Clément Nkurunziza est innocent! : La Kermesse où tout a commencé

La première exclusion d’étudiants du Campus « a été déjouée de justesse grâce à la perspicacité du Recteur Dr. Ir. Pascal Firmin Ndimira et du Vice-Recteur Dr. Athanase Bakunda. » « Ils n’ont rien ménagé, poursuit Iwacu,pour éviter le drame et pour organiser le retour d’étudiants qui, pris de panique et terrorisés par leurs camarades, avaient fui les résidences universitaires.»

Par
Athanase KARAYENGA
on
19.9.2020
Categorie:
Justice
Chronique d'Athanase Karayenga

La Kermesse où tout a commencé

Selon un article publié par le Journal Iwacu en 2013, la tension entre groupes d’étudiants universitaires était déjà perceptible en  février-mars 1994. La première exclusion d’étudiants du Campus « a été déjouée de justesse grâce à la perspicacité du Recteur Dr. Ir. Pascal Firmin Ndimira et du Vice-Recteur Dr. Athanase Bakunda. » « Ils n’ont rien ménagé, poursuit Iwacu,pour éviter le drame et pour organiser le retour d’étudiants qui, pris de panique et terrorisés par leurs camarades, avaient fui les résidences universitaires.»

Pascal Firmin Ndimira quittera la direction de l’Université en octobre 1994 pour devenir Premier Ministre et Athanase Bakunda en mars 1995. Et le drame pour lequel Clément Nkurunziza a été condamné à la perpétuité par une justice burundaise prompte à juger à charge et jamais à décharge, interviendra dans la nuit du 11 au 12 Juin 1995. Alors que, comme il n’a cessé de le clamer, il n’était plus Président de l’Association des Etudiants de Rumuri (ASSER) et qu’il rentrait d’une hospitalisation d’un mois à la Clinique Louis Rwagasore.  

Pascal Firmin Ndimira et Athanase Bakunda auraient sans doute donné un témoignage sur l’honneur précieux. Ils auraient pu indiquer à la Justice  comment le Rectorat de l’Université du Burundi et ASSER avaient collaboré pour calmer la situation au Campus universitaire. Ces deux personnalités auraient révélé également à la Justice le nom du Président d’ASSER qui, à cette époque, participait aux opérations de pacification des Campus. Car il s’agissait de Clément Nkurunziza à qui Athanase Bakunda a laissé un téléphone portable afin qu’il le prévienne en cas de nouvelles tensions entre les étudiants.

Grâce à la collaboration étroite entre Pascal Firmin Ndimira, Athanase Bakunda, Pierre Claver Nzeyimana, Directeur de la Régie des Œuvres Universitaires, et Clément Nkurunziza, Président d’ASSER à cette époque, le sang n’a jamais coulé sur les Campus universitaires. Pierre Claver Nzeyimana sera d’ailleurs nommé Chef de Cabinet du Premier Ministre Ndimira. Il est regrettable que la Justice burundaise n’aie approché aucune de ces autorités académiques qui ont joué un rôle très positif pour baisser la tension entre étudiants universitaires résidant sur les Campus. Un témoignage capital qui aurait certainement disculpé Clément Nkurunziza.

Selon le témoignage de l’homme politique qui a fourni la matière première de cette chronique, les affrontements du 11 au 12 Juin 1995  s’inscrivaient, en fait, dans le contexte plus vaste, d’une vive tension socio-politique générale perceptible dans le pays,dans la ville de Bujumbura mais aussi sur les Campus universitaires. A Bujumbura, en tout état de cause, ces affrontements auraient impliqué des Jeunes natifs de Ngagara dont certains étaient des GEDEBU et d’autres des « Sans Échec & Sans Défaite ». 

Une Kermesse organisée le 11 juin 1995 au Lycée du Saint-Esprit, situé près du campus Kamenge,a servi de déclic à la violence entre étudiants. Cette kermesse rassemblait les Elèves et les Anciens Elèves de ce Lycée. Alain Nyamitwe, l’ancien Ministre des Relations Extérieures,était étudiant en Deuxième Candidature en Langue et Littérature françaises. Il aurait reconnu un « Sans Échec »  venu participer à la Kermesse et aurait envoyé chercher un commando GEDEBU dont un des membres s’appelait Angelo. Lequel Angelo a poignardé le jeune « Sans Échec » avant de prendre la fuite et trouver refuge dans le Campus Kamenge de l’Université du Burundi.

Dans un premier temps, les Jeunes de Ngagara et de Nyakabiga, révoltés par l’agression d’Angelo et souhaitant venger l’un des leurs, auraient été contenus par les Gendarmes.Cependant, ils auraient tout de même réussi à tromper leur vigilance et auraient pénétré dans le Campus de Kamenge en se faisant passer pour des étudiants y résidant.Pendant la nuit, ils auraient assassiné Angelo ainsi que d’autres étudiants identifiés comme agitateurs militants du GEDEBU.  

