Avec les 100% des sièges aux communales, le CNDD-FDD sacrifie la démocratie à l'autel de l'aveuglément de ses caciques.
Bien que ce parti ait déjà prouvé son inefficacité en deux décennies de règne, il reste seul maître du jeu. Ses leaders viennent de prendre l'option de barrer la route à la moindre compétition interne ou à l'expression des talents et idées individuels. Le CNDD-FDD ferme désormais l'espace politique à toute véritable concurrence avec d'autres partis.
La CENI a rendu son verdict sur les communales du 5 juin 2025. Dans la totalité des nouvelles communes burundaises, le parti au pouvoir CNDD-FDD a tout pris. 100% des sièges des conseillers communaux lui reviennent. C'était prévisible vu l'implication manifeste et maladroite des Imbonerakure et les stratégies de bourrage d'urnes dénoncées dans les quatre coins du pays même avant le scrutin.
La CENI qui a donné les résultats provisoires des élections communales ce mardi s'apprête à proclamer les résultats des législatives ce mardi. Certainement dans les mêmes proportions. 100% des sièges. Visiblement, l'espace civique est désormais plus fermé que jamais au Burundi. Le débat démocratique ou ce qui en restait est à jamais banni dans le pays.
C'est l'aboutissement d'une vision rampante du CNDD-FDD, mouvement rebelle qui a hérité du pays en 2005 comme parti politique après une décennie de sape et de razzias.
Désormais, il n'y aura aucune voix discordante. Même le parti UPRONA, historique creuset des vice-présidents et d'une poignée de parlementaires inaudibles sort, la queue basse.
Le CNDD-FDD a aussi cloué le bac aux rares formations hutisantes qui croyaient avoir voix au chapitre en l'occurrence le CNL, le FRODEBU ou le CDP.
C'est triste. Comme l'a toujours dit Révérien Ndikuriyo, le Burundi chemine de fait dans un système politique à parti unique. Le CNDD-FDD musèle le peuple qui n'a plus le droit de se choisir librement ses dirigeants. Les libertés individuelles sont sacrifiées.
Bien que ce parti ait déjà prouvé son inefficacité en deux décennies de règne, il reste seul maître du jeu. Ses leaders viennent de prendre l'option de barrer la route à la moindre compétition interne ou à l'expression des talents et idées individuels. Le CNDD-FDD ferme désormais l'espace politique à toute véritable concurrence avec d'autres partis.
Il y avait pourtant d'autres forces de proposition, notamment Agathon Rwasa qui pouvait incarner une alternative réelle lors des élections, comme on l'a vu en 2020. Hélas, le pays va droit au mur. Le parti CNDD-FDD accomplit ce que le mouvement rebelle du même nom n'aura pas achevé : plonger le Burundi au fond du précipice.