Tragédie de Kibimba : les tutsis, proches des victimes privés de leur droit au recueillement sur le lieu du crime

Le ministre a alors pris la Covid-19 comme prétexte pour interdire aux tutsis de se rendre en masse sur le lieu du crime qui, ironie du sort, est à quelques mètres de la maison familiale du chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye. Ici, la Covid-19 n'est qu'un bon prétexte tout trouvé. La protection des tutsis contre la pandémie reste le cadet des soucis du ministre.

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Burundi Daily
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18.10.2021
Categorie:
Politique

Pour la deuxième année consécutive, le nouveau président burundais, Evariste Ndayishimiye, vient de prouver à la ville et au monde son négationnisme vis-à-vis du violent génocide perpétré en octobre 1993 contre des tutsis du Burundi.

Lui-même ancien rebelle et par conséquent un des acteurs clés et premiers couteaux de la tragédie, le général Evariste Ndayishimiye vient en effet interdire aux tutsis qui le désirent de se rendre au mémorial de Kwibubu à Kibimba, pour leur rituel annuel de prière et de recueillement en mémoires de plusieurs jeunes élèves tutsis du Lycée de Kibimba, sacrifiés à l'autel de la haine ethnique atavique aux hutus et brûlés vifs le 21 octobre 1993 dans la foulée de l'assassinat de l'ancien président, Melchior Ndadaye.

Comme pour noyer le poisson, le Chef de l'Etat, par le biais de son super ministre ayant l'intérieur et la sécurité publique dans ses attributions, le général Gervais Ndirakobuca, alias Ndakugarika (je te tue), permet seulement à une petite équipe de tutsis de se rendre au site de Kibimba pour s'y recueillir, le 21 octobre 2021.

Le ministre a alors pris la Covid-19 comme prétexte pour interdire aux tutsis de se rendre en masse sur le lieu du crime qui, ironie du sort, est à quelques mètres de la maison familiale du chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye.

«Nous avons l'honneur d'accuser réception de votre lettre du 18 août 2021 relative à la commémoration du 28ème anniversaire de la tragédie de Kibimba en date du 21 octobre 2021.... mais la situation actuelle de propagation de Covid-19 s'avère très inquiétante».

Ici, la Covid-19 n'est qu'un bon prétexte tout trouvé.  La protection des tutsis contre la pandémie reste le cadet des soucis du ministre.

Mais dans sa correspondance, le ministre prend sa distance vis-à-vis des victimes tant et si bien qu'il s'érige en hutu et non en une autorité ministérielle soucieuse de l'intérêt de tous les Burundais.

«Nous sommes d'avis,  tout comme vous autres, qu'il est de votre droit le plus légitime de commémorer la mémoire des vôtres». Ici, le recours récurrent à « vous », et «vôtres» illustre la terrible dichotomie entre hutus  et tutsis (« vous » et « nous ») qui ne quitte jamais la conscience de  l'autorité hutue qui tient la manette du pouvoir au Burundi.

Il sied de rappeler, ici, qu'à la même date de l'année dernière, les autorités communales de la commune de Giheta et provinciale de Gitega, avaient interdit aux tutsis de se recueillir sur le même site de Kwibubu.

A cette époque, les raisons invoquées étaient liées à  « la sécurité de ce lieu » qui est sur la colline natale du président Évariste Ndayishimiye, qui y dispose une résidence.

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