Une prise d’otage à l’aéroport: des agences de recrutement au cœur d’un cartel mafieux
Ce qui pourrait sembler un simple incident administratif cache en réalité un système de type cartel : ces agences imposent un monopole absolu sur l’accès à l’emploi à l’étranger. Aucun Burundais ne peut prétendre travailler à Dubaï sans passer par elles. C’est une stratégie mafieuse de contrôle du marché du travail migrant : éliminer toute concurrence, fixer les prix à leur guise et soumettre les jeunes à un racket institutionnalisé.
Dubaï, un marché verrouillé par un réseau mafieux burundais: les agences de recrutement au cœur d'un cartel mafieux. Vingt jeunes Burundais en quête d’avenir ont été empêchés d’embarquer à l’aéroport Melchior Ndadaye de Bujumbura. Munis de contrats de travail, de visas et de billets d’avion, ils se rendaient à Dubaï pour débuter un emploi légalement obtenu. Mais leur rêve s’est brisé net : quatre individus en civil, sans mandat officiel, ont intercepté leurs documents et décrété que le voyage était annulé. Leur seul « crime » ? Ne pas avoir transité par des agences de recrutement dites « agréées ».
Ce qui pourrait sembler un simple incident administratif cache en réalité un système de type cartel : ces agences imposent un monopole absolu sur l’accès à l’emploi à l’étranger. Aucun Burundais ne peut prétendre travailler à Dubaï sans passer par elles. C’est une stratégie mafieuse de contrôle du marché du travail migrant : éliminer toute concurrence, fixer les prix à leur guise et soumettre les jeunes à un racket institutionnalisé.
Une prise d’otage à l’aéroport
Les méthodes utilisées rappellent les pratiques criminelles :
- Confiscation arbitraire de documents légaux ;
- Interrogatoires abusifs par des civils sans compétence légale ;
- Blocage délibéré des passagers jusqu’à ce que l’avion parte ;
Ces vingt jeunes ont été retenus de force, empêchés d’user de leur droit à circuler librement, alors qu’ils étaient en règle. Cela relève clairement d’une prise d’otage : séquestrer des voyageurs et les priver de leur liberté de mouvement en dehors de tout cadre légal.
Un État absent, un commandement impuissant
L’épisode met aussi en lumière l’effondrement de l’État de droit. Le commandant de la police de l’aéroport, censé garantir la sécurité et la fluidité des passagers, s’est retrouvé réduit à l’impuissance. Incapable de protéger les voyageurs, il a fini par « jeter l’éponge », admettant à demi-mot son incapacité à agir.
Comment un responsable chargé de la sécurité aéroportuaire peut-il tolérer qu’un groupe d’hommes en civil dicte sa loi sur le tarmac ? Comment le commandement de l’aéroport peut-il se défausser de sa mission régalienne de protection des voyageurs ? Cette passivité traduit une complicité tacite ou une peur d’affronter un système devenu plus fort que l’État lui-même.
Un système mafieux au sommet
Tout concourt à démontrer que le Burundi est désormais gouverné par une logique mafieuse : Un cartel d’agences capte l’ensemble du marché de l’emploi à l’étranger, des individus sans légitimité imposent leur loi à l’aéroport, les institutions de l’État se taisent, ou prétendent ignorer la situation, et comme résultat: une jeunesse, déjà désespérée, est rackettée, humiliée et privée de son avenir.
Comme le souligne Faustin Ndikumana de Parcem, empêcher ces jeunes de voyager légalement constitue une violation flagrante des droits les plus fondamentaux. Derrière le discours officiel de « protection » se cache en réalité une stratégie de prédation et de corruption.
Un crime contre la jeunesse
Oser fermer les portes de l’emploi à des jeunes qui se battent pour sortir de la misère, c’est un crime social. C’est entretenir un climat d’oppression et de désespoir. Laisser prospérer un tel système, c’est institutionnaliser l’injustice et livrer la jeunesse burundaise à des mafias d’État.
Ce scandale n’est pas un simple incident à l’aéroport : c’est le révélateur d’un État capturé par des intérêts privés, où la loi du cartel supplante la loi de la République. Si le président Évariste Ndayishimiye détient réellement le pouvoir, il doit instruire ses services pour identifier et tracer ces individus, exiger qu’ils remboursent immédiatement les billets de ces 20 jeunes et les traduire en justice pour crime de prise d’otage. Faute de quoi, le silence et l’inaction confirmeraient que le pays est bel et bien dirigé par un système mafieux.