Ndayishimiye tacle, par Rufyiri interposé, trois "as" de la corruption qui minent l'économie burundaise

Selon des observateurs, la sortie médiatique de Gabriel Rufyiri serait téléguidée par le chef de l'Etat Evariste Ndayishimiye qui, incapable de contrôler ces géants du business nourris à la mamelle de son prédécesseur Pierre Nkurunziza, veut les diaboliser aux yeux de l'opinion tout en faisant comme eux. Et pour preuve. A la veille de sa conférence de presse, Rufyiri a été officiellement reçu en audience à la primature et officieusement à la présidence. Au cours des deux rendez-vous inhabituels, il a été félicité pour son courage dans la dénonciation de la corruption

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Burundi Daily
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1.4.2023
Categorie:
Politique

Olivier Suguru, Adrien Ntigacika, Vénérand Kazohera.....voilà, en l'occurrence, trois faucons du parti CNDD-FD qui sucent jusqu'à la lie les maigres économies du Burundi par le truchement de la corruption, évasion fiscale et marchés truqués.

Le pavé dans la marre est lancé par le militant anti-corruption, Gabriel Rufyiri, dans le cadre d'une conférence de presse qu'il a organisée à Bujumbura pour les vouer publiquement aux gémonies. «Dans ce pays il y a une poignée de personnes qui sont plus riches que l'Etat : c'est notamment Olivier Suguru, Adrien Ntigacika alias Ziranotse et Vénérand Kazohera », a déclaré le président de l'OLUCOME.

Ils sont plus riches que l'Etat mais c'est parce que ce dernier leur a illégalement donné le monopole du commerce des engrais chimiques, du carburant et d'autres produits stratégiques dont la commercialisation nécessite une quantité importante de devises.

Selon toujours le président de l'OLUCOME, ce corrompus qui corrompent les signataires des marchés publics sont aussi plus riches que l'Etat parce qu'ils échappent malicieusement aux impôts et taxes au su et au vu pour ne pas dire avec l'aide de l'autorité. « Comment peut-on expliquer que le niveau légal des exonérations qui est fixé à 18 milliards dans le budget soit dépassé à plus de 500% ? » s'est encore interrogé le militant anti-corruption et malversations économiques.

Pour Gabriel Rufyiri, ces trois gros poissons de la finance burundaise contrôlent à eux seul une bonne partie de l'économie du pays.

En passant et d'une manière plutôt superficielle, il ajoute à ce cercle fermé la société PRESTIGE qui a désormais le monopole du commerce du carburant en mode pénurie depuis plus d'une année. «Comment la société PRESTIGE a-t-elle pu gagner le marché du carburant», tonne encore Rufyiri. Visiblement, cet activiste anti-corruption se limite a cette question qui peut paraitre banale, mais il a néanmoins dévoilé une couche du mystère et du secret qui entourent cette nouvelle force dominante dans le domaine du carburant et de l'essence au Burundi.

Ndayishimiye aurait trouvé un allié pour détruire l'ancienne oligarchie bâtie autours de son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza pour constituer la sienne

Selon des observateurs, la sortie médiatique de Gabriel Rufyiri serait téléguidée par le chef de l'Etat Evariste Ndayishimiye qui, incapable de contrôler ces géants du business nourris à la mamelle de son prédécesseur Pierre Nkurunziza, veut les diaboliser aux yeux de l'opinion tout en faisant comme eux.

Et pour preuve. A la veille de sa conférence de presse, Rufyiri a été officiellement reçu en audience à la primature et officieusement à la présidence.

Au cours des deux rendez-vous inhabituels, il a été félicité pour son courage dans la dénonciation de ceux qui pompent illicitement les deniers publics.

Or, comme tout le monde le sait pour qu'une culture de corruption s'érige en mode de gouvernance, l'Etat doit être corrompu à son plus haut sommet.

