La CNTB frappe à Ngagara : deux sites de lycées chers aux anciens réfugiés rwandais remis à l'Etat burundais

Dans la zone urbaine de Ngagara, au nord de Bujumbura, deux vastes terrains abritant respectivement le Lycée central Saint Gabriel et le Lycée de l'amitié (ex lycée Saint Albert) doivent être publiquement rétrocédés à l'Etat burundais.Ces deux sites avaient été attribués par l'Etat aux réfugiés rwandais ayant pris refuge au Burundi en fuyant le génocide perpétré contre les tutsis par le régime hutu.La diaspora rwandaise du Burundi y avait alors érigé deux lycées indépendants (privés).

Par
Burundi Daily
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13.8.2021
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Gouvernance

La Commission nationale des terres et autres biens (CNTB) s'attelle énergiquement à rapatrier les terrains domaniaux injustement squattés par  des particuliers, qu'ils soient nationaux ou étrangers.

Dans la zone urbaine de Ngagara, au nord de Bujumbura, deux vastes terrains abritant respectivement le Lycée central Saint Gabriel et le Lycée de l'amitié (ex lycée Saint Albert) doivent être publiquement rétrocédés à l'Etat burundais.

Ces deux sites avaient été attribués par l'Etat aux réfugiés rwandais ayant pris refuge au Burundi en fuyant le génocide perpétré contre les tutsis par le régime hutu.

La diaspora rwandaise du Burundi y avait alors érigé deux lycées indépendants (privés).

Dans la foulée de la prise de Kigali par le FPR-Inkotanyi en 1994, les Rwandais ont regagné leurs pénates et les deux lycées ont été cédés aux particuliers burundais qui les exploitent depuis lors dans un cadre associatif organisé.

Maintenant que la CNTB s'en mêle pour les expulser, d'aucuns s'interrogent sur son intention réelle. Intervient-elle pour réhabiliter l'Etat ou pour foutre en l'air le projet scolaire de ceux qui ont investi dans ces écoles après le départ des Rwandais ? Ça va se savoir. Mais si, demain, l'Etat fermait les lycées privés pour en faire des lycées publics, le chômage serait garanti pour plusieurs enseignants et autres membres des staffs, tutsis pour la plupart cela va sans dire, qui y gagnent leur pain au quotidien.

Enfin, sur le fond, il y a lieu de se demander si l'Etat avait réellement besoin d'un rappel de la CNTB pour savoir que les deux sites lui reviennent, de droit.

Car cette Commission qui émane de l'Accord d'Arusha (violé avec fracas par le régime CNDD-FDD) est censée réhabiliter les sinistrés qui ont fui le pays suite aux  crises cycliques qui ont historiquement endeuillé le pays.

Au regard de la loi qui la régit, la CNTB a notamment la mission de (i) connaître toutes les affaires lui soumises par les sinistrés en vue de recouvrer leur patrimoine ; (ii) fournir une assistance technique pour aider les sinistrés à rentrer dans leurs propriétés; (iii) proposer au Ministre compétent, l'attribution de nouvelles terres aux sinistrés qui n'en ont pas. Le Ministre compétent doit s'assurer que les propositions d'attribution lui faites par la commission sont diligemment exécutées, et dans tous les cas sans dépasser un mois à partir de la date de leur réception ; etc.

Dans ces conditions, il y a lieu de se demander si l'Etat burundais se range du côté des « sinistrés ».  L'Etat n'a jamais fui, à aucun moment de son histoire.

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