D’autres Jeunes« Sans Echec » auraient couru chercher Alain Nyamitwe au Lycée du Saint Esprit. Certaines sources, évoquées par l’homme politique qui a fourni la matière première de cette chronique, affirment qu’Alain Nyamitwe aurait lui-même tiré au pistolet sur deux jeunes « Sans Echec ». Sans doute pour son autodéfense. Avant de chercher refuge chez les Professeurs au Lycée du Saint Esprit, un prestigieux établissement des Pères Jésuites. Alain Nyamitwe aurait quand même été arrêté et aurait été incarcéré pendant plus de trois  mois à la prison de Mpimba. Quand il a été libéré, comme il le révèle dans son livre intitulé « J'ai échappé aux massacres à l'UB », l’Ambassade de Belgique au Burundi l’aurait aidé pour fuir et quitter le Burundi. Cependant, Alain Nyamitwe indique dans son livre qu’il a été plutôt victime des violences de Juin 1995 et qu’il aurait sur intervention du Dr Alphonse Rugambarara, un Chef d’un parti politique influent à l’époque des faits.

Pourquoi la Justice burundaise n’a-t-elle pas sollicité Alain Nyamitwe, devenu un homme politique important, afin qu’il témoigne sur l’honneur et éclaire les Juges sur les événements tragiques de cette nuit du 11 au 12 Juin 1995 ? Cette déposition, qui aurait pu être versée dans le dossier à charge ou à décharge,contre ou en faveur de Clément Nkurunziza, aurait été d’autant plus importante qu’Alain Nyamitwe est membre de la puissante Association ZIRIKANA UB-95 agréée depuis peu par le Ministère de l’Intérieur. Cette association regroupe des personnalités de premier plan car occupant des postes de haute responsabilité à la Présidence de la République, au Gouvernement, dans les Forces de l’Ordre,(Armée, Police et Service National des Renseignements (SNR) et, last but not least, au Ministère de la Justice.

Pierre Nkurunziza faisait partie de ZIRIKANA UB-95 jusqu’à son décès inopiné. Les Généraux Evariste Ndayishimiye, Alain-Guillaume Bunyoni, Prime Niyongabo, Joseph Nkurunziza, Étienne Ntakarutimana mais aussi Sylvestre Nyandwi, Procureur Général de la République,sont également membres de ZIRIKANA UB-95. Alain Nyamitwe et son frère Willy Nyamitwe, Conseiller Principal en Communication à la Présidence de la République, font également partie de ce noyau très fermé qui domine toutes lesinstitutions de la République. L’Association ZIRIKANA UB-95 est constituée principalement de rescapés des assassinats perpétrés dans la nuit tragique du 11 au 12 Juin1995.  Elle  vient de faire ériger, dans les enceintes du Rectorat de l’Université du Burundi, un monument en mémoire des seules victimesHutu des massacres d’étudiants en juin 1995.

Evidemment, aucune de ces personnalités n’a été sollicitée par le Justice burundaise afin de faire une déposition sur l’honneur et éclairer les juges sur la responsabilité supposée de Clément Nkurunziza dans l’organisation des massacres des étudiants en tant que Président de l’ASSER. Et pour cause, le Procureur de la République qui aurait dû veiller à l’équilibre et à l’équité du processus judiciaire est, en quelque sorte, juge et partie dans cette affaire. Le système judiciaire burundais en ce qui concerne l’affaire Clément Nkurunziza est ainsi verrouillé par lui. Car, il est partie prenante dans le jugement et la condamnation inique de Clément Nkurunziza. Une justice totalement biaisée en somme !

 

Monument érigé dans les enceintes du Rectorat de l’Université du Burundi en mémoire des étudiants Hutu tués le 11 et 12 Juin 1995

Pour reprendre le fil des violences entre Jeunes de quartiers de Bujumbura qui ont dégénéré en meurtres d’étudiants Hutu et Tutsi sur les Campus de l’Université du Burundi, la situation était devenue volcanique sur les deux Campus de Mutanga et de Kamenge en particulier.Des sources fiables indiquent que même le Ministre de l’Enseignement Supérieur de l’époque, Liboire Ngendahayo, surnommé Mantureka, serait lui-même  venu évacuer un neveu. Tellement la situation était explosive. D’autres sources indiquent que le Secrétaire d'État à la Sécurité Publique de l’époque, Issa Ngendakumana, se serait rendu sur les lieux des affrontements et aurait transporté une partie du commando des étudiants. Cependant,ces sources ne précisent pas s’il aurait transporté un commando  d’étudiants Hutu ou Tutsi et l’aurait déplacé de tel Campus vers tel autre Campus.  

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