L’ancien président de la CVR décède le jour où l’actuel présente un rapport qui divise
Monseigneur Jean Louis Nahimana, ancien président de la Commission Vérité/Réconciliation au Burundi (CVR) a tiré sa révérence ce jeudi au moment même où le parlement réuni en congrès recevait le rapport annuel de cette Commission, pour l’exercice 2020.
Est-ce une pure coïncidence de voir mourir ce brillant défenseur de la réconciliation des Burundais et de la jouissance, pour tous, des droits civils et politiques constitutionnels, le jour même où députés et sénateurs glosent sur un rapport de la CVR qui criminalise des Tutsis et victimise des hutus.
Rien n’est moins sûr.
Autre coïncidence non moins effarante, ce partisan de la paix rejoint l’au-delà en même temps que Jérome Ndiho, cacique du CNDD-FDD au pouvoir, tué dans un accident de roule à Bujumbura.
Militant percutant du CNDD—FDD, il est connu pour avoir revendiqué, au nom de la rébellion pour laquelle il carburait, le pogrom de Buta, où plusieurs dizaines de jeunes séminaristes hutus et tutsis ont été mitraillés.
Dans tous les cas, la mort de Monseigneur Jean Louis laisse sans voix plus d’un. Elle a été annoncée via un court tweet par l’Archidiocèse de Bujumbura : « Monseigneur Jean Louis Nahimana, 56ans de vie dont 28 au service du Christ comme prêtre, Curé de la Paroisse Sainte Famille de Kinama, vient de s'en retourner vers le Père ».
Contrairement à son successeur, Pierre Claver Ndayicariye qui s’est assigné une mission d’attiser l’aversion ethnique entre hutus et tutsis, Monseigneur Jean Louis Nahimana était très apprécié par tous.
Les défenseurs des droits humains regrettent sa disparition : « Je suis fort attristé par la mort de Monseigneur Jean Louis, le Burundi perd un homme de cœur, d'humanité et de vérité », a déclaré Vital Nshimirimana, Président du Forum pour le renforcement des organisations de la société civile, FORSC. « C'est avec tristesse que je viens d'apprendre le décès de Monseigneur Jean-Louis Nahimana. Ainsi disait Mgr Jean-Louis Nahimana le 1er septembre 2020 : Au Burundi depuis 1965, tous les 3-4 ans il se passe des choses horribles. (...) Nous avons besoin d'une nouvelle élite, une élite clairvoyante, une élite éprise de paix », réagit Pacifique Nininahazwe, une autre figure de la société civile burundaise en exil.
Né à Rennes (France) en 1964, l’ancien président de la CVR était détenteur d’un master de recherche en théologie dogmatique et fondamentale de l’Institut catholique de Paris.
Après son ordination sacerdotale en 1992, il a occupé plusieurs fonctions au sein de l’Eglise catholique du Burundi. Plusieurs fois, curé des paroisses Muramvya, Nyakabiga, cathédrale Regina Mundi, Esprit de sagesse, Sainte famille de Kinama, il sera promu au poste de Vicaire Général de l’archidiocèse de Bujumbura de 2005 à 2009. Après, Mgr Nahimana occupera le poste de secrétaire exécutif de la Commission Episcopale Justice et Paix jusqu’en 2014 après un séjour de 4 ans pour les études en France.
