Burundi : Les disparitions forcées se multiplient dans l’impunité
La disparition d’Alexis Nimbona, citoyen suédois d’origine burundaise, fait franchir une ligne rouge : le Burundi n’enlève plus seulement ses ressortissants, mais ose désormais s’en prendre à des citoyens protégés par un État étranger. Arrêté à son arrivée à l’aéroport de Bujumbura, brièvement relâché, puis convoqué de nouveau par le SNR, il s’est volatilisé.Avec cette affaire, le scandale devient international. Que restera-t-il de la crédibilité diplomatique du Burundi si ses services de renseignement se comportent en milice criminelle ?
Quand l’État devient le premier prédateur de ses citoyens
Au Burundi, la peur a désormais un visage : celui d’hommes en uniforme, embarquant leurs victimes dans des camionnettes aux vitres teintées, sans mandat ni procès, devant des témoins impuissants. Les disparitions forcées ne sont plus des rumeurs isolées : elles constituent une véritable politique de la terreur.
Trois cas récents illustrent cette dérive brutale : Audace Icoyitungiye, Benjamin Nzambimana et Alexis Nimbona. Trois trajectoires différentes, mais un même mode opératoire : arrestation arbitraire, disparition, silence des autorités.
Audace Icoyitungiye : un enlèvement sous les yeux de son fils
Le 21 septembre 2025, Audace Icoyitungiye, ancien militaire devenu infirmier, a été enlevé en plein jour à Bujumbura. Ses ravisseurs, vêtus de l’uniforme de la police, n’ont pas hésité à agir devant son propre enfant, infligeant à ce dernier un traumatisme indélébile. Comment un État peut-il prétendre protéger ses citoyens alors qu’il sème la terreur jusque dans les familles ?
Benjamin Nzambimana : un policier trahi par sa propre institution
Deux jours plus tôt, c’est un policier en fonction, Benjamin Nzambimana, qui disparaissait. Marié, père de quatre enfants, il est avalé par la machine qu’il servait lui-même. Son cas démontre que personne n’est à l’abri : ni militaires, ni policiers, ni simples civils. L’État se retourne contre ses propres agents, transformant l’appareil sécuritaire en un monstre incontrôlable.
Alexis Nimbona : un citoyen suédois réduit au silence
La disparition d’Alexis Nimbona, citoyen suédois d’origine burundaise, fait franchir une ligne rouge : le Burundi n’enlève plus seulement ses ressortissants, mais ose désormais s’en prendre à des citoyens protégés par un État étranger. Arrêté à son arrivée à l’aéroport de Bujumbura, brièvement relâché, puis convoqué de nouveau par le SNR, il s’est volatilisé.
Avec cette affaire, le scandale devient international. Que restera-t-il de la crédibilité diplomatique du Burundi si ses services de renseignement se comportent en milice criminelle ?
Répression ou chaos ?
Ces disparitions ne sont pas des « bavures » isolées. Elles traduisent soit une stratégie délibérée de répression orchestrée depuis le sommet de l’État, soit une perte totale de contrôle du président Évariste Ndayishimiye sur ses services de sécurité. Dans les deux cas, le constat est accablant : le régime burundais sape lui-même la sécurité nationale et piétine le droit le plus fondamental, celui de ne pas être enlevé et torturé par ceux censés protéger.
L’impunité comme règle
Aucune enquête sérieuse n’est ouverte, aucun responsable n’est inquiété. Les familles sont réduites au silence, contraintes de chercher leurs proches dans les morgues ou de prier pour un retour hypothétique. Le Burundi glisse ainsi vers un État de non-droit, où la disparition forcée devient un outil banal de gouvernement.
Le silence complice doit cesser
Face à cette barbarie d’État, le silence international serait une complicité. Les partenaires du Burundi, en particulier la Suède et l’Union européenne, doivent exiger des comptes. Sans pression extérieure, le pouvoir continuera d’instrumentaliser la peur et la disparition comme armes politiques.
Car un régime qui fait disparaître ses citoyens — militaires, policiers, civils, ou membres de la diaspora — ne protège plus la nation : il la dévore.