Ni Adrien Ntigacika, ni Vénérand Kazohera encore moins Olivier Suguru ne sauraient contourner les règles usuelles dans la passation des marchés publics sans concours de l'autorité publique. Certains diront que par peur de ne pas réveiller l'ours qui dort à peine, Rufyiri a stratégiquement évité de pointer son doigt vers le président Ndayishimiye et ses ministres, premiers coupables de cette corruption grossière, qui gangrène le pays.

Antoine Kaburahe, un des journalistes les plus connus au Burundi soutient cette these. Sur son compte twitter, il dit que: «C'est déjà très courageux ce qu'il[Rufyiri] a dit. N'oubliez jamais le contexte dans lequel il évolue

Pour bien d'autres, Rufyiri s'acharne contre des faux coupables. «Son intervention interpelle sur le concept l'imputabilité en effet ! Olivier, Venerand je ne les connais ni d'Adan, ni d'Eve : Sont-ils des autorités d'adjudication des marchés publics ? Si NON, pourquoi Gabriel ne révèle pas les noms de ceux qui attribuent ces marchés ?» s'interroge Ndayishimiye Johnny sur son compte Twitter.

De beaux discours pour créer de l'espace pour ses proches qui sont entrain de s'enrichir illicitement

C'est devenu son "trademark", le président Ndayishimiye sait bien parler. Depuis son arrivée au pouvoir, il ne fait que parler. Derrière sa belle parole, l'action peine à suivre. Sous couverture de cette parole mielleuse, ses proches sont entrain de s'enrichir illicitement.

Tenez. Par un des ses fils interposé, le chef de l'Etat vient d'expulser de leurs propriétés foncières, plus de 300 familles qui exploitaient une vaste propriété de la colline Makaba en commune Bugendana. Ces famille de cette contrée s'étaient associés en diverses organisations coopératives pour y cultiver avocats, ananas, soja, etc. afin de subvenir à leurs besoins.

Le but de l'enfant du président est d'y cultiver de la patate douce dans le cadre de son vaste projet de production du Kijumbu (KIPROMO) pour produire des beignets à base de la patate douce, lesquels seront achetés par la Première Dame (sa mère) pour ravitailler les cantines scolaires à travers le pays. Ce programme de cantines scolaires est financé par plusieurs bailleurs internationaux dont le programme alimentaire mondial, PAM.

Ce n'est pas tout. Navie Quetsia Madeleine Ndayishimiye, une des filles du président Ndayishimiye raflerait tous les marchés juteux sans aucune véritable concurrence. Selon des révélations faites par son entourage, a travers l'association BENE NTARE, une société dénommée Model company, pilotée par cette fille du chef de l'Etat a gagné, en février dernier, un marché de plus de 100 millions de francs burundais (FBU) pour approvisionner les cadres et agents de la Banque Centrale, BRB en T-Shirts.

Comme le dit l'adage populaire, le diable est dans les détails. En convivence avec la direction de la banque centrale, la jeune fille du Chef a déposé plusieurs dossiers d'offres pour faire semblant d'être en compétition. Cependant, elle a simplement oublié qu'elle était l'unique et même soumissionnaire et a mis un seul numéro de téléphone sur chaque dossier. Du pur mensonge cousu du fil blanc. Elle a, malgré tout, gagné le marché mais la mèche a été vendue.

Dans la mesure où ces marchés impliquent systématiquement la fille du chef de l'Etat, d'aucuns y voient l'injonction du couple présidentiel. Autre mèche vendue : la même société appartenant à la même fille du chef de l'Etat burundais a récemment gagné, encore une fois sans compétition, le marché de fournir des repas au personnel de la présidence de la République.

Tout cela laisse penser que l'élan du chef de l'Etat et ses discours récurrents sur les ravages de la corruption dans le pays ne sont que des larmes de crocodiles. Sa stratégie est très limpide, le général Evariste Ndayishimiye veut déstabiliser et puis écarter tous ceux qui, sous le règne du défunt président, Pierre Nkurunziza, ont profité de sa couverture pour amasser avec arrogance des sommes faramineuses dont lui et les nouveaux riches de son camp sont jaloux. Finalement, un pharisien a chassé l'autre. Le citoyen Lambda va continuer à tirer le diable par la queue.

