Disparition du journaliste Jean Bigirimana : Le silence des autorités burundaises est trop assourdissant, 5 ans après

Selon des témoignages concordants, Jean Bigirimana est bien arrivé à Muramvya où plusieurs témoins disent l'avoir vu se faire arrêter par le Service national du renseignement burundais, (SNR). Des policiers de Muramvya interrogés ont aussi témoigné avoir vu le journaliste être jeté, ligoté, à l'arrière d'un véhicule dans lequel se trouvait le responsable du SNR de Muramvya. Dans un premier temps, le SNR a d'ailleurs reconnu détenir le journaliste, avant de revenir sur cette déclaration.

Par
Burundi Daily
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24.7.2021
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Justice

Le Journal IWACU, la famille et les amis du journaliste Jean Bigirimana, sont toujours dans l'attente d'éventuels résultats de l'enquête sur sa disparition, 5 ans après son enlèvement par des agents du Service burundais des renseignements dans la localité de Bugarama, en province de Muramvya.

Bien que les autorités burundaises aient annoncé le début de l'enquête dès août 2016, rien n'avance. Le silence qui entoure ce dossier emblématique est trop assourdissant.

Comme pour des milliers d'autres Burundais fauchés par la police présidentielle missionnée par l'ancien Président Pierre Nkurunziza subjugué par le 3ème mandat, l'assassinat de Jean Bigirimana simulé en disparition ne fait plus l'ombre de doute.

Le récit des faits révélé, peu après, par le Journal IWACU est sans équivoque : le matin du 22 juillet 2016, le journaliste avait quitté son domicile de Bujumbura pour rencontrer un contact à Bugarama. Il est parti en disant à sa femme qu'il rentrerait déjeuner. Elle ne l'a jamais revu.

Selon des témoignages concordants, Jean Bigirimana est bien arrivé à Muramvya où plusieurs témoins disent l'avoir vu se faire arrêter par le Service national du renseignement burundais, (SNR).

Des policiers de Muramvya interrogés ont aussi témoigné avoir vu le journaliste être jeté, ligoté, à l'arrière d'un véhicule dans lequel se trouvait le responsable du SNR de Muramvya. Dans un premier temps, le SNR a d'ailleurs reconnu détenir le journaliste, avant de revenir sur cette déclaration.

Dans leurs tentatives de retrouver leur collègue, les journalistes d'IWACU ont découvert deux corps dans le ravin d'une rivière, gorgés d'eau. L'un d'eux était décapité.

Convoquée pour identifier les corps, l'épouse du journaliste s'est retrouvée seule et entourée de policiers dans une pièce où on lui a demandé de reconnaître un corps dénudé et sans tête. Bouleversée, elle a tenté de reconnaître les pieds d'un cadavre qui avait passé plusieurs jours dans l'eau, sans y parvenir. Les corps ont ensuite été rapidement enterrés, sans test ADN ni autres expertises préalables.

Le journal Iwacu s'est constitué partie civile et a porté plainte contre X en août 2016.

La pression publique a finalement contraint les autorités à réagir. En août 2016, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye annonce sur Twitter, l'ouverture d'une enquête auprès du Parquet de Muramvya. Cependant, depuis cette brève annonce, rien ne montre qu'une enquête soit effectivement en cours. Selon des sources bien informées, ni les collègues du journaliste, ni les témoins oculaires de l'arrestation n'ont été entendus par la police.

Comme Jean Bigirimana, plusieurs autres citoyens burundais sont toujours dans la gueule du régime CNDD-FDD, lequel vante aujourd'hui la paix retrouvée avec l'évènement du général Evariste Ndayishimiye.

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