L'Ombre de Pierre Nkurunziza, Guide suprême du patriotisme plane toujours sur le Burundi
«Le président Nkurunziza n'est plus, comment doit-il rester Guide ? Je pense que cette loi comporte des lacunes. S'il faut penser au patriotisme, il faut penser à tous ceux qui se seraient fait remarquer par leurs actions pour les décorer lors des célébrations de l'indépendance nationale. Je crois qu'il n'y a pas d'acte plus patriotique que le fait de lutter pour l'indépendance du Burundi », a fait remarquer l'honorable Agathon Rwasa.
Près d'une année après son décès surprise, l'ancien président burundais, Pierre Nkurunziza ou son ombre hante encore les institutions.
Aujourd'hui, c'est le pompeux titre de "Guide suprême du patriotisme" que ses laudateurs inconditionnels lui avaient collé (loi du 10 mars 2020), histoire peut-être de l'amadouer pour le faire descendre du piédestal présidentiel sans heurts, qui fait débat, à l'approche de la journée nationale du patriotisme fixée en juillet.
Selon cette loi du 20 mars, Pierre Nkurunziza, unique Guide suprême du patriotisme, devrait personnellement présider les cérémonies marquant la journée nationale dédiée au patriotisme commémorée en juillet.
Or, le Guide suprême du patriotisme il n'est plus. C'est ainsi que l'assemblée nationale s'est saisie, la semaine dernière, de la question et a revisité cette loi pour l'amender et l'adapter au contexte.
Curieusement, le débat était à la fois animé et contradictoire, bien que la chambre basse du parlement soit largement dominée par le parti présidentiel dont Pierre Nkurunziza est issu.
Pour l'opposant historique Agathon Rwasa, le décès de Pierre Nkurunziza l'a déchu de son titre de « Guide ». Selon lui, le titre de Guide suprême du patriotisme est pour le moment inapproprié, d'après la définition même du mot "guide". Mais il reconnaît que le pays a eu des guides, par le passé. Ils méritent d'être décorés, ceux-là, a expliqué le leader du CNL (Congrès national pour la liberté).
«Le président Nkurunziza n'est plus, comment doit-il rester Guide ? Je pense que cette loi comporte des lacunes. S'il faut penser au patriotisme, il faut penser à tous ceux qui se seraient fait remarquer par leurs actions pour les décorer lors des célébrations de l'indépendance nationale. Je crois qu'il n'y a pas d'acte plus patriotique que le fait de lutter pour l'indépendance du Burundi », a fait remarquer l'honorable Agathon Rwasa.
Courroucé par cet avis contradictoire de l'opposant de tous les temps, l'honorable Daniel Gélase Ndabirabe, président de l'assemblée nationale, a longuement loué les hauts faits du président défunt avant de marteler que le titre de Guide suprême du patriotisme lui revient exclusivement.
« Pierre Nkurunziza n'était pas un homme ordinaire. Celui que nous appelons Guide suprême du patriotisme, s'il y avait un autre titre mieux que celui-ci, c'est ce qu'on lui aurait attribué. Malheureusement on n'en a pas trouvé », a conclu Ndabirabe.
Au terme des échanges, il a été proposé que la journée du patriotisme soit célébrée le 8 juin (date anniversaire de la mort de Pierre Nkurunziza) et que les cérémonies soient présidées par Evariste Ndayishimiye, l'actuel président.