Le femme du président entre dans le jeu de l'enrichissement illicite

Première Dame du Burundi, Angeline Ndayishimiye vient d'embarquer plus de 25 tonnes de riz vers la Guinée Equatoriale. Cette cargaison est partie par un vol depuis l'aéroport de Bujumbura d'un avion de  l'armée équato-guinéenne (immatriculé 3C-TM06). Or, il est interdit aux simple citoyen de vendre sa récolte en dehors de sa commune de résidence et encore moins au delà des frontières du pays.

Au sein de l'opinion nationale, deux idées se télescopent : la première, et de loin plus vraisemblable, est que ce riz donné gracieusement à la Guinée constitue une partie d'un don de riz chinois récemment acquis par Gitega. La Chine a promis une aide alimentaire de 910 tonnes de riz au Burundi dont une partie (plus de 500 tonnes) a été acheminée à Bujumbura la semaine dernière et officiellement rendue à la ministre en charge de la solidarité, Imelde Sabushimike.

La deuxième hypothèse, relayée in extremis par les chantres de la présidence qui chantent et louent pour quémander, veut que ce riz soit une partie de la récolte de la famille présidentielle. Ceux-ci tentent, sans succès,  de faire taire les tenants de la première hypothèse sur le riz chinois qui transite par Bujumbura pour finir  sa course en Guinée.

Mais dans un cas comme dans l'autre, Angéline reste épouvantablement cynique. Car les Burundais ont faim. Le riz est rare sur le marché local et le prix hors portée des bourses moyennes avec plus de 4000 Fbu le kilo. Classé en queue de peloton à l'échelle planétaire en matière de pauvreté  (Banque Mondiale) et frappé par une famine chronique et endémique, le Burundi ne saurait voler au secours d'aucun autre pays du monde.

Dans cette course à l'enrichissement rapide et illicite, le président Ndayishimiye s'est lancé dans la déconstruction du marché du carburant au Burundi. Profitant d'une pénurie causée par un manque criant de devises, la présidence de la République a pris le marché en ses mains et a offert le monopole de l’importation du carburant à la compagnie PRESTIGE, une compagnie qui aurait parmi les actionnaires majoritaires la première dame. Pour garantir et rendre ce monopole opérationnel, le Banque Centrale aurait reçu des ordres de ne donner les devises pour importation du pétrole qu'à PRESTIGE et à la REGIDESO. Cette dernière aurait été recrutée dans cette vente de carburant pour fournir une couverture à PRESTIGE, l'entreprise de la première dame.

Ce discours populiste d'un président qui semble vouloir se cacher derrière une façade de guerrier anti-corruption commence à être remarqué par les partenaires bilatéraux et multilatéraux.

Selon un haut fonctionnaire d'une agence internationale basée à Bujumbura, «le discours officiel au départ [quand le président est arrivé au pouvoir] était positif et portait en lui des germes d'une confiance renouvelée des bailleurs. Malheureusement, aujourd'hui il est évident que la volonté politique manque pour que des actions concrètes se matérialisent dans ce domaine de lutte contre la corruption et la bonne gouvernance en général. Il ne semble pas y avoir une stratégie cohérente ou une politique sérieuse pour accompagner ce discours du président. Il me semble que si le pays veut se tirer de cette précarité causée par le manque de flux d'aides extérieures, une politique et stratégie claires suivies par d'actions concrètes et et des résultats mesurables s'imposent.»

Selon certains observateurs, il semble que Ndayishimiye aurait instrumentalisé Rufyiri pour casser ces rivaux. Tout en faisant ce qu'il a toujours fait avec brio - dénoncer la corruption -, Rufyiri semble être tombé dans le piège d'un homme qui veut voler en cachette en se faisant passer pour un shérif anticorruption.

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