Affaire Christophe Sahabo : Evariste Ndayishimiye franchit le Rubicon, fait coffrer l'avocat de la défense.

Avec ces arrestations en cascade, les masques viennent de tomber. Le roi est nu. L'affaire Christophe Sahabo est d'abord et avant tout une décision du chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye. Et pour preuve; au lendemain de la mise en détention du Dr Sahabo à la prison centrale de Mpimba où il moisit toujours, le chef de l'Etat burundais a personnellement déclaré qu'il avait ordonné son arrestation parce qu'il avait chaotiquement géré l'hôpital et menaçait, du coup, les intérêts du pays.

Par
Burundi Daily
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29.9.2022
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Economie

Avec les derniers rebondissements dans l'Affaire Christophe Sahabo, ancien directeur général de Kira-Hospital en détention depuis près de six mois, les Burundais et la planète entière assistent, médusés, à un horrible spectacle gratuit : l'arrestation et l'emprisonnement de l'avocat de la défense, en l'occurrence Maître Sandra Ndayizeye. Elle a été cueillie ce mardi par la police, peu après, l'arrestation d'un certain Etienne Sahabo, jeune frère du docteur Christophe Sahabo.

En ordonnant la mise au noir de Me Sandra Ndayizeye, avocate du docteur Christophe Sahabo et fille de l'ancien président Domitien Ndayizeye, le président burundais lance un signal fort à tous ceux qui tenteraient de brandir la justice pour entraver le projet des faucons du régime CNDD-FDD de faire mains basses sur Kira Hospital, unique fleuron du paysage hospitalier du Burundi.

Aujourd'hui, les médias font choux gras du cas Sandra. Les plus culottés risquent des papiers osés pour annoncer l'interrogatoire d'Alfred Museremu, l'acteur de l'ombre qui fait tomber au propre comme au figuré les proies désignées d'un régime dont les acteurs clés s'attachent au gain personnel et immédiat. Les raisons de l'interrogatoire de celui qui jusque récemment était le directeur de la sureté intérieure ne sont jusqu'ci pas connues.

Avec ces arrestations en cascade, les masques viennent de tomber. Le roi est nu. L'affaire Christophe Sahabo est d'abord et avant tout une décision du chef de l'Etat, Evariste Ndayishimiye. Et pour preuve; au lendemain de la mise en détention du Dr Sahabo à la prison centrale de Mpimba où il moisit toujours, le chef de l'Etat burundais a personnellement déclaré qu'il avait ordonné son arrestation parce qu'il avait chaotiquement géré l'hôpital et menaçait, du coup, les intérêts du pays. Cependant, ni le président de la république, ni ses hommes, personne n'a jusqu'ici expliquer comment une affaire-si affaire il y a- civile se retrouve du coup dans le domaine du criminel.

D'autres avancent comme motif d'emprisonnement du Docteur, un différend entre les actionnaires quant au montants investis par chaque actionnaire. Mais là aussi, l'interrogation des lois burundaises montre qu'un tel différend relève du civil et non du criminel.

Inutile de chercher midi à quatorze heures.  Evariste Ndayishimiye a ordonné l'arrestation de Christophe Sahabo et le maintien en prison malgré le concert de protestation de l'actionnaire majoritaire en l'occurrence Suiss Med International.

Il vient d'en rajouter une couche en ordonnant l'arrestation de son avocat.

Cette honteuse décision de faire reculer le Burundi de plusieurs points sur l'échelle de l'Etat de droit. L'Union européenne et d'autres partenaires bilatéraux et multilatéraux du Burundi sont sans doute entrain de prendre notes et, in fine, devraient moyenner leur optimisme béat quant aux avancées du Burundi sur le terrain des droits de l'homme, et de fait quant à l'ouverture d'esprit du Président Evariste Ndayishimiye.

Un pays où l'avocat n'a plus son « immunité de robe », un privilège essentiel qui permet à la défense de pouvoir s'exercer pleinement sans crainte de représailles, n'est ni plus ni moins qu'un Etat voyou.

Par ces actions le gouvernement de Gitega vient d'envoyer un message clair: Gare à ceux qui rongeaient leurs freins pour initier d'autres entreprises privées au Burundi. Les faucons du régime vont tout engouffrer et aucun avocat ne va plus risquer sa peau pour les défendre.

Les hommes d'affaires au Burundi, victime d'un régime qui veut contrôler tout au pays

La mise au noir du Dr Sahabo, qui aurait d'ailleurs échappé à une tentative d'assassinat par le simple fait qu'il était en compagnie d'un Français, rappelle de nombreux assassinats, disparitions forcées et autres crimes contre des hommes d'affaires, broyés par le rouleau mafieux d'un régime militarisé et violent. Ce qui est surprenant, c'est que dans presque tous les cas connus d'arrestation, emprisonnement, disparition force ou assassinat des homme d'affaire, le fameux service secret burundais est indexe comme auteur. Rappelons que ce service est géré directement par la présidence de la république dont il constitue un des départements.

Pour illuster ce fleau d'assassinat et dispartions forcees contres des homme d'affaires, passont en revue quelques cas tres bien documentees par NDONDEZA, une campagne qui a pour objectif de recueillir des communications des familles sur les disparitions forcées des leurs, et documenter tous ces cas, les rendre publics et les communiquer aux institutions et organes intéressés.

Christian Ndizeye

Christian Ndizeye

Au mois de juillet de l'année passée un jeune homme d'affaire du nom de Christian Ndizeye fut arrêté alors qu'il partageait un verre avec des amis au restaurant le Calvados de Bujumbura. Ceux qui étaient au restaurant avec lui ont bien reconnu des agents du renseignement militaire. Depuis son arrestation, il reste introuvable. Selon NDONDEZA, Christian et ses amis venaient de gagner un marché de 1.2 milliards à la REGIDESO, un marché convoité par de hautes autorités du pays.

Thierry Kubwimana

Thierry Kubwimana

Un homme d'affaires qui évoluait dans le domaine des minerais, il est attaqué et blessé chez lui à Gasekebuye par des éléments du service national de renseignement. Il sera prononce mort des son arrivée a l'hôpital. Pour essayer de dérouter les enquêtes et dissimuler la vraie identité de ses assassins, la police se précipite pour arrêter sa jeune femme qui venait de mettre au monde. Elle fera quelques mois en prison.

Jackson Ndikuriyo

Jackson Ndikuriyo

Connu sous son surnom de Kirahwata, ce célèbre cambiste dans la ville de Bujumbura a été enlevé au mois de mai 2020 par des agents du SNR alors qu'il sortait d'un sauna en plein centre ville de Bujumbura. Son corps sans vie sera retrouvé le lendemain dans un caniveau dans un quartier populaire, non loin du centre ville. Pour ce qui le connaissent, il se dit qu'il était très proche du parti au pouvoir le CNDD-FDD et des généraux qui contrôlent le pouvoir, pour avoir été leur financiers lors de leur passage au maquis.

Théodosie Ahishakiye et Rehema Kaneza

Théodosie Ahishakiye et Rehema Kaneza

Le rouleau broyeur du régime CNDD-FDD ne vise que des hommes . Théodosie et Rehema étaient un duo de femmes qui étaient très actives dans le monde des affaires au Burundi., ces deux braves femmes ont été enlevées en au début de 2018 par des agents du SNR en plein centre ville de Bujumbura. Elles restent depuis introuvables et aucune suite judiciaire n'a été faite.

Voila l'état du "doing business" au Burundi.

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