Vus à travers le prisme du CNDD-FDD, les opposants ne se valent pas au Burundi

Le diable se trouve dans les détails. Car en même temps que les autorités burundaises vouaient aux gémonies Alexis et François, présentés comme la quintessence de l'opposition tutsie, elles déroulaient un tapis rouge à un certain Jean Bosco , ancien leader de la rébellion CNDD-FDD qui vient de regagner le pays après six ans d'exil. Ainsi, vu du côté des autorités hutues, les opposants ne se valent pas: les hutus peuvent rentrer sans s'inquiéter de rien et se soumettre à une cure de repentance. Mais les tutsis sont des terroristes invétérés.

Par
Burundi Daily
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27.9.2021
Categorie:
Politique

Sur ordre manifeste de ses supérieurs, le procureur général de la République, Sylvestre Nyandwi, a récemment vilipendé Alexis Sinduhije et François Nyamoya, deux leaders du parti d'opposition, MSD, en les accusant d'être commanditaires des attaques à la grenade qui ont récemment semé la terreur dans la ville de Bujumbura et à l'aéroport de la même capitale économique.

Il a également accusé Marguerite Barankitse, alias Maggy, figure de proue de la société civile reconnue pour ses œuvres caritatives et fondatrice de la Maison Shalom. A l'occasion, le procureur a listé d'autres anonymes qu'il a présentés comme une bande de « terroristes ».

Le parti MSD incriminé a rejette ces accusations. Mais le régime maintient l'idée selon laquelle Alexis et ses acolytes reste l'opprobre de la famille que constitue la Nation burundaise.

Mais là comme ailleurs, le diable se trouve dans les détails. Car en même temps que les autorités burundaises vouaient aux gémonies Alexis et François, présentés comme la quintessence de l'opposition tutsie, elles déroulaient un tapis rouge à un certain Jean Bosco Ndayikengurukiye, ancien leader du mouvement CNDD-FDD aujourd'hui au pouvoir qui a regagné le pays il y a environ une semaine après six ans d'exil.

Pour la petite histoire, en tant que président du mouvement CNDD-FDD, Jean Bosco Ndayikengurukiye a personnellement signé deux pogroms mémorables dans le pays : à Buta où il a fauché 40 élèves séminaristes, et à Bugendana où il a mortellement englouti plus de 600 tutsis regroupés dans un camp de déplacés. Plus terroriste que lui, on meurt. Mais Gitega n'en pipe mot.

Aujourd'hui, cet ancien membre du CNARED se présente orgueilleusement comme « Président de l'Alliance Nationale pour le Rétablissement de la Démocratie au Burundi », ANR.

A son arrivée à Bujumbura, son premier tweet en dit long sur l'image qu'il veut donner du Burundi à ceux qui sont encore à l'exil.

« Impressionné par la sérénité observée sur les visages de la population malgré certains actes terroristes observés ces deux derniers jours ». Il est évident que ce tweet a été publié pour faire plaisir à ses anciens co-militants aux commandes du pays aujourd'hui.

Ainsi, vu du côté des autorités hutues, les opposants burundais ne se valent pas. Anicet Niyonkuru, Pancrace Cimpaye, Jérémie Ngendakumana, Jean Bosco Ndayikengurukiye....les hutus peuvent rentrer sans s'inquiéter de rien et se soumettre à une cure de repentance. Mais les tutsis sont des terroristes invétérés.

C'est un peu comme le serpent. Quelle que soit sa bonne intention, on doit le tuer lorsqu'il sort du bois.

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