qu'il a hérité depuis déjà neuf mois.

Ainsi, s'exprimant sur la corruption qui gangrène le pays et qui lui a déjà privé de plusieurs milliards de francs burundais, Evariste Ndayishimiye a étonné plus d'un en annonçant que « les auteurs/acteurs des détournements antérieurs à sa prise de fonction ne seront pas inquiétés sous sa présidence ».

« Votre problème, c'est que vous voulez remuer le passé, au lieu de dire : traçons une ligne pour la tolérance zéro à la corruption, à partir d'aujourd'hui. Parce que si on poursuit ceux qui ont pillé les biens publics au cours des dernières années, on va perdre du temps dans les enquêtes, on ne va plus travailler et le pays va devenir plus pauvre. Aujourd'hui, je dis : "ceux qui ont volé, c'est fait. On va mettre votre cas devant la Commission vérité et réconciliation", parce la population m'a demandé de veiller aux richesses nationales depuis le jour de ma prestation de serment », a déclaré le président burundais.

Son aveu est pour le moins précis et clair. Il est aussi synonyme de l'échec personnel ou de son incapacité à s'attaquer aux généraux, dont le premier ministre Alain Guillaume Bunyoni, qui ont tout pris.

Mais cette déclaration inquiète les militants anti-corruption/malversations économiques qui avaient cru à l'engagement du nouveau président de la République à réprimer les as de la corruption.

L'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), la principale organisation de lutte contre la corruption, a qualifié cet aveu présidentiel de la «consécration de l'impunité».  Selon Gabriel Rufyiri, Président de l'OLUCOME, « la corruption s'est institutionnalisée » pendant les seize années que le CNDD-FDD, parti présidentiel, vient de passer au pouvoir.

« Les lois existent depuis 2006, sous le régime du CNDD-FDD. De plus, Evariste Ndayishimiye est quand même juriste. Il a étudié le droit. L'Olucome ne peut en aucun cas comprendre comment il peut avancer cette thèse. Il y a aussi le principe de la continuité de l'État. Donc, pour nous, c'est vraiment l'impunité qu'il veut consacrer, mais aussi on peut avancer l'hypothèse selon laquelle il a eu peur vis-à-vis des corrompus qui sont devenus plus forts que l'État », a souligné le président de l'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, Gabriel Rufyiri.

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